CHAPITRE V

Étude particulière des organes génitaux chez la race Noire d’Afrique. — Signes de la virginité chez la petite fille. — La circoncision.



Je reporte ici une partie des observations médicales faites à la Guyane sur les petites Négresses, observations qui concordent parfaitement, à peu de différence près, avec celles du Sénégal.

Hymen. — L’hymen existe dans la race Noire comme dans la race Blanche. Mais il est bien moins développé et constitue une barrière moins efficace contre le coït, surtout quand il est effectué avec un pénis comme celui du Blanc, moins étoffé que celui du Noir adulte. Je parle ici de la race Noire pure. Chez les peuples d’origine Sémitique, comme le Sarrakholais, l’hymen est plus résistant. D’après Tardieu, chez la Française vierge, l’hymen offre une telle consistance, qu’il n’admet pas le bout du doigt indicateur. Chez la petite Négresse, au contraire, on peut généralement faire entrer le doigt indicateur sans détruire l’hymen. Chez elle, la vulve est moins ouverte à la partie supérieure, mais peu ou point fermée à la partie inférieure. Quant à son ouverture, elle est rarement dirigée en avant : elle l’est plutôt obliquement, de haut en bas.

Grandes et petites lèvres. — Chez la Négresse, les petites lèvres prennent de bonne heure un développement exagéré et dépassent de beaucoup les grandes. Est-ce un effet des manœuvres et des tiraillements, ou bien est-ce un signe particulier à la race ? Je ne puis le préciser, mais cet allongement exagéré coïncide avec la nubilité, et, chez les peuples fétichistes, l’excision est une règle générale.

Clitoris. — Le clitoris des petites Négresses est sensiblement plus développé. Après la nubilité, il grossit beaucoup.

Fourchette et Fosse naviculaire. — La saillie de la fourchette est moins considérable que chez l’Européenne.

Circoncision des jeunes Filles. — Cette circoncision est particulière aux peuples fétichistes et consiste dans l’excision des petites lèvres. Cette opération n’est nullement religieuse : elle est simplement hygiénique. Il est à remarquer que chez ces peuples c’est le forgeron-chirurgien qui circoncit les garçons, et que c’est sa femme qui circoncit les filles. L’instrument employé dans les deux cas est un couteau en fer, mal aiguisé, produisant plutôt l’effet d’une scie que d’un instrument de chirurgie. Mais si cette opération n’est pas une cérémonie religieuse, elle donne lieu à une fête assez curieuse, qui met en liesse toute la population du village ; on revêt, ce jour-li, ses plus beaux habits et on se réunit sur la place au son du tam-tam des Griots.

Fête de la circoncision des Filles. — Au bruit d’une musique infernale composée de tam-tams, de divers instruments et des chants des Griots, les jeunes filles à opérer, superbement habillées et parées de leurs plus beaux bijoux de famille, font le tour du village, et reviennent sur la place, où commence un bal qui dure près de vingt-quatre heures. Quand elles sont exténuées et tombent de fatigue, elles sont emportées par les vieilles matrones dans la case où l’on doit les circoncire. L’excision a lieu au point du jour, et les femmes du village se rendent seules aux cases du forgeron et de son épouse, l’opératrice. Voici comment celle-ci pratique : l’opérée est assise sur un bloc en bois de cinquante centimètres de hauteur environ, placé à quelque distance du mur de la case. En s’asseyant, elle écarte fortement les cuisses, le buste cambré en arrière, la tête presque horizontale touchant le mur. Les bras, rejetés en arrière, s’appuient contre un petit banc placé le long du mur. Cette position fait entr’ouvrir la vulve et saillir les petites lèvres. La matrone s’accroupit en face de la jeune fille, saisit, de la main gauche, d’abord la lèvre droite et l’incise d’un coup bref, puis elle fait la même opération à la gauche. L’hémorrhagie est arrêtée par l’application d’un cataplasme dont la base est formée de boue ferrugineuse de forgeron, délayée avec de l’eau contenant un peu d’alun. Cet emplâtre a une action styptique en même temps que cicatrisante. L’opérée doit rester une semaine sans sortir de la case. Pendant les trois ou quatre semaines qui suivent, on voit, tous les matins, un troupeau de filles sortir des cases, en boitant, un bâton à la main, pour aller au fleuve faire leurs ablutions. Enfin un beau soir, elles enlèvent le pansement et vont gambader à la bamboula.

