L’Abîme (Rollinat)/Le Blafard

L’Abîme. PoésiesG. Charpentier et Cie, éditeurs. (p. 168-169).


LE BLAFARD


Quand on nous dit : « Vous êtes pâle ! »
Aussitôt un trouble nous vient,
Et nos traits perdant leur maintien
Foncent encor leurs tons d’opale.

N’aurait-on pas le cœur plus mâle
Si l’on ne se reprochait rien ?
Quand on nous dit : « Vous êtes pâle »
Aussitôt un trouble nous vient.


Car c’est le vice qui nous hâle,
Nous ne le savons que trop bien :
De là l’angoisse qui nous tient.
Nous sentons plus près notre râle
Quand on nous dit : « Vous êtes pâle. »