L’Encyclopédie/1re édition/MOLUQUES

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MOLUQUES, (Géogr.) îles de l’Océan oriental, situées aux environs de la ligne, au midi des Philippines.

Les îles principales qu’on appelle proprement Moloques, sont Ternates, Tidor, Machian, Moter & Bachian. Elles sont toutes comprises entre deux méridiens, à la vue les unes des autres, & n’occupent guere que 25 lieues d’étendue. Elles sont presque entierement sous la ligne la plus septentrionale, à un demi-degré du côté du nord, & la plus méridionale, à un degré du côté du sud ; vers le couchant, elles sont proche de l’île de Gilolo.

Les Moluques ne sont séparées les unes des autres, que par quelques petits bras de mer, ou quelques petites îles désertes, & obéissent en général à trois rois.

Le terroir en est sec & spongieux ; les arbres toujours couverts de feuilles, chargés de diverses sortes de fruits ; donnent des bananes, des noix de coco, des oranges, des limons, du macis & de la muscade ; mais ce qui vaut mieux que tout cela, ces îles produisent seules dans le monde le girofle, objet d’un commerce aussi surprenant que lucratif. D’un autre côté, il ne croît ni blé, ni riz aux Moluques ; on se sert de farine de sagou. Il n’y a dans ces îles aucune mine d’or, ni d’argent, ni de métaux inférieurs.

Les Chinois subjuguerent autrefois les Moluques. Après eux, elles furent occupées par ceux de Java, & par les Malais ; ensuite les Persans & les Arabes s’y jetterent, & y introduisirent parmi les pratiques de l’idolâtrie, les superstitions du mahométisme. On y parle plusieurs langues différentes, & le malais plus communément qu’aucune autre.

Les Moluques furent découvertes en 1511 par les Portugais, qui y descendirent, & s’en emparerent sous la conduite de Francisco Serano. Au bout de peu de tems, cette possession leur fut disputée par les Castillans, en conséquence de la ligue de démarcation d’Alexandre VI. Cependant, après quelques actes d’hostilité, Charles-quint, par le traité de Sarragosse en 1529, engagea ces îles litigieuses au roi de Portugal, pour 360 mille ducats. Mais finalement les Hollandois ont dépossédé les Portugais des Moluques & de leur commerce, en 1601, 1605 & 1669, pour y établir un empire plus durable, & qu’ils savent conserver avec fruit.

Les naturels de ces îles s’accommodent fort bien avec leurs derniers maîtres. Ils ressemblent beaucoup à ceux de Java & de Sumatra pour les mœurs, les usages, la façon de vivre, l’habillement & la couleur. Les hommes sont extrèmement basanés ; ils ont les cheveux noirs & lisses, qu’ils blanchissent de bonne heure ; les yeux gros, les poils des sourcils longs, les paupieres larges, le corps robuste. Ils sont doux, paresseux, adroits, soupçonneux, pauvres & fiers. (D. J.)