L’Encyclopédie/1re édition/EGYPTIENS

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* EGYPTIENS, (Philosophie des) Histoire de la Philosophie. L’histoire de l’Egypte est en général un cahos où la chronologie, la religion & la philosophie sont particulierement remplies d’obscurités & de confusion.

Les Egyptiens voulurent passer pour les peuples les plus anciens de la terre, & ils en imposerent sur leur origine. Leurs prêtres furent jaloux de conserver la vénération qu’on avoit pour eux, & ils ne transmirent à la connoissance des peuples, que le vain & pompeux étalage de leur culte. La réputation de leur sagesse prétendue devenoit d’autant plus grande, qu’ils en faisoient plus de mystere ; & ils ne la communiquerent qu’à un petit nombre d’hommes choisis, dont ils s’assûrerent la discrétion par les épreuves les plus longues & les plus rigoureuses.

Les Egyptiens eurent des rois, un gouvernement, des lois, des Sciences, des Arts, long-tems avant que d’avoir aucune écriture ; en conséquence, des fables accumulées pendant une longue suite de siecles, corrompirent leurs traditions. Ce fut alors qu’ils recoururent à l’hyérogliphe ; mais l’intelligence n’en fut ni assez facile ni assez générale pour se conserver.

Les différentes contrées de l’Egypte souffrirent de fréquentes inondations, ses anciens monumens furent renversés, ses premiers habitans se disperserent, un peuple étranger s’établit dans ses provinces desertes ; des guerres qui succéderent, répandirent parmi les nouveaux Egyptiens, des transfuges de toutes les nations circonvoisines. Les connoissances, les coûtumes, les usages, les cérémonies, les idiomes, se mêlerent & se confondirent. Le vrai sens de l’hyérogliphe, confié aux seuls prêtres, s’évanoüit, on fit des efforts pour le retrouver. Ces tentatives donnerent naissance à une multitude incroyable d’opinions & de sectes. Les historiens écrivirent les choses comme elles étoient de leur tems ; mais la rapidité des évenemens jetta dans leurs écrits une diversité nécessaire. On prit ces différences pour des contradictions ; on chercha à concilier sur une même date, ce qu’il falloit rapporter à plusieurs époques. On étoit égaré dans un labyrinthe de difficultés réelles ; on en compliqua les détours pour soi-même & pour la postérité, par les difficultés imaginaires qu’on se fit.

L’Egypte étoit devenue une énigme presqu’indéchifrable pour l’Egyptien même, voisin encore de la naissance du monde, selon notre chronologie. Les pyramides portoient, au tems d’Hérodote, des inscriptions dans une langue & des caracteres inconnus ; le motif qu’on avoit eu d’élever ces masses énormes, étoit ignoré. A mesure que les tems s’éloignoient, les siecles se projettoient les uns sur les autres ; les évenemens, les noms, les hommes, les époques, dont rien ne fixoit la distance, se rapprochoient imperceptiblement, & ne se distinguoient plus ; toutes les transactions sembloient se précipiter pêle-mêle dans un abysme obscur, au fond duquel les hiérophantes faisoient appercevoir à l’imagination des naturels & à la curiosité des étrangers, tout ce qu’il falloit qu’ils y vissent pour la gloire de la nation & pour leur intérêt.

Cette supercherie soûtint leur ancienne réputation. On vint de toutes les contrées du monde connu chercher la sagesse en Egypte. Les prêtres égyptiens eurent pour disciples Moyse, Orphée, Linus, Platon, Pythagore, Démocrite, Thalès, en un mot tous les philosophes de la Grece. Ces philosophes, pour accréditer leurs systèmes, s’appuyerent de l’autorité des hiérophantes. De leur côté, les hiérophantes profiterent du témoignage même des philosophes, pour s’attribuer leurs découvertes. Ce fut ainsi que les opinions qui divisoient les sectes de la Grece, s’établirent successivement dans les gymnases de l’Egypte. Le platonisme & le pythagorisme sur-tout y laisserent des traces profondes ; ces doctrines porterent des nuances plus ou moins fortes sur celles du pays ; les nuances qu’elles affecterent d’en prendre, acheverent la confusion. Jupiter devint Osiris ; on prit Typhon pour Pluton. On ne vit plus de différence entre l’adès & l’amenthès. On fonda de part & d’autre l’identité sur les analogies les plus légeres. Les philosophes de la Grece ne consulterent là-dessus que leur sécurité & leurs succès ; les prêtres de l’Egypte, que leur intérêt & leur orgueil. La sagesse versatile de ceux-ci changea au gré des conjonctures. Maîtres des livres sacrés, seuls initiés à la connoissance des caracteres dans lesquels ils étoient écrits, séparés du reste des hommes & renfermés dans des séminaires dont la puissance des souverains faisoit à peine entr’ouvrir les portes, rien ne les compromettoit. Si l’autorité les contraignoit à admettre à la participation de leurs mysteres quelque esprit naturellement ennemi du mensonge & de la charlatannerie, ils le corrompoient & le déterminoient à seconder leurs vûes, ou ils le rebutoient par des devoirs pénibles & un genre de vie austere. Le néophite le plus zélé étoit forcé de se retirer ; & la doctrine ésotérique ne transpiroit jamais.

