L’Encyclopédie/1re édition/BRUNIR

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 450).
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* BRUNIR, v. act. (Arts méchan.) c’est polir un corps, non pas en l’usant, mais en abattant les petites éminences qui sont sur sa surface ; ce qui se fait par le moyen d’un brunissoir. V. Brunissoir.

Dans l’Horlogerie, on brunit les pieces ou les parties, qui par leur grandeur ou par leur figure ne pourroient pas être polies commodément. Notez que cette méthode de polir est la plus expéditive, & celle qui donne le plus d’éclat aux corps polis. Elle est à l’usage des Couteliers, Serruriers, & de la plûpart des ouvriers en or, en argent, en fer, & en acier. Elle enleve les traits de l’émeril, de la potée, & de la polissoire, & donne aux pieces brunies un lustre noir qui imite celui des glaces.

Les Doreurs brunissent l’or & l’argent, ce qu’ils exécutent avec la dent de loup, la dent de chien, ou la pierre sanguine, qu’ils appuient fortement sur les endroits des pieces à brunir. Lorsqu’on brunit l’or sur les autres métaux, on mouille la sanguine dans du vinaigre : mais lorsqu’on brunit l’or en feuille, sur les couches à détrempe, il faut bien se garder de mouiller la pierre ou la dent de loup.

Les Relieurs brunissent les tranches des livres ; pour cet effet ils mettent les livres dans une presse à endosser, avec des ais devant & derriere la presse, & deux ou trois autres ais distribués entre les volumes : on prend une dent de loup ou d’acier que l’on frotte fortement plusieurs fois sur la tranche pour la lustrer. Après que la jaspure a été mise & qu’elle est seche, on commence à brunir les gouttieres, puis tournant la pressée on brunit les tranches du haut & du bas du volume. Voyez Tranche, Jaspure, Dent à brunir.

On brunit de même les livres dorés sur tranche, après y avoir appliqué l’or : mais on observe pour la dorure, de mettre l’or d’abord sur la gouttiere, de le faire sécher sur le baquet, & on n’y passe la dent que lorsqu’il est bien sec. Puis desserrant la pressée, on prend chaque volume pour en abbaisser les bords du carton au niveau des tranches, & remettant la pressée dans la presse à endosser, on fait la même opération, soit pour y mettre l’or, le faire sécher, & le brunir. On retourne de nouveau la pressée avec la même précaution, on dore & on brunit la derniere tranche. Voyez Dorer sur tranche & Dent à brunir.