L’Encyclopédie/1re édition/ISLE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 919-925).
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ISLE, s. f. (Géog. & Phys.) étendue de terre environnée d’eau.

Il est probable que plusieurs des îles que nous connoissons, ont été séparées du continent par quelque tremblement de terre. On connoît les vers de Virgile sur la Sicile : on peut voir aussi la dissertation de M. Desmarest sur l’ancienne jonction de l’Angleterre au continent. Voyez Terre, Mer, Terraqué, Géographie, &c.

Les îles nouvelles, dit M. de Buffon, dans son histoire naturelle, se forment de deux façons, ou subitement par l’action des feux souterrains ou lentement par le dépôt du limon des eaux. Nous parlerons d’abord de celles qui doivent leur origine à la premiere de ces deux causes. Les anciens historiens & les voyageurs modernes, rapportent à ce sujet des faits, de la vérité desquels on ne peut guere douter. Séneque assûre que de son tems l’île de Thérasie, aujourd’hui Santorin, parut tout-d’un-coup à la vûe des mariniers. Pline rapporte qu’autrefois il y eut treize îles dans la mer Méditerranée qui sortirent en même tems du fond des eaux, & que Rhodes & Délos sont les principales de ces treize îles nouvelles ; mais il paroît par ce qu’il en dit, & par ce qu’en disent aussi Ammian Marcellin, Philon, &c. que ces treize îles n’ont pas été produites par un tremblement de terre, ni par une explosion souterraine. Elles étoient auparavant cachées sous les eaux, & la mer en s’abaissant a laissé, disent-ils, ces îles à découvert ; Délos avoit même le nom de Pelagia, comme ayant autrefois appartenu à la mer. Nous ne savons donc pas si l’on doit attribuer l’origine de ces treize îles nouvelles à l’action des feux soûterrains, ou à quelqu’autre cause, qui auroit produit un abaissement & une diminution des eaux dans la mer Méditerranée ; mais Pline rapporte que l’île d’Hiera, près de Thérasie, a été formée de masses ferrugineuses & de terres lancées du fond de la mer ; & dans le chap. lxxxix. il parle de plusieurs autres îles formées de la même façon ; nous avons sur tout cela des faits plus certains & plus nouveaux.

Le 23 Mai 1707, au lever du soleil, on vit de cette même île de Thérasie ou de Santorin, à deux ou trois milles en mer, comme un rocher flottant ; quelques gens curieux y allerent & trouverent que cet écueil, qui étoit sorti du fond de la mer, augmentoit sous leurs piés ; & ils en rapporterent de la pierre-ponce & des huîtres que le rocher qui s’étoit élevé du fond de la mer, tenoit encore attachées à sa surface. Il y avoit eu un petit tremblement de terre à Santorin deux jours auparavant la naissance de cet écueil : cette nouvelle île augmenta considérablement jusqu’au 14 Juin sans accident, & elle avoit alors un demi mille de tour, & 20 à 30 piés de hauteur. La terre étoit blanche & tenoit un peu de l’argile ; mais après cela la mer se troubla de plus en plus ; il s’en éleva des vapeurs qui infectoient l’île de Santorin, & le 16 Juillet on vit 17 ou 18 rochers sortir à-la-fois du fond de la mer, ils se réunirent. Tout cela se fit avec un bruit affreux qui continua plus de deux mois, & des flammes qui s’élevoient de la nouvelle île ; elle augmentoit toûjours en circuit & en hauteur, & les explosions lançoient toûjours des rochers & des pierres à plus de sept milles de distance. L’île de Santorin elle-même, a passé chez les anciens pour une production nouvelle ; & en 726, 1427, & 1573, elle a reçu des accroissemens, & il s’est formé de petites îles auprès de Santorin. Voyez l’hist. de l’acad. 1708, pag. 23. & suiv. Le même volcan, qui du tems de Séneque a formé l’ile de Santorin, a produit du tems de Pline, celle d’Hiera ou de Volcanelle, & de nos jours a formé l’écueil dont nous venons de parler.

Le 10 Octobre 1720, on vit auprès de l’île de Tercere un feu assez considérable s’élever de la mer ; des navigateurs s’en étant approchés par ordre du gouverneur, ils apperçurent le 19 du même mois une île qui n’étoit que feu & fumée, avec une prodigieuse quantité de cendres jettées au loin, comme par la force d’un volcan, avec un bruit pareil à celui du tonnerre. Il se fit en même tems un tremblement de terre qui se fit sentir dans les lieux circonvoisins, & on remarqua sur la mer une grande quantité de pierres-ponces, sur-tout autour de la nouvelle île ; ces pierres-ponces voyagent, & on en a quelquefois trouvé une grande quantité dans le milieu même des grandes mers. Voyez Trans. phil. abr. vol. VI. part. II. pag. 154. L’Histoire de l’académie, année 1721, dit à l’occasion de cet évenement, qu’après un tremblement de terre dans l’île de Saint-Michel, l’une des Açores, il a paru à 28 lieues au large, entre cette île & la Tercere, un torrent de feu qui a donné naissance à deux nouveaux écueils. Page 26, dans le volume de l’année suivante 1722, on trouve le détail qui suit.

« M. de l’Isle a fait savoir à l’académie plusieurs particularités de la nouvelle île entre les Açores, dont nous n’avions dit qu’un mot en 1721 page 26 ; il les avoit tirées d’une lettre de M. de Montagnac, consul à Lisbonne.

» Un vaisseau où il étoit, mouilla le 18 Septembre 1721 devant la forteresse de la ville de Saint-Michel, qui est dans l’île du même nom ; & voici ce qu’on apprit d’un pilote du port.

