L’Encyclopédie/1re édition/MERVEILLE
MERVEILLE, s. f. (Hist. anc. Philol.) voyez l’article Miracle. Ce que l’on appelle vulgairement les sept merveilles du monde, sont les pyramides d’Egypte, le mausolée bâti par Artemise, le temple de Diane à Ephese, les murailles de Babylone couvertes de jardins, le colosse de Rhodes, la statue de Jupiter Olympien, le phare de Ptolemée Philadelphe. Voyez Pyramide, Mausolée, Colosse &c.
Merveilles du Monde, (Hist. anc.) On en compte ordinairement sept ; savoir, les pyramides d’Egypte, les jardins & les murs de Babylone, le tombeau qu’Arthemise reine de Carie éleva au roi Mausole son époux, à Halycarnasse ; le temple de Diane à Ephese ; la statue de Jupiter Olympien, par Phidias ; le colosse de Rhodes ; le phare d’Alexandrie.
Merveilles du Dauphiné, (Hist. nat.) On a donné ce nom à quelques objets remarquables que l’on trouve en France, dans la province de Dauphiné. L’ignorance de l’Histoire naturelle & la crédulité ont fait trouver du merveilleux dans une infinité de choses qui, vûes avec des yeux non prévenus, se trouvent ou fausses ou dans l’ordre de la nature. Les merveilles du Dauphiné en fournissent une preuve. On en a compté sept à l’exemple des sept merveilles du monde.
1°. La premiere de ces merveilles est la fontaine ardente ; elle se trouve au haut d’une montagne qui est à trois lieues de Grenoble, & à une demi lieue de Vif. S. Augustin dit qu’on attribuoit à cette fontaine la propriété singuliere d’éteindre un flambeau allumé, & d’allumer un flambeau éteint ; ubi faces ardentes extinguuntur, & accenduntur extinctæ. De civitate Dei, l. XXI. c. vij. Si cette fontaine a eu autrefois cette propriété, elle l’a entierement perdue actuellement ; l’on n’y voit quant à présent qu’un petit ruisseau d’eau froide ; il est vrai que l’on assure que ce ruisseau a changé de cours, & qu’il passoit autrefois pour un endroit d’où quelquefois on voyoit sortir des flammes & de la fumée occasionnées suivant les apparences par quelque petit volcan ou feu souterrein qui échauffoit les eaux de ce ruisseau, & qui par le changement qu’il a pu causer dans le terrein, lui a fait changer de place.
2°. La tour sans venin. On a prétendu que les animaux venimeux ne pouvoient point y vivre, ce qui est contredit par l’expérience, vû qu’on y a porté des serpens & des araignées qui ne s’en sont point trouvés plus mal. Cette tour est à une lieue de Grenoble, au-dessus de Seyssins, sur le bord du Drac. Elle s’appelle pariset. Autrefois il y avoit auprès une chapelle dédiée à S. Verain, dont par corruption on a fait sans venin.
3°. La montagne inaccessible. C’est un rocher fort escarpé, qui est au sommet d’une montagne très-élevée, dans le petit district de Triéves, à environ deux lieues de la ville de Dié. On l’appelle le mont de l’aiguille. Aujourd’hui cette montagne n’est rien moins qu’inaccessible.
4°. Les cuves de Sassenage. Ce sont deux roches creusées qui se voyent dans une grotte située au-dessus du village de Sassenage, à une lieue de Grenoble. Les habitans du pays prétendent que ces deux cuves se remplissent d’eau tous les ans au 6 de Janvier ; & c’est d’après la quantité d’eau qui s’y amasse, que l’on juge si l’année sera abondante. On dit que cette fable a été entretenue par des habitans du pays qui avoient soin d’y mettre de l’eau au tems marqué. On trouve au même endroit les pierres connues sous le nom de pierres d’hirondelle ou de pierres de Sassenage. Voyez Hirondelle, (pierre d’)
5°. La manne de Briançon, que l’on détache des méleses qui se trouvent sur les montagnes du voisinage, ce qui n’est rien moins qu’une merveille.
6°. Le pré qui tremble ; c’est une île placée au milieu d’un étang, ou lac du territoire de Gap, appellé le lac Pelhotier. Il est à présumer que ce pré est formé par un amas de roseaux & de plantes mélés de terre, qui n’ont point une consistence solide. On trouve des prairies tremblantes au-dessus de tous les endroits qui renferment de la tourbe. Voyez l’art. Tourbe.
7°. La grette de Notre-Dame de la Balme ; elle ressemble à toutes les autres grottes, étant remplie de stalactites & de congélations, ou concrétions pierreuses. On dit que du tems de François I. il y avoit un abîme au fond de cette grotte, dans lequel l’eau d’une riviere se perdoit avec un bruit effrayant ; aujourd’hui ces phénomenes ont disparu.
Aux merveilles qui viennent d’être décrites, quelques auteurs en ajoutent encore d’autres ; telles sont la fontaine vineuse, qui est une source d’une eau minérale qui se trouve à Saint-Pierre d’Argenson ; elle a, dit-on, un goût vineux, & est un remede assuré contre la fievre ; ce goût aigrelet est commun à un grand nombre d’eaux minérales acidules. Le ruisseau de Barberon est encore regardé comme une merveille du Dauphiné ; par la quantité de ses eaux on juge de la fertilité de l’année. Enfin on peut mettre encore au même rang les eaux thermales de la Motte, qui sont dans le Graisivaudan, à cinq lieues de Grenoble sur le bord du Drac ; elles sont, dit-on, très-efficaces contre les paralysies & les rhumatismes. (—)
Merveille du Perou, voyez Belle-de-nuit.
Merveille, Pomme de (Botan. exot.) c’est ainsi qu’on nomme en françois le fruit du genre de plante étrangere que les Botanistes appellent momordica. Voyez Momordica.