L’Encyclopédie/1re édition/ANIMALCULE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 474-475).
◄  ANIMAL

ANIMALCULE, animalculum, petit animal. On désigne le plus souvent par ce mot, des animaux si petits, qu’on ne peut les voir qu’à l’aide du microscope. Depuis l’invention de cet instrument, on a apperçû de petits animaux dont on n’avoit jamais eu aucune connoissance ; on a vû des corps mouvans dans plusieurs liqueurs différentes, & principalement dans les semences des animaux, & dans les infusions des graines des plantes. Hartsoeker & Leuwenhoek ont été les premiers auteurs de ces découvertes ; & ils ont assûré que ces corps mouvans étoient de vrais animaux : quantité d’autres observateurs ont suivi les mêmes recherches, & ont trouvé de nouveaux corps mouvans. Tous ont crû que c’étoit de vrais animaux ; de-là sont venus différens systèmes sur la génération, les vers spermatiques des mâles, les œufs des femelles, &c. Enfin M. de Buffon a détruit ce faux préjugé ; il a prouvé par des expériences incontestables, dans le second volume de l’Hist. nat. génér. & part. avec la descript. du cabinet du Roi, que les corps mouvans que l’on découvre avec le microscope dans la semence des mâles, ne sont pas de vrais animaux, mais seulement des molécules organiques, vivantes, & propres à composer un nouveau corps organisé d’une nature semblable à celui dont elles sont extraites. M. de Buffon a trouvé ces corps mouvans dans la semence des femelles comme dans celle des mâles ; & il fait voir que les corps mouvans qu’il a observés au microscope dans les infusions des germes des plantes, comme dans la semence des animaux, sont aussi des molécules organiques des végétaux. Voyez Parties organiques, Génération, Semence.

M. de Buffon avoit communiqué à M. Needham de la Société royale de Londres, ses découvertes sur la semence des animaux, & sur les infusions des germes des plantes, avant la publication des premiers volumes de l’Hist. génér. & part. &c. J’ai été témoin moi-même, comme M. Needham, des premieres expériences qui furent faites au jardin du Roi par M. de Buffon, avec un microscope que M. Needham avoit apporté de Londres. Ce fut après avoir vû les premieres expériences sur les infusions des germes des plantes, que M. Needham conçut le dessein de suivre ces expériences sur les végétaux : il communiqua ce projet en ma présence à M. de Buffon, comme à l’auteur de la découverte dont il alloit suivre les détails. M. Needham fit en conséquence quantité d’observations, & il s’est beaucoup occupé de la découverte de M. de Buffon. On a déjà vû paroître un ouvrage de M. Needham sur cette matiere, Nouv. Obs. microscopiques, 1750. & l’Auteur a promis de donner au public le détail de toutes les observations qu’il a faites sur ce sujet ; M. Needham m’en a communiqué quelques-unes dont j’ai été très-satisfait.

On a vû quantité de ces animalcules ou de ces petits corps mouvans sur différentes matieres : par exemple, on a apperçû sur de petits grains de sable passés au tamis, un animalcule qui a un grand nombre de piés, & le dos blanc & couvert d’écailles. On a trouvé de petits animaux ressemblans à des tortues dans la liqueur des pustules de la galle. Voyez Galle. On a vû dans l’eau commune exposée pendant quelque tems à l’air, quantité de petits corps mouvans de différentes grosseurs & de différentes figures, dont la plûpart sont ronds ou ovals. Leuwenhoek estime que mille millions des corps mouvans que l’on découvre dans l’eau commune, ne sont pas si gros qu’un grain de sable ordinaire. Voyez Semence, Microscope, Microscopique. (I)