L’Encyclopédie/1re édition/CONTRE-FORTS

CONTRE-FORTS, sub. m. pl. terme d’Architect. sont des piliers de maçonnerie qu’on fait pour appuyer ou soûtenir des murailles ou des terrasses qui poussent & menacent d’écrouler. Voyez Éperon & Arc-boutant.

Ces sortes d’ouvrages sont bandés en berceaux à distance les uns des autres.

Quand on bâtit sur la pente d’une montagne, il faut faire des contre-forts ou éperons bien liés avec le mur qui soûtient les terres, distans de deux toises les uns des autres. (P)

Contre-forts, en terme de Fortification, sont des avances dans le rempart, qui prennent racine au revêtement, qui sont de la même matiere, & qui aident le revêtement à soûtenir la poussée du rempart. On les construit de 18 piés en 18 piés.

Suivant une table particuliere de M. le marêchal de Vauban, l’épaisseur du contre-fort d’un revêtement de 10 piés de haut, est de 2 piés à son extrémité, c’est-à-dire à sa partie parallele & opposée au revêtement. Elle augmente ensuite de 8 pouces par 10 piés d’élévation, ensorte qu’à un revêtement de 36 piés, elle est d’environ 3 piés 8 pouces. L’épaisseur du contre-fort d’un revêtement de 10 piés de haut, suivant la même table, est de 3 piés à sa racine, c’est-à-dire à sa partie adossée ou liée au revêtement. Elle augmente ensuite d’un pié par 10 piés d’élévation, en sorte qu’à un revêtement de 36 piés de hauteur, l’épaisseur du contre-fort à sa racine doit être d’environ 5 piés 6 pouces.

A l’égard de la longueur du contre-fort, elle est de 4 piés à un revêtement de 10. Elle augmente après cela de 2 piés par 10 d’élévation, de maniere qu’à un revêtement de 36 piés de hauteur, le contre-fort doit avoir 9 piés de longueur. Cette longueur se mesure par une perpendiculaire tirée de la racine du contre-fort à son extrémité.

Le contre-fort s’appelle quelquefois éperon. Voyez Éperon.

Lorsqu’on construit quelqu’ouvrage sur la pente d’une montagne, on doit le soûtenir avec des contre-forts bien liés au rempart, à la distance d’environ 12 piés l’un de l’autre.

Les contre-forts ou éperons qu’on employe pour soûtenir les murs ou les revêtemens des terrasses dans les bâtimens de l’Architecture civile, se construisent en-dehors des revêtemens. On ne les dispose pas ainsi dans l’Architecture militaire, parce que la partie du revêtement comprise entre les contreforts, ne pourroit être flanquée, & qu’elle serviroit de couvert à l’ennemi. (Q)

Contre-fort, (Marine.) Voyez Clé des Estains. (Z)

Contre-forts, en terme de Bottier, sont des pieces que l’on coud par la tige, pour rendre la botte plus forte.