Tel étoit à peu-près l’état des choses en Egypte, lorsque cette contrée fut inondée de Grecs & de Barbares qui y entrerent à la suite d’Alexandre ; source nouvelle de révolutions dans la théologie & la philosophie égyptiennes. La philosophie orientale pénétra dans les sanctuaires d’Egypte, quelques siecles avant la naissance de Jesus-Christ. Les notions judaïques & cabalistiques s’y introduisirent sous les Ptolemées. Au milieu de cette guerre intestine & générale que la naissance du Christianisme suscita entre toutes les sectes de philosophes, l’ancienne doctrine égyptienne se défigura de plus en plus. Les hiérophantes devenus syncrétistes, chargerent leur théologie d’idées philosophiques, à l’imitation des philosophes qui remplissoient leur philosophie d’idées théologiques. On négligea les livres anciens. On écrivit le système nouveau en caracteres sacrés ; & bien-tôt ce système fut le seul dont les hiérophantes conserverent quelque connoissance. Ce fut dans ces circonstances que Sanchoniaton, Manethon, Asclépiade, Palefate, Cheremon, Hécatée, publierent leurs ouvrages. Ces auteurs écrivoient d’une chose que ni eux ni personne n’entendoient déja plus. Qu’on juge par-là de la certitude des conjectures de nos auteurs modernes, Kircher, Marsham, Witsius, qui n’ont travaillé que d’après des monumens mutilés & que sur les fragmens très-suspects des disciples des derniers hiérophantes.

Theut, qu’on appelle aussi Thoyt & Thoot, passe pour le premier fondateur de la sagesse égyptienne. On dit qu’il fut chef du conseil d’Osiris ; que ce prince lui communiqua ses vûes ; que Thoot imagina plusieurs arts utiles ; qu’il donna des noms à la plûpart des êtres de la nature ; qu’il apprit aux hommes à conserver la mémoire des faits par la voie du symbole ; qu’il publia des lois ; qu’il institua les cérémonies religieuses ; qu’il observa le cours des astres ; qu’il cultiva l’olivier ; qu’il inventa la lyre & l’art palestrique, & qu’en reconnoissance de ses travaux, les peuples de l’Egypte le placerent au rang des dieux, & donnerent son nom au premier mois de leur année.

Ce Theut fut un des Hermès de la Grece, & c’est au sentiment de Ciceron, le cinquieme Mercure des Latins. Mais à juger de l’antiquité de ce personnage par les découvertes qu’on lui attribue, Marsham a raison de prétendre que Ciceron s’est trompé.

L’Hermès fils d’Agathodemon & pere de Tat, ou le second Mercure, succede à Thoot dans les annales historiques ou fabuleuses de l’Egypte. Celui-ci perfectionna la Théologie ; découvrit les premiers principes de l’arithmétique & de la géométrie ; sentit l’inconvénient des images symboliques ; leur substitua l’hyérogliphe ; & éleva des colonnes sur lesquelles il fit graver dans les nouveaux caracteres qu’il avoit inventés, les choses qu’il crut dignes de passer à la postérité ; ce fut ainsi qu’il se proposa de fixer l’inconstance de la tradition ; les peuples lui dresserent des autels & célebrerent des fêtes en son honneur.

L’Egypte fut desolée par des guerres intestines & étrangeres. Le Nil rompit ses digues ; il se fit des ouvertures qui submergerent une grande partie de la contrée. Les colonnes d’Agathodemon furent renversées ; les sciences & les arts se perdirent ; & l’Egypte étoit presque retombée dans sa premiere barbarie, lorsqu’un homme de génie s’avisa de recueillir les débris de la sagesse ancienne ; de rassembler les monumens dispersés ; de rechercher la clé des hyérogliphes, d’en augmenter le nombre & d’en confier l’intelligence & le dépôt à un college de prêtres. Cet homme fut le troisieme fondateur de la sagesse des Egyptiens. Les peuples le mirent aussi au nombre des dieux, & l’adorerent sous le nom d’Hermès Trismégiste.

Tel fut donc, selon toute apparence, l’enchaînement des choses. Le tems qui efface les défauts des grands hommes & qui releve leurs qualités, augmenta le respect que les Egyptiens portoient à la mémoire de leurs fondateurs, & ils en firent des dieux. Le premier de ces dieux inventa les arts de nécessité. Le second fixa les évenemens par des symboles. Le troisieme substitua au symbole l’hyérogliphe plus commode ; & s’il m’étoit permis de pousser la conjecture plus loin, je ferois entrevoir le motif qui détermina les Egyptiens à construire leurs pyramides ; & pour vanger ces peuples des reproches qu’on leur a faits, je représenterois ces masses énormes dont on a tant blâmé la vanité, la pesanteur, les dépenses & l’inutilité, comme les monumens destinés à la conservation des sciences, des arts & de toutes les connoissances utiles de la nation égyptienne.