La Négresse nubile. — C’est encore bien plus aux Négresses du Sénégal qu’à celles de la Guyane que l’on peut appliquer l’épithète de vastes. En raison des dimensions de la vulve et du vagin, et du peu de sensibilité nerveuse de la Négresse, l’accouchement est facile et sans grandes douleurs. Chez la Négresse adulte, la vulve est placée très bas et descend presque verticalement ainsi que le vagin, à cause de sa longueur, qui est plus considérable que chez l’Européenne. Le clitoris est assez prononcé et souvent de la grosseur du petit doigt d’un adulte. Le pubis est proéminent et recouvert de quelques poils raides et durs. Les Négresses les rasent elles-mêmes avec un cul de bouteille cassée.


L’organe génital du Nègre. — Suivant la loi habituelle, dont nous retrouvons ici la confirmation, l’organe génital du mâle est en rapport exact, comme dimension, avec l’ampleur de l’organe femelle. Et, de fait, à l’exception de l’Arabe, qui peut presque rivaliser avec lui, le Noir du Sénégal dispose, parmi toutes les autres races humaines, de l’appareil génital le plus considérable. Il est encore plus développé que celui du Noir de la Guyane.

La Circoncision, cause probable de la grosseur du pénis du Nègre. — Sans hésitation, j’attribue la grosseur du pénis à l’opération de la circoncision. Il est indubitable que l’enlèvement de la partie de la peau et de la muqueuse préputiale, qui comprime et encapuchonné le gland, en l’empêchant de sortir souvent dans l’érection, est une gêne pour le libre développement de l’organe chez le jeune garçon. On sait qu’à l’époque de la puberté, chez l’Européen, il se produit en quelques mois des changements considérables dans l’organe génital. Les testicules grossissent très vite et la verge se développe rapidement. Mais chez beaucoup de jeunes gens, par suite de l’étroitesse de l’extrémité libre du prépuce, il y a phimosis complet, surtout chez les pubères qui ne sont pas adonnés à la masturbation. Il m’est souvent arrivé, dans mes visites sanitaires à la caserne, de constater chez beaucoup de jeunes soldats Français une forme nettement tronconique de la verge, qui allait en diminuant graduellement de la racine au gland. Celui-ci, recouvert en entier du prépuce, décalottait difficilement en état de flaccidité, et plus difficilement encore en érection. D’autres fois, si le phimosis incomplet laissait sortir le gland en partie, la brièveté du frein du prépuce courbait le gland et l’empêchait de prendre sa position et sa forme normales. C’est là le phimosis, qui est assez commun dans toutes les races Européennes, et dont on ne peut se débarrasser que par une circoncision plus ou moins complète, que, d’ailleurs, beaucoup refusent, à moins qu’il n’y ait nécessité absolue. Prenons maintenant le jeune négrillon de treize à quatorze ans, que l’on circoncit au moment de la puberté.

Effet de la Circoncision sur la grosseur du pénis du pubère. — On a enlevé un bourrelet assez étendu de chair et de peau, et la rétraction ramène la peau du pénis en arrière de la couronne du gland, à un ou deux centimètres au moins ; quand le pénis se développera, le gland, n’étant gêné en rien, prendra sa grosseur normale. La cicatrisation, aidée par la réparation de la perte de peau et de muqueuse enlevées, fait que la partie la plus large de la verge correspond à la cicatrice circulaire, consécutive à l’opération. Quoique le gland soit très développé, il reste encore d’un diamètre légèrement inférieur à cette partie du pénis qui, dans son ensemble, ressemble assez à un gros poisson à museau rond et à queue courte. On comprend maintenant pourquoi les Noirs de la Guyane nomment leur verge un poisson.

