L’Instant éternel/Dédié à ses yeux

E. Sansot et Cie (p. 187).


DÉDIE À SES YEUX


Comme les yeux de ceux que nous aimons sont beaux !…
Nous les voyons bien mieux, encore, dans l’absence,
Ils s’entr’ouvrent, si doux, au milieu du silence,
Ils semblent contenir plus de ciel que les eaux…
Comme les yeux de ceux que nous aimons sont beaux !…

Parfois, nous les voyons chargés de longue peine,
Nous voudrions les baiser au milieu de leurs pleurs.
Nous voudrions savourer le goût de leurs douleurs,
Qu’ils sont vrais de porter tant de tristesse humaine !…
Nous voudrions les baiser au milieu de leurs pleurs…

Et si l’on ne doit pas les revoir sur la terre,
Ces beaux grands yeux vivants, pour souffrir en repos,
On aime mieux, alors, les imaginer clos,
Fermés sur de la mort, fermés sur du mystère…
Comme les yeux de ceux que nous aimons sont beaux !…