» La nuit du sept au huit Décembre 1720, il y eut un grand tremblement de terre dans la Tercere & dans Saint-Michel, distantes l’une de l’autre de 28 lieues, & l’île neuve sortit : on remarqua en même tems que la pointe de l’île de Pic, qui en étoit à 30 lieues, & qui auparavant jettoit du feu, s’étoit affaissée & n’en jettoit plus ; mais l’île neuve jettoit continuellement une grosse fumée, & effectivement elle fut vûe du vaisseau où étoit M. de Montagnac, tant qu’il en fut à portée. Le pilote assura qu’il avoit fait dans une chaloupe le tour de l’île, en l’approchant le plus qu’il avoit pû. Du côté du sud il jetta la sonde & fila 60 brasses sans trouver fond ; du côté de l’ouest il trouva les eaux fort changées ; elles étoient d’un blanc bleu & verd, qui sembloit du bas fond, & qui s’étendoit à deux tiers de lieue ; elles paroissoient vouloir bouillir : au nord-ouest, qui étoit l’endroit d’où sortoit la fumée, il trouva 15 brasses d’eau fond de gros sable ; il jetta une pierre à la mer, & il vit à l’endroit où elle étoit tombée, l’eau bouillir & sauter en l’air avec impétuosité. Le fond étoit si chaud, qu’il fondit deux fois de suite le suif qui étoit au bout du plomb. Le pilote observa encore de ce côté-là que la fumée sortoit d’un petit lac borné d’une dune de sable : l’île est à peu-près ronde & assez haute pour être apperçûe de sept à huit lieues dans un tems clair.

» On a appris depuis par une lettre de M. Adrien, consul de la nation françoise dans l’île de Saint-Michel, en date du mois de Mars 1722, que l’île neuve avoit considérablement diminué, & qu’elle étoit presque à fleur d’eau ; de sorte qu’il n’y avoit pas d’apparence qu’elle subsistât encore long-tems, page 12 ».

On est donc assuré par ces faits & par un grand nombre d’autres semblables à ceux-ci, qu’au-dessous même des eaux de la mer les matieres inflammables renfermées dans le sein de la terre, agissent & font des explosions violentes. Les lieux où cela arrive, sont des especes de volcans qu’on pourroit appeller soûmarins, lesquels ne different des volcans ordinaires, que par le peu de durée de leur action, & le peu de fréquence de leurs effets ; car on conçoit bien que le feu s’étant une fois ouvert un passage, l’eau y doit pénétrer & l’éteindre. L’île nouvelle laisse nécessairement un vuide que l’eau doit remplir, & cette nouvelle terre, qui n’est composée que des matieres rejettées par le volcan marin, doit ressembler en tout au monte di Cenere, & aux autres éminences que les volcans terrestres ont formées en plusieurs endroits. Or dans le tems du déplacement causé par la violence de l’explosion, & pendant ce mouvement, l’eau aura pénétré dans la plûpart des endroits vuides, & elle aura éteint pour un tems ce feu soûterrain. C’est apparemment par cette raison que ces volcans soûmarins agissent plus rarement que les volcans ordinaires, quoique les causes de tous les deux soient les mêmes, & que les matieres qui produisent & nourrissent ces feux soûterrains, puissent se trouver sous les terres recouvertes par la mer en aussi grande quantité que sous les terres qui sont à découvert.

Ce sont ces mêmes feux soûterrains ou soûmarins, qui sont la cause de toutes ces ébullitions des eaux de la mer, que les voyageurs ont remarquées en plusieurs endroits, & des trombes dont nous avons parlé ; ils produisent aussi des orages & des tremblemens qui ne sont pas moins sensibles sur la mer que sur la terre. Ces îles qui ont été formées par ces volcans soûmarins, sont ordinairement composées de pierres-ponces & de rochers calcinés ; & ces volcans produisent, comme ceux de la terre, des tremblemens & des commotions très-violentes.

On a aussi vû souvent des feux s’élever de la surface des eaux ; Pline nous dit que le lac de Thrasimene a paru enflammé sur toute sa surface. Agricola rapporte que lorsqu’on jette une pierre dans le lac de Denstad en Thuringe, il semble lorsqu’elle descend dans l’eau, que ce soit un trait de feu.

Enfin, la quantité de pierres-ponces que les voyageurs nous assurent avoir rencontrées dans plusieurs endroits de l’océan & de la méditerranée, prouve qu’il y a au fond de la mer des volcans semblables à ceux que nous connoissons, & qui ne different ni par les matieres qu’ils rejettent, ni par la violence des explosions, mais seulement par la rareté & par le peu de continuité de leurs effets ; tout, jusqu’aux volcans, se trouve au fond des mers, comme à la surface de la terre.

Si même on y fait attention, on trouvera plusieurs rapports entre les volcans de terre & les volcans de mer : les uns & les autres ne se trouvent que dans les sommets des montagnes. Les îles des Açores & celles de l’Archipel, ne sont que des pointes de montagnes, dont les unes s’élevent au-dessus de l’eau, & les autres sont au-dessous. On voit par la relation de la nouvelle île des Açores, que l’endroit d’où sortoit la fumée, n’étoit qu’à 15 brasses de profondeur sous l’eau ; ce qui étant comparé avec les profondeurs ordinaires de l’Océan, prouve que cet endroit même est un sommet de montagne. On en peut dire tout autant du terrein de la nouvelle île auprès de Santorin ; il n’étoit pas à une grande profondeur sous les eaux, puisqu’il y avoit des huîtres attachées aux rochers qui s’éleverent. Il paroît aussi que ces volcans de mer ont quelquefois comme ceux de terre, des communications soûterraines, puisque le sommet du volcan du pic de Saint-Georges, dans l’île de Pic, s’abaissa lorsque la nouvelle île des Açores s’éleva. On doit encore observer que ces nouvelles îles ne paroissent jamais qu’auprès des anciennes, & qu’on n’a point d’exemple qu’il s’en soit élevé de nouvelles dans les hautes mers. On doit donc regarder le terrein où elles sont, comme une continuation de celui des îles voisines ; & lorsque ces îles ont des volcans, il n’est pas étonnant que le terrein qui en est voisin, contienne des matieres propres à en former, & que ces matieres viennent à s’enflammer, soit par la seule fermentation, soit par l’action des vents soûterrains.