En effet, lorsque les monumens du premier ou du second Mercure eurent été détruits, de quel côté se dûrent porter les vûes des hommes, pour se garantir de la barbarie dont on les avoit retirés, conserver les lumieres qu’ils acquéroient de jour en jour, prévenir les suites des révolutions fréquentes auxquelles ils étoient exposés dans ces tems reculés où tous les peuples sembloient se mouvoir sur la surface de la terre, & obvier aux évenemens destructeurs dont la nature de leur climat les menaçoit particulierement ? Fut-ce de chercher un autre moyen, ou de perfectionner celui qu’ils possédoient ? fut-ce d’assûrer de la durée à l’hyérogliphe, ou de passer de l’hyérogliphe à l’écriture ? mais l’intervalle de l’hyérogliphe à l’écriture est immense. La métaphysique qui rapprocheroit ces découvertes & qui les enchaîneroit l’une à l’autre, seroit mauvaise. La figure symbolique est une peinture de la chose. Il y a le même rapport entre la chose & l’hyérogliphe : mais l’écriture est une expression des voix. Ici le rapport change ; ce n’est plus un art inventé qu’on perfectionne, c’est un nouvel art qu’on invente, & un art qui a ce caractere particulier que l’invention en dut être totale & complete. C’est une observation de M. Duclos, de l’Académie françoise, qui me paroît avoir jetté sur cette matiere un coup d’œil plus philosophique qu’aucun de ceux qui l’ont précédé.

Le génie rare, capable de réduire à un nombre borné l’infinie variété des sons d’une langue, de leur donner des signes, de fixer pour lui-même la valeur de ces signes, & d’en rendre aux autres l’intelligence commune & familiere, ne s’étant point rencontré parmi les Egyptiens, dans la circonstance où il leur auroit été le plus utile ; ces peuples pressés entre l’inconvénient & la nécessité d’attacher la mémoire des faits à des monumens, ne dûrent naturellement penser qu’à en construire d’assez solides pour résister éternellement aux plus grandes révolutions. Tout semble concourir à fortifier cette opinion ; l’usage antérieur de confier à la pierre & au relief l’histoire des connoissances & des transactions ; les figures symboliques qui subsistent encore au milieu des plus anciennes ruines du monde, celles de Persepolis où elles représentent les principes du gouvernement ecclésiastique & civil ; les colonnes sur lesquelles Theut grava les premiers caracteres hyérogliphiques ; la forme des nouvelles pyramides sur lesquelles on se proposa, si ma conjecture est vraie, de fixer l’état des sciences & des arts dans l’Egypte ; leurs angles propres à marquer les points cardinaux du monde & qu’on a employés à cet usage ; la dureté de leurs matériaux qui n’ont pû se tailler au marteau, mais qu’il a fallu couper à la scie : la distance des carrieres d’où ils ont été tirés, aux lieux où ils ont été mis en œuvre ; la prodigieuse solidité des édifices qu’on en a construits ; leur simplicité, dans laquelle on voit que la seule chose qu’on se soit proposée, c’est d’avoir beaucoup de solidité & de surface ; le choix de la figure pyramidale ou d’un corps qui a une base immense & qui se termine en pointe ; le rapport de la base à la hauteur ; les frais immenses de la construction ; la multitude d’hommes & la durée du tems que ce travail a consommés ; la similitude & le nombre de ces édifices ; les machines dont ils supposent l’invention ; un goût décidé pour les choses utiles, qui se reconnoît à chaque pas qu’on fait en Egypte ; l’inutilité prétendue de toutes ces pyramides comparées avec la haute sagesse des peuples. Tout bon esprit qui pesera ces circonstances, ne doutera pas un moment que ces monumens n’ayent été construits pour être couverts un jour de la science politique, civile & religieuse de la contrée ; que cette ressource ne soit la seule qui ait pû s’offrir à la pensée, chez des peuples qui n’avoient point encore d’écriture & qui avoient vû leurs premiers édifices renversés ; qu’il ne faille regarder les pyramides comme les bibles de l’Egypte, dont les tems & les révolutions avoient peut-être détruit les caracteres plusieurs siecles avant l’invention de l’écriture ; que c’est la raison pour laquelle cet évenement ne nous a point été transmis ; en un mot que ces masses loin d’éterniser l’orgueil ou la stupidité de ces peuples, sont des monumens de leur prudence & du prix inestimable qu’ils attachoient à la conservation de leurs connoissances. Et la preuve qu’ils ne se sont point trompés dans leur raisonnement, c’est que leur ouvrage a résisté pendant une suite innombrable de siecles, à l’action destructive des élémens qu’ils avoient prévûe ; & qu’il n’a été endommagé que par la barbarie des hommes contre laquelle les sages égyptiens ou n’ont point pensé à prendre des précautions, ou ont senti l’impossibilité d’en prendre de bonnes. Tel est notre sentiment sur la construction des pyramides de l’Egypte ; il seroit bien étonnant que dans le grand nombre de ceux qui ont écrit de ces édifices, personne n’eût rencontré une conjecture qui se présente si naturellement.

