L’Encyclopédie/1re édition/JUDAISME

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JUDAISME, s. m. (Théolog.) religion des Juifs. Le judaïsme étoit fondé sur l’autorité divine, & les Hébreux l’avoient reçu immédiatement du ciel ; mais il n’étoit que pour un tems, & il devoit faire place, du moins quant à la partie qui regarde les cérémonies, à la loi que J. C. nous a apportée.

Le Judaïsme étoit autrefois partagé en plusieurs sectes, dont les principales étoient celles des Pharisiens, des Saducéens & des Esseniens. Voyez Pharisiens, Saducéens, &c.

On trouve dans les livres de Moïse un système complet de Judaïsme. Il n’y a plus aujourd’hui que deux sectes chez les Juifs ; savoir, celle des Caraïtes, qui n’admettent d’autre loi que celle de Moïse, & celle des rabbins qui y joignent les traditions du talmud. Voyez Caraïte & Rabbin.

On a remarqué que le Judaïsme est de toutes les religions celle que l’on abjure le plus difficilement. Dans la dix-huitieme année du regne d’Edouard I. le parlement lui accorda un quinzieme sur les biens du royaume pour le mettre en état d’en chasser les Juifs.

Les Juifs & tous les biens qu’ils possédoient appartenoient autrefois en Angleterre au seigneur sur les terres duquel ils vivoient, & qui avoit sur eux un empire si absolu qu’il pouvoit les vendre sans qu’ils pussent se donner à un autre seigneur sans sa permission. Mathieu Paris dit que Henri III. vendit les Juifs à son frere Richard pour le terme d’une année, afin que ce comte éventrât ceux que le roi avoit déja écorchés. : Quos rex excoriaverat, comes evisceraret.

Ils étoient distingués des Chrétiens, tant durant leur vie qu’après leur mort, car ils avoient des juges particuliers devant lesquels leurs causes étoient portées, & ils portoient une marque sur leurs habits en forme de table, qu’ils ne pouvoient quitter en sortant de chez eux, sans payer une amende. On ne les enterroit jamais dans la contrée, mais hors des murailles de Londres.

Les Juifs ont été souvent proscrits en France, puis rétablis. Sous Philippe le Bel en 1308, ils furent tous arrêtés, bannis du royaume, & leurs biens confisqués. Louis le Hutin son successeur les rappella en 1320. Philippe le Long les chassa de nouveau, & en fit brûler un grand nombre qu’on accusoit d’avoir voulu empoisonner les puits & les fontaines. Autrefois en Italie, en France & à Rome même on confisquoit les biens des Juifs qui se convertissoient à la foi chrétienne. Le roi Charles VI. les déchargea en France de cette confiscation, qui jusques-là s’étoit faite pour deux raisons, 1°. pour éprouver la foi de ces nouveaux convertis, n’étant que trop ordinaire à ceux de cette nation de feindre de se soumettre à l’Evangile pour quelque intérêt temporel, sans changer cependant intérieurement de croyance ; 2°. parce que comme leurs biens venoient pour la plûpart de l’usure, la pureté de la morale chrétienne sembloit exiger qu’ils en fissent une restitution générale, & c’est ce qui se faisoit par la confiscation. D. Mabillon, veter. analect. tom. III.

Les Juifs sont aujourd’hui tolérés en France, en Allemagne, en Pologne, en Hollande, en Angleterre, à Rome, à Venise, moyennant des tributs qu’ils payent aux princes. Ils sont aussi fort répandus en Orient. Mais l’inquisition n’en souffre pas en Espagne ni en Portugal. Voyez Juifs.