Au reste, les îles produites par l’action du feu & des tremblemens de terre sont en petit nombre, & ces évenemens sont rares ; mais il y a un nombre infini d’îles nouvelles produites par les limons, les sables, & les terres que les eaux des fleuves & de la mer entraînent & transportent à différens endroits. A l’embouchure de toutes les rivieres il se forme des amas de terre & des bans de sable, dont l’étendue devient souvent assez considérable pour former des îles d’une grandeur médiocre. La mer en se retirant & en s’éloignant de certaines côtes, laisse à découvert les parties les plus élevées du fond, ce qui forme autant d’îles nouvelles ; & de même en s’étendant sur de certaines plages, elle en couvre les parties les plus basses, & laisse paroître les parties les plus élevées qu’elle n’a pû surmonter, ce qui fait encore autant d’îles ; & on remarque en conséquence qu’il y a fort peu d’îles dans le milieu des mers, & qu’elles sont presque toutes dans le voisinage des continens où la mer les a formées, soit en s’éloignant, soit en s’approchant de ces différentes contrées. Tout cet article est entierement tiré de l’histoire naturelle de M. de Buffon, tome I. page 536 & suivantes.

Les îles proprement dites, different, ou par leur situation, ou par leur grandeur. A l’égard de leur situation, il y en a dans l’océan, dans les fleuves, les rivieres, & même dans les lacs & les étangs.

Pour ce qui est de leur grandeur, elles different extrêmement les unes des autres. Quelques îles sont assez grandes pour contenir plusieurs états, comme la Grande Bretagne, Ceylan, Sumatra, Java. Quelques unes forment un seul royaume, comme la Sicile, la Sardaigne, &c. D’autres ne renferment qu’une ville, avec un territoire médiocre, comme quantité d’îles de l’Archipel, de la Dalmatie, &c. D’autres n’ont qu’un petit nombre d’habitations dispersées ; d’autres enfin sont sans habitans.

Il y a des îles qui paroissent avoir été toujours telles, il y en a d’autres qui ont commencé à paroître dans les lieux de la mer où elles n’étoient pas auparavant ; d’autres ont été détachées du continent, soit par des tremblemens de terre, soit par les grands efforts de la mer, soit par l’industrie & par le travail des hommes. Il est certain qu’il se forme de tems en tems des îles nouvelles, non seulement par des attérissemens, comme celle de Tsongming à la Chine, dans la province de Nanking, ou par des coups de mer qui ont séparé des morceaux du continent, comme les anciens ont prétendu que la Sicile & peut-être la Grande-Bretagne ont été formées ; mais il y en a même qui sont sorties de dessous les flots comme autrefois Santorin, & depuis les trois nouvelles îles qui se sont formées tout près d’elle, & c’est sur quoi on peut voir les mém. des missions du Levant, imprimes en 1715.

On est présentement assuré que le continent que nous habitons, & où se trouvent l’Europe, l’Asie & l’Afrique, est une grande île que la mer environne de toutes parts ; on pourra dire sans doute la même chose de celui qu’on appelle le Nouveau Monde, lorsque l’on aura pénétré au nord & à l’ouest de la baie de Hudson : jusques-là on ignore quelles sont les limites septentrionales de ce continent. Les Arabes, faute d’avoir un mot particulier pour exprimer une presqu’île, donnent le nom d’îles à toutes les péninsules.

Les terres Arctiques, que l’on croyoit être un pays continu, sont vraissemblablement de grandes îles, dont on ne sait pas encore le nombre & l’étendue. La Californie, que l’on prenoit au contraire pour une île, est une partie du continent. Ce que l’on avoit crû être le commencement d’un grand continent, au midi de l’Amérique, s’est trouvé n’être qu’une île assez vaste, environnée d’autres petites îles.

On peut compter dix ou douze îles de la premiere grandeur : savoir en Europe, la Bretagne, l’Islande, la Nouvelle Zemble ; en Afrique, Madagascar ; en Asie, Niphon, Manilles ou Luçon, Bornéo, Sumatra ; en Amérique, Terre-neuve & la Terre de feu.

On compte ordinairement dix autres îles de différentes grandeurs : savoir dans la mer Méditerranée Européenne, la Sardaigne, la Sicile, Candie ; dans l’Océan, l’Irlande ; en Asie, Java, Ceylan, Mindanas, Célebes ; en Amérique, Cuba, Saint-Domingue.

Il y a d’autres îles auxquelles on peut donner le surnom de moindres, parce qu’elles ne sont pas si grandes que les précédentes ; comme l’île Zéland en Dannemarc ; la Corse, Négrépont, Majorque, Chypre, dans la mer Méditerranée Européenne ; Gilolo, Timor, Amboine, en Asie ; la Jamaïque, en Amérique, dans la mer du Nord ; l’île Isabelle, l’une des îles de Salomon, dans la mer du Sud.