Le Nègre est bien l’homme-étalon, et rien ne saurait donner une meilleure idée (comme couleur et grosseur) de l’organe d’un Nègre en érection, que la verge d’un petit âne d’Afrique. L’absence du poil du pubis, que les Nègres épilent, complète cette ressemblance. Elle ne se borne pas cependant à la couleur et au volume, car la verge du Noir, quoique en complète érection, est encore molle comme celle de l’âne et donne, à la main qui la presse (je l’ai déjà dit), la sensation d’un tube en caoutchouc à parois épaisses, plein de liquide. Dans l’état de flaccidité, la verge du Nègre conserve encore une grosseur et une consistance plus grande que chez l’Européen, dont l’organe se ratatine et devient mou et flasque. Les dimensions moyennes du pénis m’ont paru, en général, de dix-neuf à vingt centimètres de longueur sur cinq centimètres de diamètre. Excepté chez les jeunes pubères, rarement le pénis descend au-dessous de seize centimètres sur quatre et demi. J’ai pu prendre ces dimensions chez les Tirailleurs, où l’on rencontre des spécimens de la plupart des races du Sénégal et du Haut-Niger. Il m’est arrivé souvent de trouver des pénis de vingt-quatre à vingt-cinq centimètres sur cinq et demi, et une fois, chez un Bambara de vingt ans à peine, un organe monstrueux de vingt-neuf centimètres de long sur six et demi de diamètre au bourrelet circulaire de la circoncision.

Opinion de Mantegazza sur la grosseur des organes génitaux des Nègres. — J’ai trouvé dans Mantegazza (L’Amour dans l’Humanité) la confirmation absolue de ce que je viens de dire : « Les observations sur les formes et les dimensions des organes génitaux dans les diverses races sont encore peu nombreuses ; il est pourtant démontré que les Nègres ont généralement le membre viril plus volumineux que les autres peuples, et j’ai moi-même vérifié ce fait pendant les quelques années où j’exerçais la médecine dans l’Amérique méridionale. À ce volume des parties génitales chez le mâle, correspond une plus grande largeur du vagin chez les Négresses. Falkenstein a trouvé que les Nègres du Loango ont le pénis très gros, et que leurs femmes nous reprochent l’exiguïté du nôtre. Il combat l’idée singulière de Topinard, d’après lequel ce serait dans l’état de flaccidité que l’on pourrait constater cet énorme volume, le pénis se réduisant au contraire dans l’érection. Falkenstein a aussi observé que chez les Négresses de Loango, comme chez nous, le début de la menstruation présente de grandes différences individuelles. »

Mais je ne suis plus d’accord avec Mantegazza quand il discute les avantages et les inconvénients de la circoncision.

Opinion de Mantegazza sur la Circoncision. — « Les historiens du Judaïsme ont exagéré la valeur hygiénique de la circoncision. Il est vrai que les circoncis sont un peu moins disposés à la masturbation et aux maladies vénériennes, mais la circoncision est surtout une marque distinctive et une mutilation cruelle de l’organe protecteur du gland et d’un instrument de volupté. C’est une sanglante protestation contre la fraternité universelle, et si le Christ fut circoncis, il protesta sur la croix contre tous les signes qui séparent les hommes. Dimerbroek dit que le prépuce augmente pour la femme la volupté dans l’accouplement. C’est pourquoi, en Orient, elles préfèrent les non-circoncis. Je n’oserai pas l’affirmer, parce que, lorsque le membre est en érection, la verge circoncise et la verge non circoncise sont semblables. De toute façon, ce serait à la femme de résoudre ce délicat problème, car personne n’a jamais dit son opinion à ce sujet. Je sais seulement que, chez les peuples civilisés, la circoncision est une absurdité, et moi, qui ne suis aucunement antisémite, qui ai beaucoup d’estime pour les Israélites, je crie et je crierai toujours aux Juifs : Ne vous mutilez pas, n’imprimez pas sur vos corps cette marque odieuse qui vous distingue des autres hommes. Tant que vous le ferez, vous ne pourrez prétendre à être nos égaux. Car c’est vous-mêmes qui, du premier jour de votre vie, vous proclamez, par le fer, une race distincte qui ne veut ni ne peut se mêler à la nôtre. »

Je suis, pour mon compte, d’un avis radicalement opposé à celui de Mantegazza, et je vais développer en détail mon opinion.

Avantages incontestables de la Circoncision — Il est de fait que la circoncision offre des avantages sérieux, sans présenter d’inconvénients réels. La douleur de l’opération en est le principal ennui. Mais une fois l’opération faite, le gland restant toujours à découvert et frottant contre les vêtements, sa muqueuse se dessèche, durcit et se tanne. Les glandes sébacées de la couronne se tarissent et leur sécrétion désagréable disparaît presque entièrement. Il est certain que la sensibilité générale de l’appareil s’émousse et que le coït, pour arriver à l’éjaculation, demande un temps plus long. Mais s’il est plus long, le résultat est le même pour l’homme, et la femme y trouve avantage. Je crois que peu de femmes me démentiront.

