Imprimé par ordre des paillards (p. 48-56).
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L’Amour paillard, Bandeau de début de chapitre
L’Amour paillard, Bandeau de début de chapitre


V


Gaston Gressac, coureur de femmes malgré ses quarante-cinq ans, et son épouse Annette, belle et opulente brune de trente-huit ans, habitaient un pavillon rue de Longchamps, pas loin des fortifications. Que faisait-il ? Quels moyens d’existence avait-il ? On ne pouvait préciser d’une façon certaine, mais les intimes assuraient qu’il gagnait beaucoup d’argent à commanditer des cafés et des brasseries, des bars et des débits de vin, même des établissements interlopes, où l’on était servi par des filles, notoirement peu vêtues.

Il vivait dans son pavillon, en bon et honnête bourgeois, avec sa femme et une jeune nièce de treize ans, la blondinette Pauline Turlu, portant encore des jupes courtes exagérées, des bas de couleur très voyante, coiffée de deux nattes pendant sur le dos, petite et gentillette figure, hardie et timide, innocente et perverse. Une seule cuisinière s’occupait du service de la maison, et lorsqu’elle vaquait aux achats du marché, la jeune Pauline était déléguée aux importantes fonctions de concierge. C’est ainsi qu’elle tira le cordon à Jacques, arrivant chez Gressac, sur le conseil de La Férina. Elle répondit à sa demande que son oncle était sorti, et qu’il ne rentrerait pas avant une bonne heure, que sa tante achevait de s’habiller dans sa chambre, et que s’il voulait la voir, il n’avait qu’à attendre un moment dans le salon. Sur son désir de causer avec Mme Gressac, elle l’y fit entrer, et s’assit sur une chaise, pour lui tenir compagnie, vis-à-vis du fauteuil qu’elle lui avait avancé.

Un silence un peu embarrassé régna, et Jacques se sentit tout à coup ému sous les regards polissons et sournois que lui adressait la fillette. Il ne pouvait se le dissimuler, la vicieuse enfant lui faisait des avances, avec sa robe arrangée sur ses genoux découverts, ses jambes écartées et montrant l’ouverture du pantalon, et un petit sourire cynique qui se dessinait sur les lèvres. Dans quelle maison se trouvait-il ?

Bah ! il ne lui appartenait pas de s’étonner ; il allongea une jambe, qui heurta le pied de la fillette. Il la regardait, elle n’hésita pas à se lever et à venir s’asseoir sur ses genoux, qu’il désignait de la tête. De quel vertige devenait-il la victime ? Il palpait les jeunes mollets de la petite, qui lui laissait la jambe dans la main ; il bandait, alors qu’il se jugeait blasé par les jeux paillards exécutés avec ses femmes ; il glissa la main à travers le pantalon ouvert, Pauline écartait les cuisses autant qu’elle le pouvait ; il toucha son conin, et constata que l’enfant n’avait pas encore de poils au bas-ventre.

C’était donc bien une fillette impubère qui le poussait à la luxure, et cette impuberté, loin de lui répugner, le chatouillait dans ses instincts obscènes. Il voulut voir de près ; il la souleva et la plaça debout sur un fauteuil ; elle allait au devant de ses désirs, se retroussant mignardement, elle écartait les bords de son pantalon, et debout, étalait à hauteur de ses yeux, son ventre pas encore très développé, mais déjà muni d’un petit bouton de vice, trahissant la soif perverse de l’enfant. Il approcha la tête et baisa la place où serait plus tard le minet ; il envoya une langue entre les cuisses, et elle se tourna d’elle-même pour lui livrer son cul, rond et dodu, témoignant plus de la femme que le reste. Quel charme l’attirait vers ce fruit vert ?

Il ne le recherchait pas, il agissait sous une impulsion instantanée, contre laquelle il est impossible de se débattre. Il était un homme à femmes, un homme de plaisirs charnels, il pensait que ses goûts de dépravation ne dépasseraient jamais la jeune maturité vierge de sa belle-sœur Léa ; il ne supposait pas qu’un fétu de femme parlerait à ses sens, et aujourd’hui, là, dans ce salon, il subissait davantage l’influence de la fillette qu’il n’imposait la sienne.

Il existe des natures lascives, contre lesquelles on ne peut songer à se défendre ; ces natures commencent à jeter leurs fluides agrippeurs de luxure dès la plus tendre enfance. Il faut le crier bien fort, pour les magistrats des temps futurs : la chair est au-dessus des lois et des institutions, et, si la masse humaine grouille sous la peur du gendarme, ou encore de l’enfer, on rencontre des êtres qui sont prédestinés, malgré lois et institutions, à renverser les esprits les plus réfractaires à la volupté, par leur propre saveur physique ou par la finesse de leurs attirances libertines.

Jacques n’appartenait pas à ces hordes de vagabonds, sans feu ni lieu, errant sur les routes de province, qui, talonnés par la fureur sexuelle, se ruent sur la fille ou la femme passant à leur portée. Il aimait la volupté, et la pratiquait sans remords ni préjugés ; il ne manquait ni de femmes, ni d’occasions ; il pouvait se considérer comme à l’abri de toute défaillance anormale ; eh bien, il n’échappait pas au joug lascif de cette enfant, aux membres encore étriqués, ne possédant de son sexe que des organes encore imparfaits.