Le nombre des petites îles est presque infini ; on peut dire qu’elles sont innombrables, avec d’autant plus de vérité que l’on est encore bien éloigné de connoître toutes les mers. Il y reste à découvrir beaucoup de côtes, dont nous ignorons les détails, pour ne point parler de celles qui nous sont inconnues ; on pourroit cependant faire trois classes de ces petites îles. La premiere seroit de celles qui, quoique seules & indépendantes des autres, ne laissent pas d’avoir de la célébrité ; telles sont, dans la mer Baltique, Aland, Bornholm, Falster, Fune, &c. dans la mer Méditerranée, Rhode, Minorque, Corfou, Malte, Chio, Cérigo, Ivica, Céphalonie, &c. dans l’océan Atlantique, entre l’Afrique & le Brésil, Sainte-Hélene, l’Ascension & Saint-Thomé ; près du détroit de Gilbraltar, Madere ; & en Afrique, à l’entrée de la mer Rouge, Zocotora.

La seconde classe comprendroit les îles que l’on connoît sous un nom général, quoique la plûpart ayent chacune un nom particulier : les principales sont les Westernes, au couchant de l’Ecosse ; les Orcades, au nord de l’Ecosse ; les îles de Schetland, au nord-est des Orcades ; les Açores, dans la mer du Nord ; les Canaries, les îles du Cap-verd, dans la mer Atlantique ; les îles de l’Archipel, dans la Méditerranée ; les Lucayes & les Antilles, dans la mer du Nord ; les Maldives, les Moluques, les Philippines, le Japon, les Mariannes, dans la mer des Indes & dans l’Océan oriental ; les îles de Salomon, dans la mer du Sud.

La troisieme classe contiendroit les îles des fleuves & des rivieres ; comme celle du Nil, du Niger, de Gambie, en Afrique ; de l’Indus, du Gange & autres, en Asie ; du fleuve de Saint-Laurent, du Mississipi, de l’Orénoque, de l’Amazone, en Amérique ; enfin celles de nos rivieres d’Europe dans le Pô, le Danube, le Rhône, la Seine, &c. les lacs d’Irlande, d’Ecosse, ont quantité d’îles ; le lac de Dambée en Ethiopie, en a aussi plusieurs.

Il y a des îles artificielles ; & presque toutes les places fortes, dont les fossés sont remplis des eaux d’une riviere, sont en ce sens de véritables îles Amsterdam, & la plûpart des villes de Hollande, ne sont pas seulement des îles, mais chaque ville, selon son etendue, est composée d’un certain nombre plus ou moins grand de petites îles ; la seule ville de Venise n’est autre chose qu’une fourmilliere d’îles jointes ensemble par des ponts.

On trouvera dans cet ouvrage les principales îles du monde, & quelquefois d’autres moins célébres, mais qui méritent de n’être pas oubliées à cause de leur position, ou pour d’autres raisons. (D. J.)

Isles aux Loups marins, (Géogr.) îles de l’Amérique septentrionale dans l’Acadie ou Nouvelle Ecosse, situées entre le cap Fourchu & le cap de Sable, trois ou quatre lieues en mer. Ces îles, dont les unes sont d’une lieue, les autres de deux & trois de tour, s’appellent îles aux loups marins, parce que ces animaux, en quantité, y vont faire leurs petits. On y trouve encore un nombre prodigieux de toutes sortes d’oiseaux, & l’on en prend tant qu’on veut ; mais les îles même sont difficiles à approcher à cause des rochers qui les environnent : elles sont couvertes de sapins, bouleaux, & autres bois semblables, qui n’y prennent guere d’accroissement. (D. J.)

Isles brulantes, (Géogr.) c’est un nom commun à toutes les îles qui ont des volcans ; il y en a plusieurs dans le monde, sur-tout dans la mer, vers les côtes de la Nouvelle Guinée. (D. J.)

Isles Bonaventures, les, (Géogr.) îles de l’Amérique septentrionale dans le détroit d’Hudson, auprès des côtes du nord, à 63d 6′ par estime, 43d de variation nord-est, à 50 ou 56 lieues de la petite île de Salisbury. On les trouve à l’entrée d’un grand enfoncement, dont on ne voit pas le bout. (D. J.)

Isle de l’Ascension, (Géog.) cette petite île de l’Océan, entre l’Afrique & le Brésil, paroît manifestement formée ou entierement brûlée par un volcan éteint. Elle est d’ailleurs si singuliere par la nature de son terroir, par la figure & la position de ses montagnes, dont la vûe inspire une certaine horreur, qu’il faut ajouter quelques lignes à ce qu’on en a dit au mot Ascension.

Quoique cette île soit déserte, son histoire pourroit peut-être occuper assez long-tems un naturaliste ; du-moins doit-on la regarder comme un point qui intéresse la Géographie & la Navigation. Tous nos vaisseaux de la compagnie des Indes orientales y abordent à leur retour dans ce royaume, & y prennent pour leur subsistance un grand nombre de tortues de mer. M. l’abbé de la Caille, qui s’y est trouvé le 15 Octobre 1753, profita de son séjour dans cette île pour en déterminer la latitude. Il l’a jugée, au lieu du mouillage ordinaire, de 7d 54′ australe ; & ayant eu le bonheur d’y observer une émersion du premier satellite de Jupiter, qui le fut aussi à Paris par MM. Maraldi & Delisle, cette observation lui a servi à établir la longitude de ce lieu de 16d 19′ à l’occident du méridien de Paris. Voyez les Mém. de l’Acad. des Sc. année 1751. (D. J.)

