L’Encyclopédie/1re édition/ISIAQUE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 912).
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ISIAQUE, s. m. (Littérat.) prêtre de la déesse Isis. On trouve les isiaques représentés vêtus de longues robes de lin, avec une besace, une clochette & une branche d’absynte marine à la main. Ils portoient quelquefois la statue d’Isis sur leurs épaules, & se servoient du sistre dans leurs cérémonies. Voyez Sistre.

Après avoir ouvert le temple de la déesse au lever du soleil, ils se prosternoient devant elle & chantoient ses louanges ; ensuite ils couroient une partie du jour pour demander l’aumône, revenoient le soir adorer de nouveau la statue d’Isis, l’accommoder, la couvrir, & refermer son temple.

Ils ne se couvroient les piés que d’écorce fine de la plante appellée papyrus ; ce qui a fait croire à plusieurs auteurs qu’ils alloient nuds piés. Ils étoient vêtus de lin, parce qu’Isis passoit pour avoir appris aux hommes à cultiver & à travailler cette plante. Ils ne mangeoient ni cochon ni mouton, se piquoient d’une grande austérité, & ne saloient jamais leurs viandes, pour être plus chastes. Ils mêloient beaucoup d’eau dans leur vin, & se rasoient très-souvent la tête ; c’est ce que nous disent Plutarque & Diodore de Sicile.

Mais l’histoire romaine nous apprend que ces prêtres mendians de leur profession, & si vertueux en apparence, se servoient souvent du voile de la religion pour pratiquer des intrigues criminelles. Ils s’insinuoient adroitement dans les maisons la besace sur l’épaule, & sous prétexte de quêtes pour leurs besoins, ils rendoient aux dames secretement des billets, & leur donnoient des rendez-vous de la part de leurs amans.

Ils étoient d’autant plus propres à ce commerce, qu’on les en soupçonnoit le moins, & que les temples d’Isis étoient les lieux où les femmes galantes faisoient le plus volontiers leurs stations. Aussi Ovide dit aux hommes : « Ne fuyez point le temple de la génisse du Nil ; elle enseigne aux dames à faire ce qu’elle a fait pour Jupiter ».

Nec fuge Niliacæ memphitica templa juvencæ,
Multas illa facit, quod fuit ipsa Jovi.

Et ailleurs il dit au garde de sa maîtresse : « Ne vas point t’informer de tout ce qui se peut pratiquer dans le sanctuaire de l’égyptienne Isis ».

Nec tu Niligenam fieri quid possit ad Isim Quæsieris.

En un mot, les prêtres isiaques étoient très-bien assortis à ces tems de la dépravation des mœurs. On sçait l’histoire de Pauline, qui fut violée dans un des temples d’Isis par Mundus, lequel s’étoit couvert de la peau d’un lion, afin de passer plus sûrement pour être le divin Anubis. (D. J.)