L’Encyclopédie/1re édition/MÉTAPLASME
MÉTAPLASME, s. m. μεταπλασμὸς, transformatio, du verbe μεταπλάσσω, transformo ; c’est le nom général que l’on donne en Grammaire aux figures de diction, c’est-à-dire aux diverses altérations qui arrivent dans le matériel des mots ; de même que l’on donne le nom général de tropes aux divers changemens qui arrivent au sens propre des mots.
Le métaplasme ne pouvant tomber que sur les lettres ou les syllabes dont les mots sont composés, ne peut s’y trouver que par addition, par soustraction ou par immutation.
Le métaplasme par augmentation se fait ou au commencement, ou au milieu, ou à la fin du mot ; d’où résultent trois figures différentes, la prosthése, l’épenthése & la paragoge.
On rapporte encore au métaplasme par augmentation, la diérèse qui fait deux syllabes d’une seule diphtongue : ce qui est une augmentation, non de lettres, mais de syllabes. Voyez Prothèse, Epenthèse, Paragoge, Diérèse.
Le métaplasme par soustraction produit de même trois figures différentes, qui sont l’aphérèse, la syncope & l’apocope, selon que la soustraction se fait au commencement, au milieu, ou à la fin des mots ; mais il se fait aussi soustraction dans le nombre des syllabes, sans diminution au nombre des lettres, lorsque deux voyelles qui se prononçoient séparément, sont unies en une diphthongue : c’est la synérèse. Voyez Aphérèse, Syncope, Apocope & Synérèse. Voyez aussi Crase & Synalephe, mots presque synonymes à synérèse.
Le métaplasme par immutation donne deux différentes figures, l’antithèse, quand une lettre est mise pour une autre, comme olli pour illi ; & la métathèse, quand l’ordre des lettres est transposé, comme Hanovre pour Hanover. Voyez Antithèse & Métathèse.
Voici toutes les especes de métaplasme assez bien caractérisées dans les six vers techniques suivans :
Prosthesis apponit capiti ; sed aphæresis aufert :
Syncopa de medio tollit ; sed epenthesis addit :
Abstrahit apocope fini ; sed dat paragoge :
Constringit crasis ; distracta diæresis effert :
Antithesin mutata dabit tibi littera ; verûm
Littera si legitur transposta ; metathesis extat.
Rien de plus important dans les recherches étymologiques que d’avoir bien présentes à l’esprit toutes les différentes especes de métaplasme, non peut-être qu’il faille s’en contenter pour établir une origine, mais parce qu’elles contribuent beaucoup à confirmer celles qui portent sur les principaux fondemens, quand il n’est plus question que d’expliquer les différences matérielles du mot primitif & du dérivé. (B. E. R. M.)