Isle des Chiens, (Géogr.) cette île, dans la mer du Sud, trouvée en 1616 par Jacques le Maire, n’est autre chose que l’île des Tiburons, que Magellan avoit découverte en 1520. Les pilotes ont souvent traité d’îles nouvelles & imposé de nouveaux noms à des îles qui avoient été découvertes longtems avant eux. Par exemple, l’île Sainte-Apollonie dans la mer des Indes, est la même que l’île de Bourbon. (D. J.)

Isles du Cap-verd, les, (Géog.) îles de l’Océan Atlantique, sur la côte occidentale d’Afrique, à l’ouest du cap dont elles prennent le nom. Les Géographes en comptent douze, dont la plus grande est Saint-Iago ; ce sont vraissemblablement les Gorgades de Pline : la connoissance s’en étoit perdue avec le tems, mais l’an 1460, Antoine Noli, Génois, au service du roi de Portugal, les retrouva, ou les découvrit au profit de cette couronne qui les a conservées. L’air y est très-chaud & mal-sain. Les Portugais y tiennent un vice-roi, qui fait sa résidence à Saint-lago. Long. 352-355, latit. 14-30 jusqu’au dix-neuvieme degré, selon la carte de la Barbarie, Nigritie & Guinée par M. Delisle. (D. J.)

Isle de l’Eléphant, (Géog.) île de l’Indoustan, sur la côte de Malabar ; voyez-en l’article au mot Éléphant. J’ajouterai seulement que la pagode de cette île est une des choses les plus célébres dans les voyageurs portugais : ils nous disent que cette pagode est sur le penchant d’une haute montagne, où elle est taillée dans le roc même. Selon leur récit, elle a environ 120 pieds en quarré & 80 en hauteur. Entre plusieurs autres pieces qui y sont jointes, il y a 16 piliers de pierre, éloignés de 16 piés l’un de l’autre, qui ont chacun 3 piés de diametre ; ils semblent destinés à soutenir cet édifice massif, dont la voûte n’est qu’un grand rocher. Aux deux côtés de la pagode, il y a 40 ou 50 figures d’hommes qui ont chacun 12 ou 15 piés de haut ; quelques-unes de ces figures gigantesques ont six bras, d’autres ont trois têtes, & d’autres sont monstrueuses à d’autres égards. On en voit qui prennent une jolie fille par le menton, & d’autres qui déchirent en pieces des petits enfans. Voilà l’objet du culte des Indiens qui s’y rendent en foule ! La terre n’offre par-tout qu’un spectacle de différentes superstitions humaines. (D. J.)

Isle de Fer, (Géogr.) la plus occidentale des Canaries, par laquelle les Géographes françois & autres, tant anciens que modernes, placent le premier méridien. Voyez Fer, île de, (Géog.)

J’ajoute ici, avec M. de Mairan, qu’il seroit sans doute plus sûr & plus commode de prendre pour point fixe un lieu plus connu, & dont la position fût mieux constatée ; tel, par exemple, que l’observatoire de Paris, & de compter ensuite la longitude orientale ou occidentale, en partant du méridien de ce lieu jusqu’au cent quatre-vingtieme degré de part & d’autre ; c’est ainsi que plusieurs astronomes & géographes le pratiquent aujourd’hui. Mais outre que cet usage n’est pas encore assez généralement établi, il seroit toujours important de connoître la véritable position de l’île de Fer, encore douteuse par rapport à Paris, pour profiter de quantité d’observations & de déterminations géographiques qui ont été faites relativement à cette île. Il résulte des calculs de M. Maraldi, que la partie de l’île de Fer, par où l’on fait passer le premier méridien, est plus occidentale que l’observatoire de Paris de 19d 53′ 9″ ; cependant M. le Monnier l’astronome differe de 9′ 21″ avec M. Maraldi, dans la détermination de la longitude de cette île, qu’il établit de 20d 2′ 30″. Voyez les mém. de l’acad. des Sc. an. 1742. (D. J.)

Isle de Fernandez, (Géog.) voyez Fernando ; j’ajouterai cependant que cette île, quoique déserte, pourroit être facilement cultivée, peuplée & fortifiée. Juan Fernando, qui la découvrit en allant de Lima à Baldivia, y mit quelques chêvres qui ont très-bien multiplié. Tous ses environs abondent en veaux marins ; & Fernando s’y seroit établi, si l’Espagne eût voulu lui en accorder la patente.

Le célebre Georges Anson, lors de la derniere guerre des Anglois & des Espagnols, y ayant été jetté en 1741 par une tempête affreuse, trouva dans cette île abandonnée le climat le plus doux & le terrain le plus fertile ; il y sema des légumes & des fruits, dont il avoit apporté les semences & les noyaux, & qui bien-tôt couvrirent l’île entiere. Des Espagnols qui y relâcherent quelques années après, ayant été faits prisonniers à Londres, jugerent, comme le dit M. de Voltaire, qu’il n’y avoit qu’Anson qui eut pû réparer, par cette attention générale, le mal que fait la guerre, & ils le remercierent comme leur bienfaiteur. On doit encore au lord Anson la meilleure description & la meilleure carte, tant de cette île que de la mer du Sud en général, & les navigateurs qui vont dans cette mer, ne sauroient s’en passer. (D. J.)

Isle flotante, (Géog.) Les histoires de tous les tems sont pleines de relations d’îles flotantes. Les anciens l’ont avancé de Délos, de Thérasie & des Calamines. Pline, liv. III. chap. xxv. fait mention d’une île qui nageoit sur le lac de Cutilie, & qui avoit été découverte par un oracle. Elle se soutient, assure-t-il, sur l’eau, & est non seulement portée de côté & d’autre par les vents, mais même par de simples zéphirs, sans être fixe ni jour ni nuit. Théophraste & Pomponius Méla nous parlent aussi d’îles flotantes en Lydie si mouvantes que la moindre cause les agitoit ; les chassoit, les éloignoit & les rapprochoit. Sénéque n’est pas moins positif sur les îles flotantes d’Italie. Plusieurs de nos modernes ont aussi pris le parti d’en décrire de nouvelles en divers pays du monde.

