L’Encyclopédie/1re édition/GORGE

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GORGE, s. f. (Anatomie.) partie antérieure d’un animal entre la tête & les épaules, dans laquelle est le gosier. Voyez Cou ou Col.

Les Medecins comprennent sous le mot de gorge, tout le creux ou toute la cavité que l’on peut voir quand une personne ouvre la bouche fort grande. Voyez Œsophage & Bouche. On l’appelle aussi quelquefois isthme, parce que c’est un passage étroit qui a quelque ressemblance avec ces gorges de montagnes ou langues de terre que les géographes appellent isthmes. Chambers.

On donne quelquefois ce nom aux mamelles ; c’est en ce sens qu’on dit d’une femme, qu’elle a une belle gorge. Voyez Mammelle. (L)

Gorge, (Art milit. & Fortifications.) en termes de Fortification, est l’entrée du bastion, des demi-lunes, ou autres ouvrages extérieurs. Voyez Bastion, Demi-lune, &c.

La gorge d’un bastion est ce qui reste des côtés du polygone intérieur de la place, après qu’on en a retranché les courtines : dans ce cas, il se fait un angle au centre du bastion ; tel est l’angle FKL, Pl. I. de Fortification, fig. 1. Voyez Angle du centre du bastion. Aux bastions plats, c’est une ligne droite sur la courtine qui communique d’un flanc à l’autre.

Il est avantageux que la gorge du bastion soit grande, pour augmenter la capacité du bastion. Voyez Demi-gorge.

La gorge d’une demi-lune est la partie de la contrescarpe sur laquelle elle est construite.

La gorge des autres ouvrages extérieurs, est l’espace qui est entre leur flanc attenant le fossé ; ou c’est la partie qui les termine du côté de la place.

Toutes les gorges doivent être sans parapet, parce que les assiégeans après s’en être rendus maîtres, s’en serviroient pour se mettre à couvert des coupe de la place : on se contente de les fortifier avec des palissades, pour éviter une surprise.

Demi-gorge est la partie du polygone qui est depuis le flanc jusqu’au centre du bastion, comme FK. Voyez Demi-gorge. Chambers. (Q)

Gorge, (Hydraulique.) se dit d’une fondriere & vallée où l’on a dessein de faire descendre une conduite d’eau, ou de la faire passer sur un aqueduc, pour raccorder les deux niveaux. (K)

Gorge de Pigeon, (Manége.) expression usitée parmi les Eperonniers, pour désigner une sorte d’embouchure dont la liberté de langue ou l’espace qui forme cette liberté, diminue toûjours à-mesure que le canon s’éleve & jusqu’au point de la terminaison du montant. Il est des gorges de pigeon brisées, il en est de non brisées. Voyez Mors. (e)

* Gorge, (Architecture.) espece de moulure concave, plus large & plus profonde qu’une scotie ; elle se pratique aux cadres, chambranles, & ailleurs.

La gorge d’une cheminée, c’est la partie comprise depuis le manteau jusque sous le couronnement du manteau ; il y en a de droites ou à-plomb, en adoucissement ou conge, en balustre, en campane ou cloche. Voyez Gorgerin. Chambers.

Gorge ; les Artificiers appellent ainsi l’orifice d’une fusée dont le cartouche est étranglé sans être fermé, & dont le trou est précédé d’une espece d’écuelle concave qui sert à contenir l’amorce.

Gorge, en terme de Fondeur de cloches, est le renflement compris depuis les faussures jusqu’au bord ou arrondissement de la cloche. Voyez la fig. I. Pl. de la Fonderie des cloches, & l’art. Fonte des Cloches.

Gorge, chez les Orfevres en grosserie, est un petit collet qui commence la monture d’un chandelier ou autre ouvrage ; il peut aussi y en avoir à différens endroits de cette monture, selon le goût de l’artiste & l’effet qu’elles produisent dans son ouvrage.

Gorge, (Serrurerie.) il se dit de la partie d’un ressort à laquelle répond la barbe du pêne, lorsque le panneton de la clé est mû pour ouvrir & fermer ; la gachette a aussi sa gorge. Voyez dans nos Planches de Serrurerie, la gorge du ressort & de la gachette.

Gorge, (Tourneur.) ce nom se donne aux bâtons tournés qu’on met au bas & au haut des planches & des cartes de Géographie qui les tiennent tendues quand elles sont déployées, & sur lesquels on les tourne pour les serrer.

Gorge, (Vénerie.) on dit d’un chien qu’il a belle gorge, c’est-à-dire qu’il a l’aboyement vigoureux & retentissant.

Gorge, (Fauconnerie.) est la poche ou sachet supérieur des oiseaux de proie : il faut donner grosse gorge à l’oiseau, c’est-à-dire de la viande grossiere & non trempée dans l’eau, non essuyée, en un mot leur faire faire une mauvaise chere.

On appelle gorge chaude la viande chaude qu’on donne aux oiseaux de proie, & qu’on prend du gibier qu’ils ont attrapé.

On dit aussi donner bonne gorge, quand les Fauconniers repaissent les oiseaux ; demi-gorge ou quart de gorge, selon que l’on les veut traiter.

Enduire ou digérer sa gorge, se dit de l’aliment que l’oiseau a pris : on dit, l’oiseau a digéré sa gorge, lorsque cette gorge passe vîte & que l’oiseau émeutit incontinent sans prendre nourriture : on tient que c’est un mauvais signe, qu’il devient éthique ; ce qu’on appelle mal subtil.

Gorge-rouge, rubecula, erithacus, s. m. (Hist. nat. Ornitholog.) petit oiseau qui pese une demi-once ; il a un demi-pié de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue ; l’envergure est de neuf pouces. La poitrine a une couleur rouge ou orangée, qui a fait donner à cet oiseau le nom de gorge-rouge : cette même couleur entoure les yeux & la partie supérieure du bec ; il y a une bande bleue entre la couleur rougeâtre & la couleur du reste de la tête & du cou. Le ventre est blanc ; la tête, le cou, le dos & la queue, sont de couleur brune, verdâtre ou jaunâtre, comme dans les grives. La face intérieure des ailes est legerement teinte de couleur orangée ; les barbes extérieures des grandes plumes sont presque toutes de la même couleur que le dos : les bords intérieurs sont jaunâtres. La queue a deux pouces & demi de longueur, & elle est composée de douze plumes. Le bec est mince & de couleur brune ; la langue est fourchue ; l’iris des yeux a une couleur de noisette ; les pattes, les doigts, & les ongles, sont de couleur brune mêlée de noir.

L’hyver ces oiseaux approchent des maisons pour chercher à manger : en été dès qu’ils peuvent trouver de quoi se nourrir dans les bois, & que le froid ne se fait plus sentir, ils se retirent avec leurs petits dans les lieux les plus deserts. Ils aiment la solitude : d’où vient le proverbe qui dit, « deux gorges-rouges ne vivent pas sous le même arbuste » : unicum arbustum non alit duos erithacos.

Cet oiseau fait son nid parmi les épines, dans les endroits les plus touffus des bois & les plus remplis de feuilles de chêne, & il le couvre avec ces feuilles : on dit qu’il n’y entre que par un seul endroit, & que toutes les fois qu’il en sort, il ferme l’ouverture avec les mêmes feuilles. On distingue le mâle de la femelle, par les pattes qui sont plus noires, & par quelques poils qu’il a de chaque côté du bec. Ces oiseaux se nourrissent de petits vers & d’autres insectes, d’œufs de fourmis, &c. Willughbi, ornith. Voyez Oiseau. (I)