L’Encyclopédie/1re édition/PUCERON

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PUCERON, s. m. (Hist. nat.) aphis, très-petit insecte dont il y a un très-grand nombre d’especes, qui se trouvent sur les feuilles, sur les rejettons, sur les tiges & même sur la racine des plantes. M. Linnæus, faunna suec. n’en donne que seize especes ; selon M. de Réaumur, il y en a un bien plus grand nombre ; car chaque espece de plante a une espece particuliere de pucerons. Ils different principalement par la couleur ; la plûpart sont verds, & les différentes teintes de verd sont des caracteres distinctifs des diverses especes ; il y en a aussi de blancs, de bruns, de couleur de bronze, de rouges, de noirs, &c. Ils sont tous vivipares ; les uns ont des aîles, & d’autres n’en ont point : ils ne marchent que très rarement, & ne se meuvent guere qu’on ne les agite. Ils ont six pattes assez grandes & très-minces ; il y a sur la tête deux antennes plus ou moins longues ; dans quelques especes, elles excedent la longueur du corps ; alors le puceron les porte couchées sur le dos, & non pas dirigées en avant. La plûpart de ces insectes ont sur la face supérieure du corps près de son extrémité, deux cornes beaucoup plus grosses & plus courtes que les antennes. M. de Réaumur a reconnu que ces deux cornes sont deux tuyaux creux & ouverts, d’où il sort une liqueur, qu’il soupçonne être les excrémens de l’insecte. La partie antérieure de la tête est terminée par une trompe qui a ordinairement à-peu-près le tiers de la longueur du corps. Les pucerons vivent en société ; ils s’attachent aux différentes parties des plantes, comme il a déja été dit ; & ils sont quelquefois en si grand nombre, qu’ils couvrent des branches entieres surtoute leur circonférence. Ils percent de leur trompe la premiere membrane de la partie de la plante à laquelle ils sont attachés, & se nourrissent du suc qu’ils en tirent. Ils changent de peau plusieurs fois ; & lorsqu’ils ont subi la derniere métamorphose, les uns paroissent avec des aîles, & les autres sans aîle. On a cru d’abord que les pucerons aîlés étoient les mâles, mais on a reconnu depuis que les uns & les autres ont la faculté de se reproduire même sans s’accoupler : il y a cependant des individus qui s’accouplent & qui sont féconds ; les individus de la même espece qui ne s’accouplent pas sont égalemens féconds. En pressant le ventre des pucerons qui ont pris leur dernier degré d’accroissement, on fait sortir de leur corps des embryons plus ou moins gros, & plus ou moins formés, soit qu’ils aient des aîles, soit qu’ils n’en aient point. Ces insectes causent beaucoup de dommage à de certaines plantes ; ceux qui s’attachent aux feuilles des pêchers, des pruniers, des chevre-feuilles, &c. & ceux qui vivent sur les jeunes pousses du tilleul, du groseillier, du saule, &c. sont très-nuisibles : au contraire, les feuiles de l’abricotier, du sycomore, ne sont nullement altérées des piquures que font les pucerons qui se multiplient sur ces feuilles. Il y a plusieurs différentes sortes de vers, de scarabés qui se nourrissent de pucerons, & qui en détruisent une très-grande quantité. Mémoires pour servir à l’histoire des insectes, par M. de Réaumur, tome III. mém. ix. Voyez Insecte.

Pucerons faux, M. de Réaumur a donné ce nom à des petits insectes qui ont beaucoup de ressemblance avec les pucerons, par leur petitesse, par leur inaction, par la maniere dont ils se nourrissent du suc de certaines plantes, par la nature des excrémens qu’ils rejettent, & même souvent par les poils cotonneux dont ils sont couverts. M. de Réaumur en a décrit deux especes ; l’une vit sur le figuier, & l’autre se trouve sur le buis : les pucerons de la premiere espece se tiennent dessous les feuille de figuier, & quelquefois même sur les figues ; ils ne se réunissent pas en aussi grand nombre que les pucerons ; il y en a au plus une trentaine sous chaque feuille : les faux-pucerons du buis se trouvent dans les jeunes feuilles de l’année pliées en rond. Les faux-pucerons de l’une & de l’autre espece ont six jambes courtes, & toutes attachées au corcelet. Ils changent plusieurs fois de peau, & ensuite ils se métamorphosent tous en petits insectes aîlés : c’est en quoi ils different essentiellement des pucerons. Mémoires pour servir à l’hist. des insectes, par M. de Réaumur, tome III. mém. x. Voyez Insectes.