Je ne répondrai point que tous les faits qu’on cite sont également fabuleux & dénués de tout fondement ; j’oserai dire néanmoins que la plus grande partie sont entierement faux, ou singulierement exagérés. Il est très-ridicule de vouloir nous expliquer comment un grand nombre d’îles, autrefois flotantes, se trouvent si solidement fixées depuis tant de siecles. Laissons donc Callimaque comparer l’île de Délos à une fleur que les vents ont portée sur les ondes. Laissons dire à Virgile que cette île a été long-tems errante au gré des vents, tantôt cachée & ensevelie sous les eaux, tantôt par une révolution contraire, s’élevant au-dessus de ces mêmes eaux ; qu’enfin Jupiter la rendit également immobile & habitable en faveur de Latone, sans permettre qu’elle fût davantage soumise à ses anciens changemens.

Immotamque coli dedit, & contemnere ventos.

Toutes ces peintures sont fort jolies dans la Fable & dans les Poëtes ; mais la Physique n’épouse point de pareilles merveilles.

En effet, tout ce qu’elle voit sous le beau nom d’îles flotantes, n’est autre chose que des concrétions de portions de terre spongieuse, légere, sulfureuse, qui surnagent ou seules, ou entremêlées d’herbes, & de racines de plantes, jusqu’à ce que les vents, les vagues, les torrents, ou le calme, les ayent fixées sur la rive, pour y prendre corps. C’est ce qui arrive le plus communément dans les lacs, comme dans le lac Lomond en Ecosse, où de pareils amas acquierent finalement une étendue assez considérable, se joignent ensemble, touchent le fond d’un bassin qui n’est pas égal, s’y arrêtent, & y font une liaison. Les especes d’îles flotantes qu’on a vû se former pendant quelque tems près de l’île de Santorin, étoient un amas de rochers & de pierres ponces jettées par des volcans sur la surface de l’eau, mais qui n’ont produit aucune île fixe. On sait que les prétendues îles flotantes d’un lac près de Saint-Omer ne sont proprement que des tissus de racines d’herbes mêlées de vase & de terre grasse. Enfin, il ne reste aucune preuve de la vérité des anciennes & des nouvelles relations qui ont été faites de tant d’îles mouvantes ; toutes ces îles ont disparu, & nous ne connoissons plus que des îles fixes. (D. J.)

Isles fortunées (Géog.) voyez au mot Fortunées ; & si vous êtes encore sensible aux charmes de la Poésie, si vous aimez le brillant coloris d’un beau paysage, lisez ici la description que Garth fait de ces isles : nous n’avons point de peintures de lieux qui soient plus riantes & plus agréables.

The happy isles, where endless pleasures wait,
Are slyl’d by tuneful birds, the fortunate.
Eternal spring with smiling verdure here
Warms the mildair, and crowns the youthfull year ;
From cristal rocks, transparentriv’let flow ;
The rose still blushes, and the vi’lets blow.
The vine undress’d, her swelling clusters bears :
The lab’ring hind ; the mellow olives cheers :
Blossoms and fruit, at once the citron shows,
And as she pays, discovers still she owes ;
Here the glad orange, court the am’rous maid
With golden apples, and a silken shade.
No blast e’er discompose the peaceful sky ;
The spring but murmur, and the Winds but sigh.
Where Flora treads, her zephir garlands flings,
Shaking rich odours from his purple Wings :
And Birds from woodbine bow’rs, and Jess’min groves,
Chaunt their glads nuptials, and unenvy’d loves.
Mild seasons, rising hills, and silent dales,
Cool grottos, silver brooks, and flow’ry vales ;
In this blest climate, all the circling year prevail…

Je ne trouve pas même que la belle description d’Horace, Ode xvj. liv. V. connue de tout le monde, présente un paysage aussi gracieux de ces contrées charmantes, que l’est celui du chevalier Garth. Mais en échange le tableau qu’en fait le poëte latin, est enrichi de tous les ornemens que la Fable & la Poésie pouvoient lui prêter. Ils y sont multipliés avec un goût, une élégance & une force admirables.

Non huc Argoo contendit remige pinus ;
Neque impudica Colchis intulit pedem ;
Non huc Sidonii torserunt cornua nautæ,
Laboriosa nec cohors Ulissei.
Nulla nocent pecori contagia, nullius astri
Gregem oestuosa torret impotentia.
Jupiter illa piæ secrevit littora genti,
Ut inquinavit oere tempus aureum :
Æreo dehinc ferro duravit sæcula.

« Jamais les Argonautes n’entreprirent de faire une descente dans ces îles fortunées. Jamais l’infame Médée n’y mit le pié ; jamais les compagnons d’Ulysse n’y porterent leurs passions avec leurs infortunes. La contagion n’y répandit jamais la mortalité parmi les troupeaux, & nulle constellation maligne ne les dessécha par l’ardeur de ses influences. Sitôt que le siecle d’airain eut altéré la pureté du siecle d’or, & que le siecle de fer eut succédé au siecle d’airain, Jupiter sépara cet heureux pays du reste du monde, pour servir d’asyle à la vertu, &c. »

Cet heureux pays, ces îles fortunées que Jupiter sépara du reste du monde, sont sans doute les îles Canaries, situées à l’occident de l’Afrique, vis-à-du royaume de Suz : tout favorise ce sentiment, & rien ne peut le détruire. Il est assez vraissemblable que les Canaries, les Açores & l’Amérique, sont les restes de cette grande île atlantide de Platon, si fameuse chez les anciens, dont les parties les plus basses furent inondées par l’irruption de la mer Noire qui, s’étant ouvert un passage entre l’Europe & l’Asie, forma d’abord ce que nous appellons la Méditerrannée, & se fit ensuite un canal pour joindre l’Océan, en détachant l’Espagne de l’Afrique. (D. J.)