Si l’on fait remonter l’institution des prêtres égyptiens jusqu’au tems d’Hermès Trismégiste, il n’y eut dans l’état aucun ordre de citoyens plus ancien que l’ordre ecclésiastique ; & si l’on examine avec attention quelques-unes des lois fondamentales de cette institution, on verra combien il étoit impossible que l’ordre des hiérophantes ne devînt pas nombreux, puissant, redoutable, & qu’il n’entraînât pas tous les maux dont l’Egypte fut desolée.

Il n’en étoit pas dans l’Egypte ainsi que dans les autres contrées du monde payen où un temple n’avoit qu’un prêtre & qu’un dieu. On adoroit dans un seul temple égyptien un grand nombre de dieux. Il y avoit un prêtre au moins pour chaque dieu, & un séminaire de prêtres pour chaque temple. Combien n’étoit-il pas facile de prendre trop de goût pour un état où l’on vivoit aisément sans rien faire ; où placé à côté de l’autel, on partageoit l’hommage avec l’idole, & l’on voyoit les autres hommes prosternés à ses piés ; où l’on en imposoit aux souverains mêmes ; où l’on étoit regardé comme le ministre d’en-haut & l’interprete de la volonté du ciel ; où le caractere sacré dont on étoit revêtu permettoit beaucoup d’injustices, & mettoit presque toûjours à couvert du châtiment ; où l’on avoit la confiance des peuples ; où l’on dominoit sur les familles dont on possédoit les secrets ; en un mot où l’on réunissoit en sa personne, la considération, l’autorité, l’opulence, la fainéantise & la sécurité. D’ailleurs il étoit permis aux prêtres Egyptiens d’avoir des femmes, & il est d’expérience que les femmes des ministres sont très-fécondes.

Mais pour que l’hyérophantisme engloutît tous les autres états & ruinât plus sûrement encore la nation, la prêtrise égyptienne fut une de ces professions dans lesquelles les fils étoient obligés de succéder à leurs peres. Le fils d’un prêtre étoit prêtre-né ; ce qui n’empêchoit point qu’on ne pût entrer dans l’ordre écclésiastique sans être de famille sacerdotale. Cet ordre enlevoit donc continuellement des membres aux autres professions, & ne leur en restituoit jamais aucun.

Mais il en étoit des biens & des acquisitions ainsi que des personnes. Ce qui avoit appartenu une fois aux prêtres ne pouvoit plus retourner aux laïcs. La richesse des prêtres alloit toûjours en croissant comme leur nombre. D’ailleurs la masse des superstitions lucratives d’une contrée suit la proportion de ses prêtres, de ses devins, de ses augures, de ses diseurs de bonne avanture, & de tous ceux en général qui tirent leur subsistance de leur commerce avec le ciel.

Ajoûtons à ces considérations qu’il n’y avoit peut-être sur la surface de la terre aucun sol plus favorable à la superstition que l’Egypte. Sa fécondation étoit un prodige annuel. Les phénomenes qui accompagnoient naturellement l’arrivée des eaux, leur séjour & leur retraite portoient les esprits à l’étonnement. L’émigration réguliere des lieux bas vers les lieux hauts ; l’oisiveté de cette demeure ; le tems qu’on y donnoit à l’étude de l’astronomie ; la vie sédentaire & renfermée qu’on y menoit ; les météores, les exhalaisons, les vapeurs sombres & malsaines qui s’élevoient de la vase de toute une vaste contrée, trempée d’eau & frappée d’un soleil ardent ; les monstres qu’on y voyoit éclore ; une infinité d’évenemens produits dans le mouvement général de toute l’Egypte s’enfuyant à l’arrivée de son fleuve, & redescendant des montagnes à mesure que les plaines se découvroient ; tant de causes ne pouvoient manquer de rendre cette nation superstitieuse ; car la superstition est par-tout une suite nécessaire des phénomenes surprenans dont les raisons sont ignorées.

