L’Encyclopédie/1re édition/MOURON

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MOURON, s. m. (Hist. nat. Botan.) anagallis, genre de plante à fleur monopétale, en rosette, & profondément découpée. Le pistil sort du calice, il tient comme un clou au milieu de la fleur, & il devient dans la suite un fruit ou une coque presque ronde. Quand ce fruit est mûr, il s’ouvre de lui-même transversalement en deux parties, dont l’une anticipoit sur l’autre, & il renferme des semences qui sont ordinairement anguleuses & attachées à un placenta. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

On compte principalement au nombre de ces especes, 1°. le mouron mâle, 2°. le mouron femelle, qui cependant ne differe du précédent que par la couleur de la fleur, 3°. le mouron aquatique.

Le mouron mâle, ou à fleur rouge, est nommé par C.B.P. 252, & par Tournefort, I. R. H. 142, anagallis, phœniceo flore.

Sa racine est blanche, simple, fibreuse ; ses tiges sont tendres, couchées sur terre, longues d’une palme, quarrées, lisses, garnies de feuilles, opposées deux à deux, quelquefois trois à trois, semblables à celles de la morgeline, sans queue, & tachetées en-dessous de points d’un rouge foncé. Ses fleurs portées sur des pédicules grêles & oblongs, naissent chacune de l’aisselle d’une feuille. Elles sont d’une seule piece, partagée presque entierement en cinq segmens pointus ; la couleur des fleurs est pourpre, aussi-bien que celle des étamines, dont les sommets sont jaunes : leur calice est partagé en cinq quartiers ; il sort un pistil attaché en maniere de clou, au milieu de la fleur. Ce pistil se change en un fruit ou capsule presque sphérique, grande à proportion de la petite fleur : cette capsule s’ouvre transversalement par la maturité en deux parties, dont l’une est appuyée sur l’autre. Elle est remplie de graines menues, anguleuses, ordinairement ridées, brunes, attachées à un placenta.

Le mouron femelle, ou à fleurs bleues, anagallis cæruleo flore, ne differe du précédent, que par la couleur de la fleur, qui est quelquefois blanche. Ces deux especes de mourons sont fort communs dans les champs & les jardins : on fait quelque usage des feuilles avec la fleur.

Toute la plante a une saveur d’herbe un peu salée & austere ; son suc donne la couleur rouge au papier bleu : d’où l’on pense que le sel essentiel de cette plante, approche fort de la terre foliée de tartre, mêlé avec quelque portion de sel ammoniacal, & de beaucoup d’huile.

Le mouron aquatique, nommé par les Botanistes anagallis aquatica, sive becabunga, a la racine vivace, garnie de fibres blanches, chevelues : ses tiges sont hautes d’un pié, gréles, & lisses ; ses feuilles sortent des nœuds sur des queues fort courtes ; elles sont opposées deux à deux, grasses, succulentes, rondes, peu ou point dentelées à leurs bords. Les fleurs sont bleues, composées d’un demi-pétale, divisé en cinq segmens arrondis : elles se changent en un fruit fait en cœur applati, qui contient une semence très-petite. Cette plante croît dans les ruisseaux & les fossés dont l’eau est courante ; elle passe pour anti-scorbutique & détersive. (D. J.)

Mouron, (Mat. med.) mouron mâle & femelle : on les prend indifféremment pour l’usage de la Médecine, ou pour mieux dire, les auteurs les recommandent indifféremment : car ce sont-là, certes, des plantes les moins usuelles.

Le mouron est dans les livres, céphalique, vulnéraire, sudorifique, anti-pestilentiel, emmenagogue, calmant ; & pour l’usage extérieur mondifiant, cicatrisant, guérissant la morsure des viperes & des chiens enragés. C’est son suc, son infusion dans le vin, & son eau distillée, qui sont recommandés dans tous ces cas. Il faut se contenter de dire du suc & de l’infusion, que ce ne sont pas des remedes éprouvés ; & l’on doit assurer de l’eau distillée, que c’est une préparation absolument inutile : car le mouron est de l’ordre des plantes qui ne contiennent aucun principe mobile. Voyez Eau distillée. (b)

Mouron d’eau, samolus, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, en forme de rosette, & profondément découpée : il sort du calice un pistil qui est attaché comme un clou au milieu de la fleur. Ce pistil dévient dans la suite un fruit ou une coque qui s’ouvre par la pointe, & qui est remplie de semences pour l’ordinaire petites. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.