Isle Gorgone, (Géog.) île de la mer du Sud au Popayan, à 3 deg. de latit. septentrionale ; elle est passablement élevée, & fort remarquable à cause de deux collines qui sont au sommet. Cette île n’est habitée que par de petits singes noirs, & cependant elle est pourvûe de toutes sortes d’arbres, qui ne quittent point leurs fleurs & leur verdure. Il y pleut beaucoup tout le long de l’année, & souvent comme si l’on jettoit l’eau par un crible. On y trouve quantité d’huitres, & quelquefois des perles dans quelques-unes. Ces huitres croissent sur des rochers à 4, 5 ou 6 brasses d’eau, attachées par de petites racines comme les moules ; le dedans de la coquille est plus brillant que la perle même : Dampier dit que c’est le seul endroit de la mer du Sud où il en ait vu. (D. J.)

Isle-Jourdain, l’(Géog.) Castellum Ictium, petite ville de France dans le bas-Armagnac avec titre de comté. M. l’abbé de Longuerue n’a pas dédaigné d’en faire l’histoire dans sa description de la France, tom. I. pag. 197. Long. 18. 45. lat. 43. 40. (D. J.)

Isle-Longue, (Géog.) île de l’Amérique septentrionale sur la côte de la nouvelle Yorck. Elle s’étend de l’ouest à l’est, a environ cent mille de tour, & en plusieurs endroits huit à quatorze mille de large. Son terroir est excellent, & habité d’un bout à l’autre ; elle appartient aux Anglois, & l’on y voit au printems les bois & les champs si garnis de roses & d’autres fleurs, qu’ils égalent plusieurs jardins d’Angleterre. (D. J.)

Isle de Jean Mayen, (Géog.) île de l’Océan septentrional, au nord des îles de Féro, au levant du Groenland, vers le 71 deg. de lat. & le 13 de long. Elle fut découverte en 1614 par Jansz Mayen ; on la reconnoît par une haute montagne que l’on voit de loin. (D. J.)

Isles-nouvelles, (Géog.) on a donné ce nom à des terres situées par les 51 à 52 deg. de lat. méridionale, environ 50 à 55 au nord-nord-est du détroit de le Maire. On n’a commencé à en avoir des connoissances certaines qu’en 1707 & 1708 par le capitaine Poré de saint Malo ; il parcourut deux fois cette côte, & trouva qu’elle pouvoit avoir 50 lieues est-sud-est, & ouest-nord-ouest ; il est à présumer que ce sont les mêmes que le chevalier Richard Hawkins découvrit en 1693, étant à l’est de la côte déserte ou des Patagons, vers les 50 deg. de lat. méridionale ; il fut jetté par une tempête sur une terre inconnue, & courut le long de ces côtes environ 60 lieues. Il paroît d’un autre côté que ces terres nouvelles ne sont pas les îles Sébaldes rangées en triangle, & qui sont séparées des îles nouvelles ou îles Malonines, comme M. de Lisle les nomme, au moins de 7 à 8 lieues. Voyez sur les îles nouvelles la carte de l’extrémité de l’Amérique réduite par M. Frezier, p. 263 de son voyage à la mer du Sud. (D. J.)

Isle des Pins, (Géog.) île de l’Amérique septentrionale, au midi de Cuba, dont elle est séparée par un canal de 3 à 4 lieues de largeur, par le 295 deg. de longit. L’île des Pins n’a que 10 ou 12 lieues de long, avec une haute montagne au milieu garnie d’arbres, dont la plupart sont inconnus en Europe. Les collines sont couvertes de forêts de pins hauts, droits, & assez gros pour servir de grands mâts à de petits bâtimens. On y trouve en quelques endroits des tortues de terre & des cancres blancs & noirs ; les alligadors & les crocodiles rodent beaucoup autour de cette île. (D. J.)

Isles Piscadores, ou îles des Pêcheurs, (Géog.) ce sont plusieurs grandes îles désertes, situées près de Formosa, entre cette île & la Chine, à 23 deg. ou environ de lat. septentrionale, & presque à la même hauteur que le tropique du cancer. (D. J.)

Isle de Quelpaerts, (Géog.) autrement appellée Fungma ; c’est une île de la mer de Corée, au midi de cette péninsule, & placée par les Hollandois qui y firent naufrage en 1653, par les 33 deg. 32 min. de lat. nord, & par M. Bellin entre les 153 & 154 de long. les mêmes Hollandois lui donnent 15 lieues de circuit. (D. J.)

Isle de Résolution, (Géog.) île de l’Amérique septentrionale, au 62. 33 de variation nord-ouest ; sa grandeur peut être de huit lieues est & ouest ; elle forme l’embouchure du détroit de Hudson avec les îles Boutonnes. Les côtes de cette île, ainsi que celles de tout le détroit, sont à pic & d’une élévation prodigieuse. (D. J.)

Isle-royale, (Géog.) autrefois nommée île du Cap-Breton ; c’est une île de l’Amérique septentrionale que la France possede à l’entrée du golphe de S. Laurent, à 15 lieues de Terre-neuve, & séparée de l’Acadie par un détroit d’une lieue de large ; elle ressemble à un fer à cheval écrasé, & peut avoir 80 lieues de tour. Son terroir est par-tout entrecoupé de lacs ; on y trouve plusieurs bons ports. Elle est d’un grand avantage à cause de la pêche de la morue qui se fait sur ses côtes ; Louisbourg, petite ville bâtie sur une langue de terre qui forme un bon port fortifié, en est le chef-lieu. (D. J.)

