L’Amour qui ne meurt pas/Violettes de Mars

Éditions de la Revue des poètes (p. 31).

VIOLETTES DE MARS

Violettes de Mars qui sortez de la terre
Où la neige étendait son suaire d’argent,
Maint passant vous regarde et soupire en songeant
Que vous venez d’un lieu nocturne et solitaire.

Dans le jardin silencieux, le bois austère,
Votre léger parfum s’élève voltigeant
Sur la terre attiédie et vers le ciel changeant
Monte, message ailé de l’ombre et du mystère.

De nouveau nous sentons par les airs apaisés
Errer autour de nous de fugitifs baisers ;
Fleurs qui nous consolez mieux que tant de paroles,

Près de vous l’âme en deuil songe à ses bien-aimés,
Et croit, en se penchant sur vos sombres corolles,
Voir se rouvrir les yeux que la mort a fermés.