L’Encyclopédie/1re édition/LANGUEUR

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LANGUEUR, (Mor.) il se dit des hommes & des sociétés. L’ame est dans la langueur, quand elle n’a ni les moyens ni l’espérance de satisfaire une passion qui la remplit ; elle reste occupée sans activité. Les états sont dans la langueur quand le dérangement de l’ordre général ne laisse plus voir distinctement au citoyen un but utile à ses travaux.

Langueur, s. f. (Méd.) est un mode ou espece de foiblesse plus facile à sentir qu’à définir ; elle est universelle ou particuliere ; on sent des langueurs d’estomac. Voyez Indigestion, Estomac. On éprouve des langueurs générales, ou un anéantissement de tout le corps ; on ne se sent propre à aucune espece d’exercice & de travail ; les muscles semblent refuser leur action ; on n’a pas même la volonté de les mouvoir, parce qu’on souffre un malaise quand on le fait ; c’est un symptome propre aux maladies chroniques, & particulierement à la chlorose ; il semble être approprié aux maladies dans lesquelles le sang & les humeurs qui en dérivent, sont vapides, sans ton & sans activité. Le corps, ou pour mieux dire, les fonctions corporelles ne sont pas les seules langueurs ; mais les opérations de l’esprit, c’est-à-dire, les facultés de sentir, de penser, d’imaginer, de raisonner, sont dans un état de langueur singulier ; telle est la dépendance où sont ces fonctions du corps. Ce symptome n’aggrave point les maladies chroniques ; il semble indiquer seulement l’état atonique du sang & des vaisseaux, la diminution du mouvement intestin putréfactif. Les remedes les plus appropriés par conséquent sont ceux qui peuvent réveiller & animer ce ton, qui peuvent augmenter la fermentation ou le mouvement intestin du sang, & l’action des vaisseaux sur les liquides ; tels sont l’équitation, les martiaux, les plantes cruciformes, les alkalis fixes & volatils, & généralement tous ceux qui sont réellement convenables dans les maladies dont la langueur est le symptome. Voyez Chlorose, Force, Foiblesse, &c. (m)