L’Amour qui ne meurt pas/Le Printemps triste

Éditions de la Revue des poètes (p. 30).

LE PRINTEMPS TRISTE

Un vent plus doux berce là-haut les branches nues,
À l’horizon voilé le soleil transparaît :
Dans l’air plane un parfum pénétrant et discret :
Voici déjà les violettes revenues.

La brume erre le soir le long des avenues ;
Dans les taillis reverdissants de la forêt,
La nouvelle saison glisse d’un vol secret ;
Je regarde le ciel où se hâtent les nues.

Ainsi je vis me fuir mes plus chères amours,
Mais le regret de ces bonheurs si doux et courts,
Glaive perpétuel, en mon âme persiste.

Plus que les triomphants étés épanouis,
Il est d’accord avec mon cœur, ce printemps triste
Qui semble en deuil des renouveaux évanouis.