Elle se tenait debout sur le fauteuil, dans une pose très habile, et s’amusait de ses jupes courtes pour en frotter la figure de son compagnon, et le provoquer à tous les attouchements les plus illicites. Pelotant jambes et fesses de la morveuse, Jacques essayait d’en appeler à la stupidité de l’œuvre qu’il poursuivait, l’enfant esquissait un mouvement de recul ou d’avancement, il la happait et s’exaspérait de plus en plus dans ses nerfs.

Il la remit sur ses genoux, à cheval face à lui ; aucune puissance humaine ne l’eût arraché à l’exaltation qui le gagnait ; il ne savait plus où il était, le sperme roulait par ses veines, des pieds au cerveau, dans les reins, les cuisses, les couilles, jetant comme des buées sur ses yeux, sur son esprit.

Il déboutonna sa culotte par-dessous les jupes courtes de la fillette ; de suite, celle-ci expédia la main vers sa queue, s’en empara, la pressa entre ses doigts avec des mines de chatte ronronnante. Elle le masturbait, et tendait le ventre vers le gland, dans l’intuition qu’un jour il recevrait à l’intérieur ce qui allait le souiller à l’extérieur. Oh ! elle ne trahissait aucune ignorance du résultat qui se produirait ; de temps en temps d’une légère pincée sur l’extrémité, elle semblait vérifier si une humidité quelconque se révélait.

Il s’abandonnait à sa manœuvre, aspirant à la prompte solution qui le délivrerait de l’absorption intellectuelle qu’elle exerçait sur lui. Et la sensation fougueuse, tantôt prête à s’éprouver dans le jet violent du sperme, tantôt s’alanguissant sous un reflux de sang protestant contre un tel duo, sous la rage qui le saisissait, il se demandait s’il ne renverserait pas l’imprudente, s’il ne la violerait pas, s’il ne la tuerait peut-être pas.

La petite main marchait, marchait ; elle serrait le gland, elle enveloppait toute la queue, elle s’égarait sous les couilles pour les chatouiller, les secouer, et tout à coup le foutre jaillit, giclant à tort et à travers, maculant le pantalon, la chemise, la chair de l’enfant.

Alors, elle se cacha la tête contre sa poitrine, et y demeura quelques secondes immobile. Il n’osait pas remuer, craignant de s’être éclaboussé lui-même, étudiant le moyen de s’enfuir, s’effrayant à l’idée qu’il ne passerait pas inaperçu dans la rue, se jugeant perdu, sur le point d’être arrêté par le premier agent qu’il heurterait. Puis la petite se leva avec un sang-froid inouï, lui fit signe de la suivre pour se nettoyer les taches légères qui, en effet, se voyaient sur le bord de sa culotte. Il tremblait comme une feuille ; en silence, elle le mena à la cuisine, et avec une agilité de jeune femme, elle sut prestement effacer toute trace de jouissance. Elle agit de même pour elle, et toute fière, lui dit :

— On s’est bien amusé, n’est-ce pas ? Il ne faut pas le rapporter à personne.

— Cela vous arrive-t-il souvent ?

— Oh ! non ! c’est la seconde fois depuis que je suis chez mon oncle.

— Vous n’avez pas essayé avec d’autres ?

— L’occasion ne se présente pas tous les jours, et il faut qu’on me convienne.

Il s’inclina, et d’un ton railleur, il murmura :

— Je vous ai donc convenu ?

— Pas tout de suite. J’avais peur de votre air fâché ; mais j’ai bien vite vu que vous ne demandiez pas mieux et c’est pour ça que je vous ai montré toute ma jambe.

— Et si, par hasard, vous aviez continué d’avoir peur ?

— J’aurais été prévenir ma tante de votre visite. Elle ne sait pas que vous êtes là ; elle admire tant toutes ses toilettes, qu’elle n’entend rien de ce qui se passe dans la maison. Ah ! je vous le garantis, lorsque nous sommes toutes les deux seules, s’il me plaisait de mettre le feu, elle brûlerait sans s’en douter.

— Et maintenant, m’annoncerez vous ?

Elle le regarda avec malice, et répondit :

— Oui. Vous n’êtes pas comme l’autre Monsieur qui, après m’avoir mouillé le devant, a voulu me mouiller le derrière.

— Il faut garder les bonnes choses pour les déguster en plusieurs séances.

— On se reverra donc ?

— Et pourquoi pas ?

— Ah ! vous êtes gentil ! Je vais trouver ma tante, mais laissez-moi faire une caresse sur votre machinette ; vous ne me l’avez pas demandé, et l’autre Monsieur me l’a mise dans la bouche ; c’était bien amusant et bien drôle.

— Vous le voyez souvent, cet autre Monsieur ?

— Pas, presque pas, il habite la campagne.