L’immense avantage que je trouve à la circoncision, c’est la suppression à peu près complète de toutes les maladies que le phimosis développé entraîne à sa suite, directement ou indirectement : balanites, posthites, phlegmons du pénis, etc. Un pénis à gland sec, et dont la peau est un peu tannée, est infiniment moins susceptible de contracter la syphilis qu’un gland encapuchoné par un phimosis, à peau fine et délicate, à frein qui le bride. La moindre écorchure dans un vagin porteur de plaques muqueuses donne la contagion.

J’espère que le lecteur sera de mon avis et donnera tort à Mantegazza.

Suppression de la masturbation chez les circoncis. — Un autre avantage indiscutable et non moins précieux de la circoncision, c’est qu’elle supprime presque radicalement chez le pubère le vice de la masturbation. J’ai en effet remarqué que le petit négrillon qui se masturbe avant la circoncision, ne se masturbe plus après. Il n’éprouve jamais ces titillations continuelles que ressent l’Européen pourvu (malheureusement pour lui) d’un phimosis complet, à tel point que s’il ne prend pas des soins journaliers de propreté, le gland, entouré d’une couche nauséabonde de smegma sébacé, reste, ainsi que le méat urinaire, dans un état d’irritation morbide.

L’Arabe et le Nègre sont à l’abri de tout cela. La circoncision est chez eux une nécessité de premier ordre, et c’est pourquoi le fétichiste, qui exècre le musulman, est circoncis comme lui. Chez le négrillon impubère, la verge, presque aussi forte que celle d’un Hindou (homme-lièvre), est pourvue d’un prépuce très allongé et très proéminent. D’ailleurs l’enfant contracte de bonne heure l’habitude de tirailler par le prépuce la verge qui, à ce petit jeu incessamment répété, finit par s’allonger. Cette pratique provient chez eux d’une tradition, et ces jeunes polissons mettent une sorte de gloriole à posséder un long anneau préputial, le jour de la circoncision. C’est bien le cas de le dire, où diable l’amour-propre va-t-il se nicher ?

Fête de la Circoncision chez les Fétichistes. — La circoncision, chez le Musulman, est presque une cérémonie religieuse, tandis que nous avons vu que le mariage n’en était pas une. Par contre, chez le Fétichiste, c’est une fête célébrée avec éclat et qui n’a encore aucun caractère religieux. J’emprunte à l’auteur d’un livre très intéressant (Bechet, Cinq années dans le Haut-Soudan) la description de la fête de la circoncision dans un village Malinké :

« Nous devons assister aujourd’hui à une grande fête. C’est demain la circoncision des jeunes garçons du village de Makadiambougou, et les virtuoses les plus renommés viennent prêter leur concours à cette solennité. L’orchestre se compose de huit balafours, cinq koras, une vingtaine de guitares, des flûtes, des tambourins et des tam-tams, en un mot, tout ce qu’on a pu rassembler de musiciens et d’instruments ; il y a également des chœurs de femmes et de jeunes filles.

« Les fréquentes libations de dolo (bière de mil), faites depuis le matin, ne sont pas étrangères à l’ardeur musicale et chorégraphique que chacun déploie déjà en attendant le commencement de la solennité. Le prix du gouro a doublé, et ce précieux aphrodisiaque commence à manquer sur le marché, tellement les habitants du village en ont fait de grandes provisions. Vers trois heures de l’après-midi, nous voyons se diriger du côté du Fort une foule nombreuse. Ce sont les jeunes héros de la fête qui, accompagnés des Griots, viennent en grande pompe saluer le Commandant et tâcher d’obtenir de lui quelques générosités. Les futurs circoncis sont au nombre d’une trentaine, de douze à quatorze ans. Ils sont en grand boubou de fête, couverts des bijoux et des amulettes de leurs familles respectives. Leur figure est rayonnante : tout ce que l’on chante autour d’eux pour les encourager à supporter vaillamment la brutale opération, les grise et les excite.

