Traduction par André Du Ryer.
Antoine de Sommaville (p. 621-622).



LE CHAPITRE DE L’AVEUGLE,
contenant quarante-deux verſets,
eſcrit à la Meque.


AU Nom de Dieu clement & miſericordieux. Le Prophete a fronſé le front, a eu le visage refronné, & s’eſt retiré lors que l’Aveugle est venu vers luy. Il ne te dira pas s’il croira en Dieu, & s’il profitera de tes predications ; eſloigne-toy de celuy qui s’eſloignera de la loy de Dieu, tu n’és obligé qu’à le preſcher, & non pas à le faire croire, mais ne quitte pas ceux qui te viendront voir pour eſtre inſtruits & qui craindront Dieu. L’Alcoran est envoyé pour inſtruire le peuple, il a eſté copié sur le livre qui eſt gardé au Ciel, auquel honneur & loüange ſont deus eternellement. Pourquoy l’homme eſt-il impie ? est-ce parce qu’il est creé d’un peu d’eau arreſtée dans le ventre de ſa mere juſques au temps ordonné ? & qu’il a trouvé le chemin d’en ſortir ? eſt-ce parce que Dieu le fait mourir & reſſuſciter quand bon luy ſemble ? Il ne fait pas ce que Dieu commande, & ne conſidere pas les biens qui le nourriſſent : nous avons envoyé la pluye, nous avons ouvert les treſors de la Terre, nous avons fait produire toute ſorte de grains, des blettes, des olives, des dattes, des jardins, & des vergers remplis de fruicts & d’herbages, pour nourrir vous & vos troupeaux. Lors que l’Ange ſonnera la trompette la ſeconde fois, l’homme fuyera ſon frere, ſa mere, ſa femme, & ſes enfans, chacun penſera à ſoy-meſme, ce jour les meſchans auront le viſage couvert d’affliction ; le viſage des bons ſera joyeux, & ceux qui ont cherché un chemin entre la foy & l’impieté, auront le viſage couvert de terre & de pouſſiere.