L’Encyclopédie/1re édition/CESTE

CESTE, s. m. (Hist. anc.) êtoit un gros gantelet de cuir, garni de plomb, dont les anciens athletes se servoient dans leurs exercices. Voyez Athletes, & nos Planches d’Antiquités, avec leur explication. On l’appelloit ainsi à cædendo, je bats, je frappe.

Calepin a cru que c’étoit une massue, de laquelle pendoient des balles de plomb attachées par des morceaux de cuir. Il se trompe, car c’étoit seulement une longe de cuir garnie de clous, de plomb, ou de fer, dont on entouroit la main, en forme de liens croisés, & même le poignet & une partie du bras, pour empêcher qu’ils ne fussent rompus ou démis, ou plûtôt afin de porter des coups plus violens. Scaliger fondé sur l’autorité de Servius, a prétendu que le ceste couvroit une partie des épaules : mais dans tous les anciens monumens, les différens contours des courroies dont la main des lutteurs est armée, ne paroissent pas monter plus haut que le coude.

Les Grecs désignoient cette sorte d’armes par quatre noms différens ; savoir ἱμάντες, μύρμηκες, μειλίχαι & σφαῖραι. Le plus ordinaire étoit celui d’ἱμάντες, qui signifie à la lettre des courroies ; ils étoient faits de cuir de bœuf non corroyé, desséché, & par conséquent très-dur. On avoit donné au ceste le nom de μύρμηκες, non que les armes eussent aucune resseniblance avec la figure des fourmis (μύρμηκες), mais parce qu’on sentoit dans les parties qui en étoient frappées des picotemens tout pareils à ceux que causent ces insectes. La troisieme espece, ou les meiliques, étoit la plus ancienne chez les Grecs : c’étoit un simple lacis de courroies très-déliées, qui enveloppant uniquement la main dans le creux de laquelle on les attachoit, laissoient le poignet & les doigts à découvert. On conjecture que la quatrieme espece étoit moins un gantelet, qu’une pelote que les athletes serroient dans leurs mains, & qui n’étoit en usage que dans les gymnases, pour tenir lieu du ceste qu’on employoit dans les combats, à-peu-près comme dans nos salles d’armes on se sert de fleurets au lieu d’épées. Mém. de l’Ac. des B. L. t. III. (G)

* Ceste, (Myth.) ceinture mystérieuse dont l’imagination d’Homere a fait présent à Venus. Ses deux effets les plus merveilleux étoient de rendre aimable la personne qui la portoit aux yeux de ceux mêmes qui n’aimoient plus. L’hymen, le plus grand ennemi de la tendresse, n’étoit pas à l’abri de son prestige ; ainsi que Jupiter s’en apperçut bien sur le mont Ida. Mercure fut accusé de l’avoir volée. Le mot ceste vient du Grec κεστὸς, ceinture, ou autre ouvrage fait à l’aiguille ; & de ceste on fait inceste, qui signifie au simple ceinture déliée ; & au figuré, concubinage ou fornication en général. On a restreint depuis ce terme à la formication entre personnes alliées par le sang. Voyez Inceste.