Ch. Vimont (p. 119--).



CHAPITRE XVI.


Julien ne put réussir ; l’opposition ne sut pas l’entendre. Laissé libre par sa province, il n’avait qu’à choisir pour lui-même la marche qu’il devait suivre.

« Je voterai contre le bill, dit-il tendrement à l’Indienne, je quitterai les affaires, et je serai tout à vous.

— Nous irons dans l’Inde chercher le Bengale, dont vous étiez curieux, » dit-elle avec douceur.

Mais Julien sourit et secoua la tête. Les rivages de Bombay, le soleil de l’Inde et sa maîtresse, ne valaient pas ces mortelles inquiétudes où il se consumait.

« L’homme du nord est né pour souffrir, dit Anna ; vous préférez ces affaires à notre ciel bienfaisant et à l’amour. Vous me faites comprendre l’histoire des Indes : dans un beau pays on n’est pas subjugué par des intérêts si positifs. Nous laissons nos prêtres nous gouverner et nous instruire par des allégories : les eaux du Gange, où la loi divine nous ordonnait de nous plonger chaque jour, nous enseignaient la pureté de l’âme ; la fécondité de la terre, représentée par nos fleurs et notre cactus sacré, nous apprenait qu’il fallait être épouses et mères chastes, et nous ne craignions pas de boire à cette coupe d’ivresse que notre dieu, dans ses méditations, ne refusa pas des mains de sa suprême épouse. »