L’Encyclopédie/1re édition/ARISTOLOCHE

ARISTOLOCHE, aristolochia, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur monopétale irréguliere, tubulée, terminée en forme de langue, & crochue pour l’ordinaire ; le calice devient un fruit membraneux, le plus souvent arrondi, ovale ou cylindrique, divisé en six loges, & rempli de semences applaties & posées les unes sur les autres. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez. Plante. (I)

Il y a quatre sortes d’aristoloche employées en Medecine. La premiere est l’aristoloche ronde, & nommée aristolochia rotunda, Matth. sa racine est ronde, assez grosse, charnue, garnie de fibres, grise en-dehors, jaunâtre en-dedans, d’une odeur desagréable, d’un goût très-amer. La seconde espece est longue, & nommée aristolochia longa vera ; C. B. Pit. Tourn. sa racine est longue d’environ un pié, grosse comme le poignet. La troisieme est l’aristoloche clématite ; c’est l’aristolochia clematitis recta ; C. B. La quatrieme est la petite, ou aristolochia tenuis pistolochia ; les racines de cette aristoloche sont plus menues & plus déliées.

On nous apporte toutes les racines d’aristoloche seches du Languedoc & de la Provence ; la longue & la ronde doivent être choisies grosses & bien nourries, nouvellement séchées, pesantes, grises en-dehors, jaunes en-dedans, d’un goût extrèmement amer. La petite doit être bien nourrie, touffue, comme la racine d’ellebore noir, récemment séchée, de couleur jaunâtre, d’une odeur aromatique, d’un goût amer : on la préfere à toutes les autres pour la thériaque.

Toutes les aristoloches contiennent une huile exaltée, du sel essentiel, & peu de phlegme ; elles sont détersives, vulnéraires, atténuantes, apéritives, elles résistent à la malignité des humeurs. L’aristoloche clématite est la plus foible de toutes. Dioscoride regarde toutes ces plantes comme propres à faire sortir les vuidanges ; de-là leur vient le nom d’aristolochia, de ἄριστος, optimus, & λοκία, purgamenta quæ post partum egrediuntur. (N)