L’Encyclopédie/1re édition/CANNULE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 600-601).
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CANNULE, s. f. terme de Chirurgie, petit tuyau fait d’or, d’argent, d’étain ou de plomb, qu’on introduit dans les plaies pour les tenir ouvertes, & donner issue aux matieres qui y croupissent. Il y a aussi une cannule pour faciliter l’entrée & la sortie de l’air dans les poumons, dont on se sert dans l’opération de la bronchotomie. Voyez Bronchotomie.

Les différens usages des cannules, & la différence des parties auxquelles on les destine, obligent d’en construire de différentes formes : il y en a de rondes, d’ovales, de plates, de courtes, de longues, d’ailées ou à platine, à anses ou à anneaux pour les attacher. M. Foubert, de l’académie royale de Chirurgie, se sert toûjours d’une cannule flexible, lorsqu’il taille à sa méthode (Pl. XIII. Chir. fig. 2.) ; cette cannule procure la liberté du cours des urines, & empêche l’épanchement de ce fluide dans le tissu cellulaire, qui entoure la partie antérieure de la vessie & le rectum, ce qui occasionneroit des dépôts qui sont capables de faire périr les malades. Voyez le premier volume des Mémoires de l’acad. royale de Chirurgie, & l’article Lithotomie dans ce Dictionnaire.

M. Foubert se sert aussi d’une cannule particuliere pour les personnes auxquelles on a fait une incision au périnée, pour procurer le cours des urines & du pus dans le cas de vessie ulcérée ou paralytique. Voy. Boutonniere. Cette cannule a à son extrémité postérieure un petit robinet, au moyen duquel les malades peuvent uriner à leur volonté, & ne sont pas continuellement baignés de leur urine, qui s’échappe par les cannules ordinaires, à mesure que ce liquide excrémenteux distille par les ureteres dans la vessie.

M. Petit a inventé une cannule faite d’un fil d’argent tourné en spirale, qui la rend flexible dans toute sa longueur. Cette cannule a un pié & demi de long ; elle est garnie à son extrémité d’un morceau d’éponge : elle sert à enfoncer dans l’estomac, ou à retirer de l’œsophage les corps étrangers arrêtés à la partie inférieure de ce conduit. Lorsqu’on veut se servir de cet instrument, on met dans la cannule un brin de baleine proportionné à sa longueur & à son diametre, afin de lui donner toute la force qui lui est nécessaire pour l’usage auquel elle est destinée. Cette baleine est plus longue que la cannule, & l’extrémité qui n’entre pas dedans est plus grosse, afin qu’elle puisse servir de manche. La baleine ainsi adaptée, est retenue en place dans la cannule par deux petits crochets, qui sont au dernier fil de cette cannule, & qui s’engrenent dans deux rainures qui sont au manche de la baleine. Voyez la fig. 1. Pl. V. de Chir.

Les anciens qui faisoient un grand usage du cautere actuel, avoient des cannules de fer ou de cuivre, semblables à des cercles peu élevés, à-travers desquelles ils passoient le fer rougi, de peur qu’il n’offensât les parties circonvoisines. Voyez Cautere.

On ne doit pas se servir sans nécessité des cannules pour le pansement des plaies, parce que ce sont autant de corps étrangers, qui par leur présence rendent les parois des plaies dures & calleuses, & occasionnent des fistules. Il faut savoir s’en servir à propos, & en supprimer l’usage à tems. (Y)