Mais lorsque dans une contrée le rapport de ceux qui travaillent à ceux qui ne font rien, va toûjours en diminuant, il faut à la longue que les bras qui s’occupent ne puissent plus suppléer à l’inaction de ceux qui demeurent oisifs, & que la condition de la fainéantise y devienne onéreuse à elle-même. Ce fut aussi ce qui arriva en Egypte ; mais le mal étoit alors trop grand pour y remédier. Il fallut abandonner les choses à leur torrent. Le gouvernement en fut ébranlé. L’indigence & l’esprit d’intérêt engendrerent parmi les prêtres l’esprit d’intolérance. Les uns prétendirent qu’on adorât exclusivement les gruës ; d’autres voulurent qu’il n’y eût de vrai dieu que le crocodile. Ceux-ci ne prêcherent que le culte des chats, & anathématiserent le culte des oignons. Ceux-là condamnerent les mangeurs de féves à être brûles comme des impies. Plus ces articles de croyance étoient ridicules, plus les prêtres y mirent de chaleur. Les séminaires se soûleverent les uns contre les autres ; les peuples crurent qu’il s’agissoit du renversement des autels & de la ruine de la religion, tandis qu’au fond il n’étoit question entre les prêtres que de s’attirer la confiance & les offrandes des peuples. On prit les armes, on se battit, & la terre fut arrosée de sang.

L’Egypte fut superstitieuse dans tous les tems ; parce que rien ne nous garantit entierement de l’influence du climat, & qu’il n’y a guere de notions antérieures dans notre esprit à celles qui nous viennent du spectacle journalier du sol que nous habitons. Mais le mal n’étoit pas aussi général sous les premiers dépositaires de la sagesse de Trismégiste, qu’il le devint sous les derniers hyérophantes.

Les anciens prêtres de l’Egypte prétendoient que leurs dieux étoient adorés même des barbares. En effet le culte en étoit répandu dans la Chaldée, dans presque toutes les contrées de l’Asie, & l’on en retrouve encore aujourd’hui des traces très-distinctes parmi les céremonies religieuses de l’Inde. Ils regardoient Osiris, Isis, Orus, Hermès, Anubis, comme des ames célestes qui avoient généreusement abandonné le sejour de la félicité suprème, pris un corps humain & accepté toute la misere de notre condition, pour converser avec nous, nous instruire de la nature du juste & de l’injuste, nous communiquer les sciences & les arts, nous donner des lois, & nous rendre plus sages & moins malheureux. Ils se disoient descendans de ces êtres immortels, & les héritiers de leur divin esprit. Doctrine excellente à débiter aux peuples ; aussi n’y avoit-il anciennement aucun culte superstitieux dont les ministres n’eussent quelque prétention de cette nature ; ils réunirent quelquefois la souveraineté avec le sacerdoce. Ils étoient distribués en différentes classes employées à différens exercices, & distinguées par des marques particulieres. Ils avoient renoncé à toute occupation manuelle & prophane. Ils erroient sans cesse entre les simulacres des dieux, la démarche composée, l’air austere, la contenance droite, & les mains renfermées sous leurs vêtemens. Une de leurs fonctions principales étoit d’exhorter les peuples à garder un attachement inviolable pour les usages du pays ; & ils avoient un assez grand intérêt à bien remplir ce devoir du sacerdoce. Ils observoient le ciel pendant la nuit ; ils avoient des purifications pour le jour. Ils célebroient un office qui consistoit à chanter quelques hymnes le matin, à midi, l’après-midi, & le soir. Ils remplissoient les intervalles par l’étude de l’arithmétique, de la géométrie & de la physique expérimentale, περὶ τὴν ἐμπειρίαν. Leur vêtement étoit propre & modeste ; c’étoit une étoffe de lin. Leur chaussure étoit une natte de jonc. Ils pratiquoient sur eux la circoncision. Ils se rasoient tout le corps. Ils s’abluoient d’eau froide trois fois par jour. Ils buvoient peu de vin. Ils s’interdisoient le pain dans les tems de purification, ou ils y mêloient de l’hyssope. L’huile & le poisson leur étoient absolument défendus. Ils n’osoient pas même semer des féves. Voici l’ordre & la marche d’une de leurs processions.

Les chantres étoient à la tête, ayant à la main quelques symboles de l’art musical. Les chantres étoient particulierement versés dans les deux livres de Mercure qui renfermoient les hymnes des dieux & les maximes des rois.

Ils étoient suivis des tireurs d’horoscopes, portant la palme & le cadran solaire, les deux symboles de l’astrologie judiciaire. Ceux-ci étoient savans dans les quatre livres de Mercure sur les mouvemens des astres, leur lumiere, leur coucher, leur lever, les conjonctions & les oppositions de la lune & du soleil.

Après les tireurs d’horoscopes, marchoient les scribes des choses sacrées, une plume sur la tête, l’écritoire, l’encrier & le jonc à la main. Ils avoient la connoissance de l’hyérogliphe, de la cosmologie, de la géographie, du cours du soleil, de la lune & des autres planetes, de la topographie de l’Egypte & des lieux consacrés, des mesures, & de quelques autres objets relatifs à la politique & à la religion.

