L’Encyclopédie/1re édition/PORC

PORC, voyez Cochon.

Porc, (Diete, &c.) Voyez Cochon.

Porc, porcus, s. m. (Hist. nat. Icht.) poisson de mer qui ressemble en quelque sorte au pagre, quoiqu’il ait le corps plus rond & plus applati. Ses écailles sont si dures & si fortement adhérentes, qu’on peut polir du bois, & même de l’ivoire avec la peau de ce poisson. Il a les yeux très-ronds ; les dents sont fortes & pointues ; la bouche est petite proportionnellement à la grosseur du corps ; les ouies n’ont pas de couverture comme dans la plûpart des autres poissons ; elles consistent en une petite fuste, près de laquelle il y a une nageoire. Ce poisson a sur la partie antérieure du dos trois aiguillons unis ensemble par une membrane, & dont le premier est le plus long : sa chair a une mauvaise odeur, elle est dure & difficile à digérer. Rondelet, hist. nat. des poissons, prem. part. l. V. c. xxvj. Voyez Poissons.

Porc-épic, histrix ; animal quadrupede couvert d’aiguillons comme le hérisson. Les Italiens, les Espagnols & les Anglois donnent au porc-épic un nom qui signifie dans notre langue porte épines, & nous l’appellons porc-épic, peut-être à cause que ses piquans ressemblent aux barbes d’un épi de blé. Il differe du hérisson par la figure des aiguillons & du reste du corps, principalement des piés, du museau & des oreilles. Albert, l. XXII. tract. ij. c. i. de anim. rapporte que le porc-épic se tient caché pendant l’été au contraire du hérisson, qui ne se cache que l’hiver.

Le plus grand des porcs-épics dont M. Perrault a donné la description, avoit deux piés & demi de longueur depuis le bout du museau jusqu’au coccyx ; les jambes étoient fort courtes ; celles de derriere n’avoient que six pouces de longueur depuis le ventre jusqu’à terre, & celles de devant seulement quatre. Les plus grands piquans couvroient le dos & les flancs ; il y avoit sur le reste du corps d’autres piquans plus déliés, plus courts, plus flexibles & moins pointus, presque semblables à ceux du hérisson. Ces piquans étoient entremêlés de poils de couleur grise, brune & fins comme des cheveux ; il y avoit sur le derriere de la tête & du col une sorte de panache formé des piquans fort déliés, flexibles, assez semblables à des soies de sanglier, & de longueur inégale ; les plus longs avoient un pié ; ils étoient en partie blancs & en partie gris. Les plus longs poils des moustaches avoient six pouces ; ils étoient tous fort gros à la racine, très-déliés à la pointe, noirs & luisans. Il y avoit entre les piquans du dos & des flancs un poil plus fin & plus long que celui du reste du corps : ces piquans étoient de deux sortes ; les uns avoient depuis six pouces jusqu’à un pié de long ; trois à quatre lignes de diametre à l’endroit le plus gros, qui se trouvoit dans le milieu de leur longueur ; ils étoient gros, forts & pointus ; blancs vers la racine, de couleur de châtain, bruns à la pointe, & variés de noir & de blanc dans le reste de leur étendue par intervalles d’un ou de deux doigts : quelques-uns de ces piquans étoient blancs en entier : les autres piquans étoient flexibles, avoient jusqu’à 15 pouces de longueur, & une ligne & demie de diametre. Il y avoit sur l’extrémité du coccyx une autre sorte de piquans un peu relevés en haut ; leur extrémité sembloit avoir été coupée, & le reste étoit creux, comme un tuyau de plume ; ils étoient blancs, transparens & rayés de petites cannelures sur leur longueur ; ils avoient deux lignes & demie de diametre, & trois pouces de long.

Il y avoit cinq doigts à chaque pié, mais l’un des doigts des piés de devant ne paroissoit au-dehors que comme un ergot. La jambe & le pié, excepté la plante, étoient garnis de poils & de piquans ; le museau ressembloit à celui du lievre, la levre supérieure étant fendue ; chaque mâchoire avoit deux longues dents incisives, comme celles du castor. La langue étoit garnie par-dessous à son extrémité de plusieurs petits corps durs en forme de dents. Les oreilles ressembloient à celles de l’homme ; elles étoient légerement couvertes de poil. Mém. de l’acad. royale des Sciences, tom. III. part. ij. On trouve ce porc-épic en Afrique, à Sumatra & à Java.

Le porc-épic de la nouvelle Espagne est de la grandeur d’un chien de moyenne taille ; ses piquans sont menus & longs de trois pouces, il n’y en a point sur le ventre, sur les jambes, ni sur le bout de la queue ; ces parties sont seulement couvertes de poils noirs : il y a aussi des poils entre les piquans excepté sur la tête.

