L’Encyclopédie/1re édition/MATRICAIRE

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MATRICAIRE, s. f. matricaria, (Botan.) genre de plante à fleur en rose, le plus souvent radiée. Le disque de cette fleur est composé de plusieurs fleurons, & la couronne de demi-fleurons, soutenus sur des embryons par un calice demi-sphérique, dont les feuilles sont disposées comme des écailles. Les embryons deviennent dans la suite des semences oblongues, & attachées à la couche. Ajoutez aux caracteres de ce genre que les fleurs naissent par petits bouquets, & que les feuilles sont profondément découpées & disposées par paires. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort compte douze especes de ce genre de plante, dont la principale est l’espargoutte, ou la matricaire commune, matricaria vulgaris, seu sativa, C. B. P. 133. J. R. H. 493. en anglois, the common garden feferfew.

Sa racine est blanche, garnie de plusieurs fibres : ses tiges sont hautes d’une coudée & demie, roides, cannelées, lisses, assez grosses, remplies d’une moelle fongueuse : ses feuilles sont nombreuses, d’un verd-gai, d’une odeur forte, amere, placées sans ordre ; elles sont comme composées de deux ou trois paires de lobes, rangés sur une côte mitoyenne ; ces lobes sont larges & divisés en d’autres plus petits, dentellés à leur bord.

Il sort vers les sommités des tiges, & de l’aisselle des feuilles, de petits rameaux sur lesquels naissent, aussi-bien qu’aux sommets des tiges, plusieurs petites fleurs portées sur des pédicules oblongs, rangées comme en parasols & radiées : leur disque est rempli de plusieurs fleurons jaunâtres, & la couronne de demi-fleurons blancs, portés sur des embryons de graines, & renfermés dans un calice écailleux & semisphérique. Quand les demi-fleurons de la couronne sont fanés, le milieu du disque se renfle, & les embryons se changent en autant de petites graines oblongues, cannelées, sans aigrette, attachées sur une couche au fond du calice.

Toute cette plante a une odeur désagréable & vive. On la cultive dans les jardins, ainsi que d’autres especes du même genre, à cause de la beauté de leurs fleurs. Les Medecins en particulier font un grand usage de la matricaire commune, car elle tient un rang éminent dans la classe des plantes utérines & hystériques. (D. J.)

Matricaire, (Mat. méd.) toute cette plante a une odeur désagreable & vive : ses feuilles & ses sommités fleuries sont souvent d’usage.

La matricaire tient un rang distingué parmi les plantes hystériques. On la donne en poudre depuis un demi-scrupule jusqu’à deux, ou son suc exprimé & clarifié jusqu’à une once ou deux : sa décoction & son infusion a la dose de quatre onces. Elle fait couler les regles, les lochies, & elle chasse l’arriere-faix ; elle appaise les suffocations utérines, & calme les douleurs qui surviennent après l’accouchement.

La matricaire produit utilement tout ce que les carminatifs & les amers peuvent procurer ; elle dissipe les vents, elle fortifie l’estomac, aide la digestion. Cette plante ou son suc exprimé chasse les vers de même que la centaurée & l’absynthe : on emploie utilement sa décoction dans les lavemens, sur-tout pour les maladies de la matrice.

On la prescrit extérieurement dans les fomentations avec la camomille ordinaire, ou avec la camomille romaine, bouillie dans de l’eau ou dans du vin, pour l’inflammation de la matrice & les douleurs qui viennent après l’accouchement dans les retardemens des lochies, & dans certains cas de regles douloureuses. Geoffroy, Mat. méd.

On garde dans les boutiques une eau distillée des fleurs de matricaire, qui possede quelques-unes des vertus de la plante, savoir celles qui dépendent de son principe aromatique. Voyez Eaux distillées.

Les feuilles & les fleurs de matricaire entrent dans toutes les compositions officinales, hysteriques, antispasmodiques & emménagogues, telles que le syrop d’armoise, les trochisques hystériques, &c. (b)