Après les horoscopistes venoient ceux qu’on appelloit les stolites, avec les symbobes de la justice, & les coupes de libations. Ils n’ignoroient rien de ce qui concerne le choix des victimes, la discipline des temples, le culte divin, les cérémonies de la religion, les sacrifices, les prémices, les hymnes, les prieres, les fêtes, les pompes publiques, & autres matieres qui composoient dix des livres de Mercure.

Les prophetes fermoient la procession. Ils avoient la poitrine nue ; ils portoient dans leur sein découvert l’hydria ; ceux qui veilloient aux pains sacrés les accompagnoient. Les prophetes étoient initiés à tout ce qui a rapport à la nature des dieux & à l’esprit des lois ; ils présidoient à la répartition des impôts ; & les livres sacerdotaux, qui contenoient leur science, étoient au nombre de dix.

Toute la sagesse égyptienne formoit quarante-deux volumes, dont les six derniers, à l’usage des pastophores, traitoient de l’Anatomie, de la Medecine, des maladies, des remedes, des instrumens, des yeux, & des femmes. Ces livres étoient gardés dans les temples. Les lieux où ils étoient déposés, n’étoient accessibles qu’aux anciens d’entre les prêtres. On n’initioit que les naturels du pays, qu’on faisoit passer auparavant par de longues épreuves. Si la recommandation d’un souverain contraignoit à admettre dans un séminaire quelque personnage étranger, on n’épargnoit rien pour le rebuter. On enseignoit d’abord au néophite l’épistolographie, ou la forme & la valeur des caracteres ordinaires. De-là il passoit à la connoissance de l’Ecriture-sainte ou de la science du sacerdoce, & son cours de théologie finissoit par les traités de l’hyérogliphe ou du style lapidaire, qui se divisoit en caracteres parlans, symboliques, imitatifs, & allégoriques.

Leur philosophie morale se rapportoit principalement à la commodité de la vie & à la science du gouvernement. Si l’on considere qu’au sortir de leur école, Thalès sacrifia aux dieux, pour avoir trouvé le moyen de décrire le cercle & de mesurer le triangle ; & que Pythagore immola cent bœufs, pour avoir découvert la propriété du quarré de l’hypothenuse, on n’aura pas une haute opinion de leur géométrie. Leur astronomie se reduisoit à la connoissance du lever & du coucher des astres, des aspects des planetes, des solstices, des équinoxes, des parties du zodiaque ; connoissance qu’ils appliquoient à des calculs astrologiques & généthliaques. Eudoxe publia les premieres idées systématiques sur le mouvement des corps célestes ; Thalès prédit la premiere éclipse : soit que ce dernier en eût inventé la méthode, soit qu’il l’eût apprise en Egypte, qu’étoit-ce que l’astronomie égyptienne ? il y a toute apparence que leurs observations ne devoient leur réputation qu’à l’inexactitude de celles qu’on faisoit ailleurs. La gamme de leur musique avoit trois tons, & leur lyre trois cordes. Il y avoit long-tems que Pythagore avoit cessé d’être leur disciple, lorsqu’il s’occupoit encore à chercher les rapports des intervalles des sons. Un long usage d’embaumer les corps auroit dû perfectionner leur medecine ; cependant ce qu’on en peut dire de mieux, c’est qu’ils avoient des medecins pour chaque partie du corps & pour chaque maladie. C’étoit du reste un tissu de pratiques superstitieuses, très-commodes pour pallier l’inefficacité des remedes & l’ignorance du medecin. Si le malade ne guérissoit pas, c’est qu’il avoit la conscience en mauvais état. Tout ce que Borrichius a débité de leur chimie, n’est qu’un délire érudit ; il est démontré que la question de la transmutation des métaux n’avoit point été agitée avant le regne de Constantin. On ne peut nier qu’ils n’ayent pratiqué de tems immémorial l’astrologie judiciaire ; mais, les en estimerons-nous beaucoup davantage ? Ils ont eu d’excellens magiciens, témoin leur querelle avec Moyse en présence de Pharaon, & la métamorphose de leurs verges en serpens. Ce tour de sorcier est un des plus forts dont il soit fait mention dans l’Histoire. Ils ont eu deux théologies, l’une ésotérique & l’autre exotérique. La premiere consistoit à n’admettre d’autre dieu que l’univers, d’autres principes des êtres que la matiere & le mouvement. Osiris étoit le soleil, la lune étoit Isis. Ils disoient : au commencement tout étoit confondu : le ciel & la terre n’étoient qu’un ; mais dans le tems les élémens se séparerent. L’air s’agita : sa partie ignée portée au centre, forma les astres & alluma le soleil. Son sédiment grossier ne resta pas sans mouvement. Il se roula sur lui-même, & la terre parut. Le soleil échauffa cette masse inerte ; les germes qu’elle contenoit fermenterent, & la vie se manifesta sous une infinité de formes diverses. Chaque être vivant s’élança dans l’élément qui lui convenoit. Le monde, ajoûtoient-ils, a ses révolutions périodiques, à chacune desquelles il est consumé par le feu. Il renaît de sa cendre, pour subir le même sort à la fin d’une autre révolution. Ces révolutions n’ont point eu de commencement & n’auront point de fin. La terre est un globe sphérique. Les astres sont des amas de feu. L’influence de tous les corps célestes conspire à la production & à la diversité des corps terrestres. Dans les éclipses de lune, ce corps est plongé dans l’ombre de la terre. La lune est une espece de terre planétaire.