Le porc-épic de la baie d’Hudson est de la grandeur du castor ; il a la tête alongée comme celle du lievre, le nez plat, les oreilles & les jambes très-courtes, & la queue de longueur médiocre. Cet animal est couvert de poils de couleur brune, obscur ; il y en a dont la pointe est de couleur blanche sale : tous les poils de la partie supérieure de la tête, du corps & de la queue cachent des piquans longs de trois pouces au plus, noirs à la pointe, & blancs dans le reste de leur étendue ; on trouve ce porc-épic dans l’Amérique septentrionale.

Le porc-épic d’Amérique est long d’environ un pié depuis le derriere de la tête jusqu’à la queue ; il a la tête & les oreilles petites, le museau alongé, les yeux ronds, la queue plus longue que le corps : les piés n’ont que quatre doigts. Cet animal est couvert de piquans longs de trois ou quatre pouces au plus : il n’y a point de piquans sur les piés ni la queue. On trouve ce porc-épic en Amérique.

Le grand porc-épic d’Amérique ne differe du précédent qu’en ce qu’il est plus grand.

Le porc-épic des Indes orientales a la tête grosse, la levre supérieure fendue comme celle du lievre, les yeux grands, les oreilles petites & rondes & le corps gros & court. Les piés de derriere sont plus longs que ceux de devant, & il y a cinq doigts à chaque pié ; la queue est très-longue & garnie de piquans, comme tout le reste du corps. Reg. anim. par M. Brisson.

Porc-épic de mer, voyez Poisson armé.

Porc-épic, ordre du, (Hist. de France.) c’est le nom d’un ordre de chevalerie, appellé autrement l’ordre du camail. Il fut institué par Louis duc d’Orléans, fils de Charles V. à la cérémonie du baptême de son fils Charles, l’an 1394. Il étoit composé de 25 chevaliers, y compris le prince qui en étoit le chef. Leur habillement consistoit en un manteau de velours violet, le chaperon & le mantelet d’hermine, & une chaîne d’or pour collier, de laquelle pendoit sur l’estomac un porc-épic de même, avec cette dévise, cominus & eminus, de loin & de près. Cet ordre fut aussi nommé l’ordre du camail, parce que le duc d’Orléans donnoit avec le collier une bague d’or garnie d’un camaieu, ou pierre d’agate, sur laquelle étoit gravée la figure d’un porc-épic. L’on prétend qu’il prit la figure de cet animal, pour la devise de son ordre, afin de montrer à Jean duc de Bourgogne, qu’il ne manquoit ni de courage, ni d’armes pour se défendre. Cet honneur s’accordoit quelquefois à des femmes ; car dans une création de chevaliers du 8 Mars 1438, le duc d’Orléans le donna à mademoiselle de Murat, & à la femme du sieur Poton de Saintrailles. Louis XII. le conféra encore à son avénement à la couronne, après quoi il fut aboli. Trévoux. (D. J.)

Porc sauvage, voyez Sanglier.

Porc ou Cochon, (Métallurgie.) dans l’art de la fonderie, on donne ce nom à plusieurs substances différentes. 1°. On appelle porc les scories qui, dans la premiere fonte des mines retiennent encore une portion du minerai qui n’est point entré en fusion ; ce qui vient communément de ce que le feu n’a pas été assez fort, ni soutenu assez également, ou de ce que l’on n’a point rendu le mêlange assez fusible en y joignant des fondans convenables.

2°. On appelle ainsi dans la fonte & dans la liquation du cuivre les scories qui contiennent encore une portion de ce métal.

3°. On appelle porc ou cochon l’effet que fait sur la grande coupelle l’argent, lorsqu’il souleve le test ou la cendrée, & va se fourrer au-dessous.

4°. Enfin on appelle ainsi le réservoir où va se rendre le minerai pulvérisé qui a passé par le lavoir.

Porc, s. m. (Chaircuiterie & Commerce.) les Chaircuitiers font à Paris le commerce de la chair de porc fraîche & cuite, & de toutes les marchandises & issues qu’on peut tirer de cet animal. Il fournit aussi plusieurs choses pour le négoce & les manufactures ; savoir, les jambons qui font partie du commerce des épiciers, le poil ou soie qui se vend par les merciers-quincailliers, le saindoux & la graisse dont on se sert dans les manufactures pour l’ensimage des étoffes de laine. (D. J.)

Porc troyen, (Hist. anc.) c’étoit un cochon rôti entier, & farci en de dans de saucisses, d’oiseaux, de volailles & autres choses. On l’appelloit troyen, par allusion au cheval de Troye.