L’Encyclopédie/1re édition/MOMORDICA

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MOMORDICA, (Botan. exot.) ce genre de plante étrangere est nommé par les Anglois male-balsamapple, son fruit s’appelle en françois pomme de merveille.

M. de Tournefort après avoir caractérisé la plante, en distingue, outre l’espece commune, deux autres, natives de Ceylan ; mais il n’a pas connu celle que les Péruviens nomment caigua, & que le P. Feuillée a soigneusement décrite, & représentée sous le nom de momordica fructu striato, levi. Voyez son hist. médicinale des plantes du Pérou & du Chili, p. 754. Pl. XXXXI.

C’est assez de dire que la momordica d’Amérique porte une fleur blanchâtre, stérile, d’une seule piece, découpée en cinq quartiers égaux. De la base du pédicule commun part une fleur fertile de même structure. L’embryon qui la soutient, n’a presque pas de pédicule. Il devient un fruit long environ de quatre pouces, épais de deux, un peu applati, charnu, le plus souvent bosselé, rayé, pointu par ses deux bouts, un peu recourbé vers son sommet, couvert à sa naissance d’un écorce verd-blanchâtre, qui se change en beau verd vers son extrémité. Ce fruit renferme une substance blanche, spongieuse, d’un goût aigrelet, creusée dans l’intérieur, où l’on voit plusieurs graines attachées à leur placenta blanc. La peau de ces graines est noire dans leur maturité, & chaque graine renferme une amande blanche, du goût des nôtres. Tous les Péruviens chez lequels on trouve cette plante, mangent ce fruit dans leurs soupes ; il est extrémement rafraichissant, & fort utile dans un pays où les chaleurs sont excessives.

On ne cultive en Europe une ou deux especes de momordica, que pour la variété & la singularité de leur fruit ; car ce ne sont des plantes étrangeres ni belles, ni utiles, outre qu’elles demandent une grande place dans les serres, & beaucoup de soins.

Ce sont des plantes annuelles. On seme leurs graines dans des lits de tan préparé ; quand elles ont monté, on les transplante dans d’autres couches chaudes, où on les cultive de même que les concombres & les melons. Alors elles donnent du fruit en Juillet. Leurs graines sont bonnes au mois d’Août ; il faut les recueillir au moment que le fruit s’ouvre, ce qu’il fait par une maniere de ressort, & bientôt après il élance lui-même ses graines de côté & d’autre avec violence. (D. J.)