Les Egyptiens persisterent dans le matérialisme, jusqu’à ce qu’on leur en eut fait sentir l’absurdité. Alors ils reconnurent un principe intelligent, l’ame du monde, présent à tout, animant tout, & gouvernant tout selon des lois immuables. Tout ce qui étoit, en émanoit ; tout ce qui cessoit d’être, y retournoit : c’étoit la source & l’abysme des existences. Ils furent successivement Déistes, Platoniciens, Manichéens, selon les conjonctures & les systèmes dominans. Ils admirent l’immortalité de l’ame. Ils prierent pour les morts. Leur amenthès fut une espece d’enfer ou d’élisée. Ils faisoient aux moribonds la recommandation de l’ame en ces termes : Sol omnibus imperans, vos dii universi qui vitam hominibus largimini, me accipite ; & diis æternis contubernalem futurum reddite. Selon eux les ames des justes rentroient dans le sein du grand principe, immédiatement après la séparation d’avec le corps. Celles des méchans se purifioient ou se dépravoient encore davantage, en circulant dans le monde sous de nouvelles formes. La matiere étoit éternelle ; elle n’avoit été ni émanée, ni produite, ni créée. Le monde avoit eu un commencement, mais la matiere n’avoit point commencé & ne pouvoit finir. Elle existoit par elle même, ainsi que le principe immatériel. Le principe immatériel étoit l’être éternel qui informe ; la matiere étoit l’être éternel qui est informé. Le mariage d’Osiris & d’Isis étoit une allégorie de ce système. Osiris & Isis engendrerent Orus ou l’univers, qu’ils regardoient comme l’acte du principe actif appliqué au principe passif.

La maxime fondamentale de leur théologie exotérique, fut de ne rejetter aucune superstition étrangere ; conséquemment il n’y eut point de dieu persécuté sur la surface de la terre, qui ne trouvât un asyle dans quelque temple égyptien ; on lui en ouvroit les portes, pourvû qu’il se laissât habiller à la maniere du pays. Le culte qu’ils rendirent aux bêtes, & à d’autres êtres de la nature, fut une suite assez naturelle de l’hyérogliphe. Les figures hyérogliphiques représentées sur la pierre, désignerent dans les commencemens différens phenomenes de la nature ; mais elles devinrent pour le peuple des représentations de la divinité, lorsque l’intelligence en fut perdue & qu’elles n’eurent plus de sens ; de-là cette foule de dieux de toute espece, dont l’Egypte étoit remplie ; de-là ces contestations sanglantes qui s’éleverent entre les prêtres, lorsque la partie laborieuse de la nation ne fut plus en état de fournir à ses propres besoins, & en même tems aux besoins de la portion oisive. Summus utrimque inde furor, vulgò quod numina vicinorum odit uterque locus, cum solos dicat habendos esse deos quos ipse colit.

Ce seroit ici le lieu de parler des antiquités égyptiennes, & des auteurs qui ont écrit de la théologie & de la philosophie des Egyptiens : mais la plûpart de ces auteurs ont disparû dans l’incendie de la bibliotheque d’Alexandrie ; ce qui nous en reste est apocryphe, si l’on en excepte quelques fragmens conserves en citations dans d’autres ouvrages. Sanchoniaton est sans autorité. Manéthon étoit de Diospolis ou de Sébennis : il vécut sous Ptolémée Philadelphe. Il écrivit beaucoup de l’histoire de la philosophie & de la théologie des Egyptiens. Voici le jugement qu’Eusebe a porté de ses ouvrages : ex columnis, dit Eusebe, in syriadicâ terrâ positis, quibus sacrâ dialecto sacræ erant notæ insculptæ à Thoot, primo Mercurio ; post diluvium verò ex sacrâ linguâ in græcam notis ibidem sacris versæ fuerunt ; interque libros in ædita ægyptia relatæ ab Agatho dæmone, altero Mercurio patre Tat ; unde ipse ait libros scriptos ab avo Mercurii Trismegisti…..Quel fond pourrions-nous faire sur cette traduction de traduction de symboles en hyerogliphes, d’hyerogliphes en caracteres égyptiens sacrés, de caracteres égyptiens sacrés en lettres greques sacrées, de lettres greques sacrées en caractere ordinaire, quand l’ouvrage de Manethon seroit parvenu jusqu’à nous ?