» D’une voix criarde et éraillée qu’il fait sortir de la gorge, le chef des Griots leur dit : « Demain vous serez purs, demain vous serez des hommes. Vous pourrez faire la guerre. Les cavaliers de Samory fuiront devant vous. » Les femmes et les jeunes filles reprennent en chœur presque textuellement les mêmes paroles : puis les Griots continuent tous ensemble : « Un Malinké n’a pas peur de laisser couler son sang. » Les jeunes filles : « Les fils de Malinké n’ont pas peur du couteau. » Les Griots : Demain toutes les femmes seront contentes de vous. » Et pendant toute la durée de la fête, on leur chante sur tous les tons et sur tous les airs de semblables litanies.

» Je passe sous silence les détails concernant l’opération elle-même. Armés d’un sabre, les héros de la journée viennent l’un après l’autre, en piétinant, danser devant nous un pas guerrier, qui consiste à mimer des parades et des gestes menaçants contre un ennemi imaginaire, pendant que, d’une main encore inhabile, ils essayent de faire tournoyer la lame brillante autour de leur tête ; ils ont des inflexions des jambes qui donnent à leur corps souple et jeune un mouvement de gauche à droite excessivement gracieux. Puis, à leur tour, les femmes et les jeunes filles dansent en faisant rouler la tête sur les épaules avec une telle vigueur que la nuque vient toucher le dos, ce qui produit sur les spectateurs une impression des plus désagréables.

» Les chants et les danses continuent toute la nuit : mais, désireux d’assister à la cérémonie qui n’a lieu qu’au lever du soleil, nous ne faisons acte de présence au tamtam du soir que pendant une demi-heure. L’interprète nous dit que la circoncision se fait publiquement, et qu’à part les femmes tout le monde peut y assister ; qu’en général les Noirs n’aiment pas la présence des Blancs, mais que, cependant, pour le Commandant et les officiers du Fort, cette exclusion n’existe pas. Depuis bientôt trois ans que je suis dans le pays, j’assiste pour la première fois à cette cérémonie bien curieuse à différents points de vue. Ici je ne parlerai que du courage vraiment étonnant dont ces enfants font preuve. L’instrument dont se sert le forgeron-chirurgien est un mauvais couteau en fer du pays, aiguisé à la lime et passé sur un caillou ; les patients chantent, les bras en l’air, et sourient aux spectateurs enthousiasmés qui déchargent leurs fusils en poussant des cris sauvages. Lorsque l’opération est terminée, on assied l’enfant dans le sable chaud, où il est enterré jusqu’à la ceinture. Il est ensuite cloîtré pendant un mois dans une case, d’où il ne doit sortir que complètement guéri. »


Je vais compléter ce récit, en donnant les détails de l’opération elle-même.


Je tiens ces détails d’un de mes collègues qui a été témoin de l’opération. Le forgeron — chirurgien est pourvu d’une petite plaque en cuivre jaune d’une épaisseur de deux à trois millimètres, percée d’un trou au diamètre d’un peu plus d’un centimètre. Il enfile dans le trou le prépuce de l’enfant et, avec la main gauche, le tire en avant de manière à le faire déborder de la quantité nécessaire (variable selon la longueur du prépuce et la grosseur de la verge), tandis que la main droite arrête la pointe du gland, de l’autre côté de la plaque. Il a soin ensuite, avec le pouce et l’index de la main droite, de retirer un peu la peau du gland vers la base de la verge, pendant que le bourrelet préputial est maintenu en place. Cela fait, il saisit son couteau qu’il tenait entre ses dents, et d’un seul coup tranche net la partie du prépuce en avant de la plaque. Celle-ci retirée, le chirurgien-forgeron aspire avec ses lèvres le sang qui sort de la plaie, retire doucement en arrière la peau de la verge pour découvrir le gland et lave la plaie avec une eau contenant une essence résineuse (probablement un suc extrait d’une térébenthine) qui a la propriété d’arrêter le sang. Le prépuce enlevé est mis comme bourre avec un morceau de chiffon, dans un vieux fusil chargé à moitié canon, et on tire le coup en l’air au milieu des cris de fête. L’opération se termine comme je l’ai déjà dit pour les jeunes filles, et le pansement journalier de la plaie se fait avec de la boue ferrugineuse, qui est un sédatif et un cicatrisant.