L’Encyclopédie/1re édition/PERSÉVÉRANCE

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PERSÉVÉRANCE, s. f. PERSÉVÉRANT, adj. (Théol. morale.) la persévérance est le nom d’une vertu chrétienne qui nous rend capables de persister dans la voie du salut jusqu’à la fin.

Les Catholiques distinguent deux sortes de persévérances finales ; l’une purement passive & formelle, qui n’est autre chose que la jonction actuelle & formelle de la grace sanctifiante avec l’instant de la mort. C’est celle qui se rencontre dans les enfans qui meurent avant que d’avoir atteint l’age de raison, & dans les adultes qui meurent immédiatement après avoir reçu la grace justifiante. L’autre qu’ils appellent active & efficiente, est celle qui nous fait persévérer constamment dans les bonnes œuvres depuis l’instant que nous avons reçu la grace de la justification jusqu’à celui de la mort.

Les Pélagiens pensoient qu’on pouvoit persévérer jusqu’à la fin par les seules forces de la nature, & les semi-Pélagiens, que la persévérance dans la foi n’étoit pas un effet de la grace.

Les Catholiques au contraire pensent qu’on ne peut persévérer jusqu’à la fin sans la grace, & sans une grace actuelle & spéciale distinguée de la grace sanctifiante, quoiqu’elle ne soit pas distinguée des graces actuelles & ordinaires que Dieu leur accorde pour accomplir les commandemens, & que cette grace ne manque jamais aux justes que par leur faute. C’est la doctrine du deuxieme concile d’Orange. can. 25, & du concile de Trente, sess. 6. cap. xj.

Ils ajoutent qu’outre la grace sanctifiante & les secours actuel, les justes ont besoin d’une grace pour persévérer in actu 1° jusqu’à la fin, ensorte que sans cette grace ils ne persévereroient pas ; & c’est ce qu’on appelle proprement le don de persévérance dont saint Augustin a dit : negare non possumus perseverantiam in bono proficientem usque in finem, magnum esse Dei munus. Lib. de corrept. & grat. c. xvj. Or ce don, selon les Théologiens, outre les graces actuelles & ordinaires, renferme une grace de protection extérieure, qui éloigne d’eux tout danger, toute occasion de chûte particulierement à l’heure de la mort. 2°. La collection de toutes les graces actuelles qui leur sont nécessaires pour opérer le bien, éviter le mal, vaincre les tentations, &c. 3°. Une providence & une prédilection spéciale de Dieu qui est la source & le principe de ces deux premiers avantages : C’est ce qu’enseigne expressément saint Augustin lib. de corrept. & grat. cap. vij.

Les Arminiens & les Gomaristes sont fort partagés sur l’article de la persévérance finale ; les derniers soutenans que la grace est inadmissible & totalement & finalement ; d’où il s’ensuit que la persévérance des justes est non-seulement infaillible, mais encore nécessaire ; les Arminiens au contraire prétendant que les personnes les plus affermies dans la piété & dans la foi, ne sont jamais exemptes de chûte. Ce point de leur doctrine fut condamné dans le synode de Dordrecth. Voyez Arminiens & Arminianisme.

Persevérance se prend aussi pour un attachement ferme & constant à quelque chose que ce soit, bonne ou mauvaise. On persévere dans le vice ou dans la vertu.