La table Isiaque est une des antiquités égyptiennes les plus remarquables. Pierre Bembe la retira d’entre les mains d’un ouvrier qui l’avoit jettée parmi d’autres mitrailles. Elle passa de-là dans le cabinet de Vincent duc de Mantoue. Les Impériaux s’emparerent de Mantoue en 1630, & la table Isiaque disparut dans le sac de cette ville : un medecin du duc de Savoie la recouvra long-tems après, & la renferma parmi les antiquités de son souverain, où elle existe apparemment. Voyez-en la description au mot Isiaque. Que n’a-t-on point vû dans cette table : c’est un nuage où les figures se sont multipliées, selon qu’on avoit plus d’imagination & de connoissances. Rudbeck y a trouvé l’alphabet des Lapons, Fabricius les signes du zodiaque & les mois de l’année, Herwart les propriétés de l’aimant & la polarité de l’aiguille aimantée, Kircher, Pignorius, Witsius, tout ce qu’ils ont voulu ; ce qui n’empêchera pas ceux qui viendront après eux d’y voir encore tout ce qu’ils voudront ; c’est un morceau admirable pour ne laisser aux modernes, de leurs découvertes, que ce qu’on ne jugera pas digne d’être attribué aux anciens.

Egyptiens, ou plûtôt Bohémiens, s. m. plur. (Histoire mod.) espece de vagabonds déguisés, qui, quoiqu’ils portent ce nom, ne viennent cependant ni d’Egypte, ni de Boheme ; qui se déguisent sous des habits grossiers, barbouillent leur visage & leur corps, & se font un certain jargon ; qui rodent çà & là, & abusent le peuple sous prétexto de dire la bonne-avanture & de guérir les maladies, font des dupes, volent & pillent dans les campagnes.

L’origine de cette espece de vagabonds, qu’on nomme Egyptiens, mais plus souvent Bohémiens, est un peu obscure, & on n’a rien de bien certain sur l’étymologie de ce nom.

Il est vrai que les anciens Egyptiens passoient pour de grands fourbes, & étoient fameux par la finesse de leurs impostures. Peut-être cette idée a-t-elle consacré ce nom dans d’autres langues pour signifier fourbe, comme il est très-certain que les Grecs & les Latins l’ont employé en ce sens ; les anciens Egyptiens étant très-versés dans l’Astronomie, qu’on ne distinguoit guere alors de l’Astrologie, peut-être encore aura-t-on pû sur ce fondement donner le nom d’Egyptiens à ces diseurs de bonne-avanture.

Quoi qu’il en soit, il est peu de nations en Europe qui n’ayent de ces Egyptiens ; mais ils ne portent cependant pas par-tout le même nom.

Les Latins les appelloient ægyptii, & les Anglois les ont imités ; les Italiens les nomment zingari ou zingeri, les Allemans ziengner, les François Bohémiens, d’autres Sarrasins, & d’autres Tartares.

Monsther dans sa géographie, liv. III. ch. v. rapporte que ces vagabonds parurent pour la premiere fois en Allemagne en 1417, fort basanés & brûlés du soleil, & dans un équipage pitoyable, à l’exception de leurs chefs qui étoient assez bien vêtus, quoiqu’ils affectassent un air de qualité, traînant avec eux, comme des gens de condition, une meute de chiens de chasse. Il ajoûte qu’ils avoient des passeports du roi Sigismond de Boheme, & d’autres princes. Ils vinrent dix ans après en France, d’où ils passerent en Angleterre. Paquier dans ses recherches, liv. IV. chap. xjx. rapporte en cette sorte leur origine : « Le 17 Avril 1427, vinrent à Paris douze penanciers, c’est-à-dire pénitens, comme ils disoient, un duc, un comte, & dix hommes à cheval, qui se qualifioient chrétiens de la basse Egypte, chassés par les Sarrasins, qui étant venus vers le pape, confesserent leurs péchés, reçurent pour pénitence d’aller sept ans par le monde sans coucher en lit. Leur suite étoit d’environ 120 personnes, tant hommes que femmes & enfans, restans de douze cents qu’ils étoient à leur départ. On les logea à la Chapelle, où on les alloit voir en foule : ils avoient les oreilles percées où pendoit une boucle d’argent, leurs cheveux étoient très-noirs & crépés : leurs femmes très laides, sorcieres, larronnesses, & diseuses de bonne-avanture. L’évêque les obligea à se retirer, & excommunia ceux qui leur avoient montré leur main ».

Par l’ordonnance des états d’Orléans de l’an 1560, il fut enjoint à tous ces imposteurs, sous le nom de Bohémiens ou Egyptiens, de vuider le royaume à peine des galeres. Ils se diviserent alors en plus petites compagnies, & se répandirent dans toute l’Europe. Le premier tems où il en soit fait mention en Angleterre, c’est après ce troisieme réglement, savoir en 1565.

Raphaël de Volterre en fait mention, & dit que cette sorte de gens venoit originairement des Euxiens peuple de Perse. Dictionnaire de Trévoux & Chambers. (G)