L’Encyclopédie/1re édition/Tome 2/Avertissement

AVERTISSEMENT


DES


EDITEURS.


La reconnoissance & l’équité nous obligent à commencer cet Avertissement par annoncer les Savans qui ont bien voulu concourir à la composition de ce second Volume & des suivans.

Nous ne pouvons trop nous hâter de publier que M. de Buffon nous a donné pour un des Volumes qui suivront celui-ci l’article Nature ; article d’autant plus important, qu’il a pour objet un terme assez vague, souvent employé, mais bien peu défini, dont les Philosophes même n’abusent que trop, & qui demande, pour être développé & présenté sous ses différentes faces, toute la sagacité, la justesse, & l’élévation que M. de Buffon fait paroître dans les sujets qu’il traite.

M. le Chevalier de Jaucourt, que la douceur de son commerce & la variété de ses connoissances ont rendu cher à tous les gens de Lettres, & qui s’applique avec un succès distingué à la Physique & à l’Histoire Naturelle, nous a communiqué des articles nombreux, étendus, & faits avec tout le soin possible. On en trouvera plusieurs dans ce Volume, & nous avons eu soin de les désigner par le nom de leur Auteur. Ces articles sont les débris précieux d’un Ouvrage immense, qui a péri dans un naufrage, & dont il n’a pas voulu que les restes fussent inutiles à sa patrie.

M. de Mondorge, généralement estimé par la finesse de son goût, & par son amour éclairé pour les Lettres & pour les Beaux-Arts, a donné sur la Gravûre en couleur, un Mémoire important, dont on fera usage à l’article Gravure.

M. Venel, dont nous avons parlé avec éloge dans le Discours Préliminaire, & qui nous avoit déjà communiqué plusieurs éclaircissemens utiles, ne s’est pas borné à ce travail ; il a bien voulu se charger d’un grand nombre d’articles, à la fin desquels on verra son nom, & dont quelques-uns se trouvent déjà dans ce Volume.

M. l’Abbé de Sauvages, de la Société royale des Sciences de Montpellier, auteur de plusieurs excellens Mémoires, imprimés dans le recueil de l’Académie des Sciences de Paris, a fourni un morceau curieux sur les Toiles peintes, & un autre sur le Sel de marais.

Mais nous devons sur-tout beaucoup à une Personne, dont l’Allemand est la Langue maternelle, & qui est très-versée dans les matieres de Minéralogie, de Métallurgie, & de Physique ; elle nous a donné sur ces différens objets une multitude prodigieuse d’articles, dont on trouvera déjà une quantité considérable dans ce second Volume. Ces articles sont extraits des meilleurs ouvrages Allemands sur la Chimie, que la Personne dont nous parlons a bien voulu nous communiquer. On sait combien l’Allemagne est riche en ce genre ; & nous osons en conséquence assûrer que notre Ouvrage contiendra sur une si vaste matiere un grand nombre de choses intéressantes & nouvelles, qu’on chercheroit en vain dans nos livres François.

Ce Savant ne s’est pas contenté de nous rendre un si grand service. Il nous a fourni encore plusieurs articles sur d’autres matieres : mais il a exigé que son nom demeurât inconnu ; c’est ce qui nous empêche de faire connoître au Public le nom de ce Philosophe citoyen, qui cultive les Sciences sans intérêt, sans ambition, & sans bruit ; & qui, content du plaisir d’être utile, n’aspire pas même à la gloire si légitime de le paroître.

Les seules critiques auxquelles nous nous croyons obligés de répondre dans cet Ouvrage, consistent dans les plaintes de quelques personnes à qui on n’aura pas rendu justice. Nous tâcherons d’y satisfaire d’une maniere digne d’elles & de nous ; & nous commencerons aujourd’hui par M. Vaucanson. Cet illustre Académicien, célébré dans l’Encyclopédie aux articles Automate & Androide, comme les hommes supérieurs le doivent être, s’est plaint avec raison de l’article Asple, dans lequel on a fait sur un simple oui-dire une exposition infidele & peu favorable d’une très-belle machine de son invention, dont il a publié la description depuis, & dont on a paru vouloir partager la découverte, quoique sans aucune intention de la partager en effet, mais par un simple mal-entendu qu’il importe peu de détailler ici. La confiance avec laquelle M. Vaucanson a bien voulu s’adresser à nous, a été reçûe de notre part avec tous les égards que l’on doit aux vrais talens ; il nous a paru aussi satisfait de nos procédés, que nous l’avons été des siens ; & nous sommes convenus de réformer cet article, & de distribuer avec le second volume la feuille corrigée. M. Vaucanson a fait plus : il a bien voulu nous avertir de quelques erreurs où l’on est tombé dans ce même article, en suivant à la lettre le réglement de Piémont, qui passe néanmoins pour le meilleur qu’il y ait en son genre ; & ces erreurs seront rectifiées par la même occasion dans la nouvelle feuille.

On a attribué par méprise dans le Discours Préliminaire la derniere édition de Daviler à M. Blondel ; il n’est Auteur que des Planches. L’édition est d’un homme de Lettres très-connu par son goût & par ses lumieres, M. Mariette, dont le Traité des Pierres gravées a été si bien reçû du Public.

On ne doit point perdre de vûe en lisant cet Ouvrage, 1o. que chacun des Auteurs répond de ses articles, & ne répond que des siens : c’est pour cela qu’on a designé ceux de chacun par une marque distinctive ; 2o. que l’Encyclopédie, quoiqu’elle renferme certainement, & de l’aveu de tout le monde, un très-grand nombre de choses qui lui sont propres, ne peut & ne doit être néanmoins dans sa plus grande partie, qu’un recueil de ce qui se trouve ailleurs. Plusieurs de ceux qui ont travaillé à ce Dictionnaire ont cité fort exactement les sources où ils ont puisé ; les autres l’auroient dû faire sans doute : mais quand les articles empruntés sans citation, sont bien faits d’ailleurs, l’inconvénient qui résulte de cette omission par rapport à l’Ouvrage, paroît assez léger. Au reste, il sera facile, si le Public le juge à propos, de donner dans un des Volumes suivans la liste des principaux ouvrages qui ont servi à la composition de l’Encyclopédie ; on a déjà averti dans le Discours Préliminaire que tous les Dictionnaires ont été plus ou moins utiles, quoique plusieurs des Auteurs n’y ayent eu nullement recours.