L’Encyclopédie/1re édition/CHAPELLE

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CHAPELLE, sub. f. terme d’Architect. on entend sous ce nom la partie d’une église consacrée à quelque dévotion particuliere, telles que sont dans nos paroisses les chapelles de la Vierge, &c. décorées avec magnificence, comme celle de S. Sulpice à Paris ; ou dans un palais, un lieu avec un autel où l’on dit la messe ; ou enfin dans un hôtel, une piece destinée à cet usage. Il faut tâcher, autant qu’il est possible, de l’éloigner des appartemens de société, des enfilades principales, & des pieces destinées aux domestiques.

L’on voit en France de ces dernieres placées avec trop de négligence, contre toute idée de bienséance. Dans le nombre de celles qui méritent quelque considération, & qui font partie de la magnificence de nos palais, celles du château de Fresne, de Choisi, & de Sceaux, tiennent le premier rang, après celles de Versailles & de Fontainebleau, &c.

Il faut éviter de placer ces chapelles dans des lieux trop écartés ; mais aussi il convient de ne pas faire parade dans l’extérieur de l’usage intérieur de ces sortes de pieces, comme au Luxembourg à Paris ; du moins il faut se garder, comme on a fait dans ce palais, de le désigner par des symboles relatifs au Christianisme, qui se trouvant confondus avec des ornemens profanes, présentent un ensemble contraire à l’ordonnance qui doit régner dans un édifice de cette espece. (P)

Chapelle, (Jurispr.) ce terme a différentes significations, même en matiere ecclésiastique.

Il signifie quelquefois une église particuliere, qui n’est ni cathédrale, ni collégiale, ni paroisse, ni abbaye, ni prieuré : ces sortes de chapelles sont celles que les canonistes appellent sub dio, c’est-à-dire, qui sont détachées & séparées de toute autre église.

On appelle aussi chapelle, une partie d’une grande église, soit cathédrale ou collégiale, ou autre, dans laquelle il y a un autel, & où l’on dit la messe. Les canonistes appellent celles-ci des chapelles sub tecto, c’est-à-dire renfermées sous le toict d’une plus grande église. En françois on les appelle ordinairement chapellenies, pour les distinguer des chapelles proprement dites, qui forment seules une église particuliere.

Il y a aussi des chapelles domestiques dans l’intérieur des monasteres, hôpitaux, communautés, dans les palais des princes, châteaux, & autres maisons particulieres ; celles-ci ne sont proprement que des oratoires privés, même celles pour lesquelles on a obtenu permission d’y faire dire la messe. Le canon 21 du concile d’Agde, tenu en 506, permet aux particuliers d’avoir des chapelles dans leurs maisons, avec défenses aux clercs d’y célébrer sans la permission de l’évêque.

Le terme de chapelle se prend encore pour le bénéfice fondé ou attaché à la chapelle : on donne cependant aussi à un tel bénéfice le nom de chapellenie.

Pour posséder une chapelle ou chapellenie formant un titre de bénéfice, il suffit, suivant le droit commun, d’avoir sept ans, & d’avoir la tonsure, à moins que la chapelle ne soit sacerdotale à fundatione, auquel cas il faut avoir vingt-cinq ans commencés, & les autres qualités requises : mais il faut observer que l’obligation de faire célébrer des messes ne rend pas seule une chapelle sacerdotale, parce que le chapelain les peut faire acquitter par un autre. Voyez Bénéfice.

Une chapelle n’est point régulierement réputée bénéfice, si on ne rapporte le titre d’érection faite par l’évêque. Fevret, liv. III. ch. j. n. 2. & Cabassut, lib. II. tit. j. n. 2. Néanmoins comme un titre ancien d’érection peut être perdu, il suffit, suivant Guypape, décis. 187. que la chapelle ait été conférée trois fois par l’évêque en titre de bénéfice. Ferrérius, sur Guypape, prétend même qu’une seule collation suffit ; ce qui paroît avoir été adopté par un arrêt du parlement de Metz, du 4 Mars 1694. Augeard, tome I. ch. xxxiij.

Une chapelle ou chapellenie en titre est différente d’une simple prestimonie, ou commission qui est donnée à un prêtre pour acquitter habituellement des messes dans une chapelle. Voyez Prestimonie.

Une chapelle étant en patronage mixte, ne peut être résignée sans le consentement des patrons mixtes. Arrêt du 27 Mai 1671. Journ. des aud.

Deux chapelles sub codem tecto, ne peuvent être tenues par une même personne, quelque modique qu’en soit le revenu. Arrêt du 3 Août 1658. Desmaisons, au mot chapelle, p. 59.

Sur les chapelles des religieux, voyez les decrétales, liv. III. tit. xxxvij. Et in sexto, liv. III. tit. xviij. Sur les autres chapelles domestiques, voyez la novel. 58. Les novelles 4. & 15. de Léon. Pinson, tit. de fundatione ecclesiarum. Francisc. Marc. tome I. qu. 1007. & 1010. La bibliot. canon. tome I. p. 218. & tome II. p. 397. Tournet, lett. C. quest. 25. Praxis beneficior. cap. xx. n. 27. Journ. des aud. tome I. liv. I. chap. xlviij. & lxxj. Bardet, tome I. liv. II. ch. lx.

On appelle saintes chapelles, celles qui sont établies dans les palais des rois, comme la sainte Chapelle de Paris, celles de Dijon, de Bourges, & autres semblables. Sur les priviléges de ces saintes chapelles, voyez les réglemens indiqués dans le diction. des arrêts, au mot chapelle, n. 13. (A)

Chapelle, (droit de) Jurispr. est une rétribution en argent que les magistrats, avocats, procureurs, & autres officiers, payent lors de leur réception pour l’entretien de la chapelle commune qui est dans l’enceinte du tribunal. (A)

Chapelle, faire chapelle, (Marine.) « c’est un revirement inopiné du vaisseau. Faire chapelle, est virer malgré soi ; ce qui arrive lorsque par le mauvais gouvernement du timonier, le vaisseau est venu trop au vent, ou que le vent saute tout d’un coup & se range de l’avant. Les courans font encore faire chapelle. Quand on a fait chapelle, il faut reprendre le vent, & remettre le vaisseau en route. Supposé que la route soit nord & le vent nord-est, & qu’ayant trop serré le vent & mis le cap au nord quart de nord-est, on ait fait chapelle & viré malgré soi ; alors on cargue l’artimon, on largue un demi-pié du bras du grand hunier sous le vent, & on hale tant soit peu sur le bras qui est au vent : ce qui remet le vaisseau & fait porter à route ».

Chapelle, (la) est le coffre dans lequel sont gardés les ornemens qui servent pour dire la messe dans les vaisseaux. L’aumônier est chargé du soin de la chapelle.

Chapelle de compas, est un petit cone concave de laiton, qui est placé au milieu de la rose, dans lequel entre le pivot qui supporte la rose de la boussole. Voyez Boussole. (Z)

Chapelle, (Chimie.) vaisseau distillatoire, appellé aussi par quelques artistes, rosaire ; parce qu’ils ne s’en servoient communément qu’à la distillation des roses : c’est une espece d’alembic dont la cucurbite est basse, cylindrique, & à fond exactement plat ou plan, & le chapiteau conique & très-élevé. On chauffe ordinairement cet alembic en le posant sur des cendres chaudes.

Chapelle, (Boulang.) c’est ainsi que les Boulangers appellent la voûte de leur four. Il est tems d’enfourner, quand la chapelle est blanche. Voyez l’article Pain.