L’Encyclopédie/1re édition/APOSTOLIQUES

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 537).
APOSTROPHE  ►

APOSTOLIQUES, s. m. plur. (Théologie.) nom qu’Hospimen, & Bâle ou Balcé évêque d’Ossery, donnent à d’anciens moines autrefois répandus dans les îles Britanniques.

Ces deux Auteurs prétendent que Pélage si fameux par son hérésie, & qui étoit Anglois de naissance, ayant été témoin dans ses voyages en orient de la vie monastique, l’introduisit dans sa patrie, & qu’il fut abbé du monastere de Bangor, ayant sous sa conduite jusqu’à deux mille moines. Mais M. Cave dans son histoire littéraire, tom. I. pag. 291. quoiqu’il avoue que Pélage ait été moine, traite tout le reste de rêveries & de fables avancées sur l’autorité de quelques modernes, tels que Jean de Tinmouth, Nicolas Chanteloup, &c. écrivains fort peu respectables.

Bede dans son histoire d’Angleterre, liv. II. c. ij. fait mention de ce monastere de Bancor ou de Bangor, dans lequel on comptoit plus de 2000 moines : mais il ne dit rien du nom d’apostolique, qui paroît être entierement de l’invention de Bâle & d’Hospinien.

Bingham, de qui nous empruntons cet article, remarque qu’il y avoit en Irlande un monastere de Benchor, fondé vers l’an 520 par Congell, dont Saint Gal & S. Colomban furent disciples. Mais ou lui ou son traducteur se sont trompés, en prétendant que S. Colomban avoit fondé le monastere de Lizieux en Normandie : In Normaniâ Lexoviense monasterium. Il falloit dire : Luxoviense monasterium, le monastere de Luxeu ou de Luxeuil ; & tout le monde sait que cette abbaye est située en Franche-Comté. Bingham, orig. ecclesiast. lib. VII. c. ij. S. 13.

Apostoliques, (Théologie.) nom que deux sectes différentes ont pris, sous prétexte qu’elles imitoient les mœurs & la pratique des Apôtres.

Les premiers apostoliques, autrement nommés apotactites & apotactiques, s’éleverent d’entre les Encratites & les Cathares dans le troisieme siecle ; ils professoient l’abstinence du mariage, du vin, de la chair, &c. V. Apotactites, Encratites, &c.

L’autre branche des apostoliques fut du xii siecle : ils condamnoient aussi le mariage ; mais ils permettoient le concubinage ; ne vouloient point admettre l’usage du baptême, & imitoient en plusieurs choses les Manichéens. S. Bernard écrivit contre la secte des apostoliques, & parle contre eux au sermon 66. sur les cantiques. Il paroît par Sanderus & Baronius qu’ils nioient le purgatoire, l’invocation des Saints, la priere pour les morts, & se disoient être le seul & le vrai corps de l’Eglise ; erreurs qui ont beaucoup de rapport à celles des Albigeois qui parurent vers le même tems. Voyez Albigeois. (G)