Isles du Vent, (Géog.) les îles du vent nommées par les Espagnols îles Balovento, & connues sous le nom d’Antilles, d’îles Caraïbes ou Cannibales & Camercanes, sont situées dans l’Océan près du golphe de la Trinité espagnole, s’étendant en forme d’arc depuis le onzieme degré de latitude au nord de l’equateur, jusqu’au dix-neuvieme degré dans l’est-nord-est de saint Jean de Portorico ; leur longitude étant estimée 63 deg. 18 min. 45 sec. à l’occident du méridien de Paris.

Lors de la découverte de ces îles par Christophe Colomb en 1492, elles étoient occupées par les Caraïbes, qui depuis furent contraints de les abandonner aux différentes nations qui les possedent aujourd’hui ; ces sauvages se retirerent dans les îles de saint Vincent & de la Dominique, où jusqu’à présent ils ont vêcu en liberté.

Les François sont maîtres des îles de Tabago, de la Grenade & des Grenadins, de sainte Lucie, de la Martinique, des Saintes, de Marie Galande, de la Desirade, des deux parties de la Guadeloupe, de l’île de saint Barthelemy, de la moitié de saint Martin & de quelques autres petites îles.

Antigoa, Nieves, Montserrat, saint Christophe, la Barbade, la Barboude, la Redonde & l’Anguille appartiennent aux Anglois.

Saint Eustache, partie de saint Martin & Saba, sont sous la domination des Hollandois.

Les Danois se sont établis dans les îles de saint Thomas, de saint Jean & de sainte-croix ; & les Espagnols ont des prétentions sur une partie des îles nommées les Vierges.

Les îles du vent étant exposées aux excessives chaleurs de la zone torride seroient inhabitables, si deux fois le jour l’air n’étoit rafraîchi par des vents d’est qui regnent constamment dans ce climat, excepté depuis la fin de Juillet jusqu’au quinze du mois d’Octobre, tems auquel l’air est sujet à de grandes variations qui produisent souvent d’horribles tempêtes nommées ouragans. Cette saison qu’on appelle hivernage se termine ordinairement par des pluies abondantes, auxquelles succedent dans plusieurs cantons des fievres & des maladies opiniâtres.

Outre ces incommodités, les Antilles sont sujettes à de fréquens tremblemens de terre. Cela n’est point surprenant, si l’on considere la nature du terrein formé de très-hautes montagnes entrecoupées de vallons, de ravines & de falaises escarpées, où l’on apperçoit les couches de terre, de pierres & de sable, le plus souvent confondues & sans ordre, renfermant à des profondeurs inégales plusieurs sortes de minéraux, parmi lesquels on trouve une grande abondance de fer.

La quantité de soufre naturellement sublimé au sommet des plus hautes montagnes & dans quelques vallons, les laves, les eaux thermales, & les nombreux amas de pierres ponce, prouvent évidemment l’existence des volcans dont le pays est intérieurement dévoré.

Malgré ces dangers les îles sont extrémement peuplées & très-bien cultivées. Les habitans y jouissent entr’autres avantages du plus beau ciel du monde ; point d’hiver ni de frimats. Les montagnes en tout tems sont couvertes de verdure, & les vallons arrosés de rivieres & de sources d’une eau pure qui est très bonne dans beaucoup d’endroits. Les bestiaux y multiplient à merveille ; la terre y produit des arbres d’une énorme grosseur, dont le bois incorruptible s’emploie aux ouvrages de charpente, de menuiserie & de marqueterie ; d’autres sont propres à la teinture, & beaucoup portent d’excellens fruits. Les bananes, les patates, le magnoc & plusieurs autres racines, font la principale nourriture des habitans, qui recueillent aussi beaucoup de riz & de maïs ; les plantes tant potageres que médecinales naturelles au pays, y sont en abondance, & les exotiques s’y naturalisent parfaitement bien.

Autour des petites îles desertes, & dans les culs-de-sac ou baies, la mer fournit & tortues & beaucoup de bons poissons, dont les especes sont inconnues en Europe.

Les vaisseaux qui font le commerce des Antilles, en rapportent beaucoup de sucre & de caffé, du coton, de la casse, du caret, du cacao, de l’indigo & du rocour.

Isles de dessous le vent. Ce que l’on a dit au sujet des îles du vent convient assez bien aux îles de dessous le vent. Celles-ci sont beaucoup plus grandes & situées à l’occident des premieres, en se rapprochant du golfe du Mexique ; elles sont au nombre de quatre principales, dont Hispaniola ou saint-Domingue se trouve aujourd’hui partagée entre les François & les Espagnols ; ces derniers possedent en entier les îles de Cuba & de Portorico, & la Jamaïque appartient aux Anglois.

On peut ranger au nombre des îles de dessous le vent toutes celles qui sont situées sur les côtes de Vénezuela & de Carac, dont l’île de Curacao occupée par les Hollandois, est une des plus renommée par son commerce avec les differentes nations qui fréquentent ces parages. (M. L. R.)

Isle, (Jardin. & Hydr.) est une langue de terre élevée dans l’eau & revêtue de murs, & isolée de tous côtés avec quelque puits qui y communiquent ; les fontainiers en pratiquent au milieu des grandes pieces d’eau, ainsi que l’on en voit à Fontainebleau, à Dampieres & autres lieux. (K)