L’Abîme (Rollinat)/L’Argent

L’Abîme. PoésiesG. Charpentier et Cie, éditeurs. (p. 223-224).


L’ARGENT


L’argent, notre plus vrai souci,
Qui sur tous les autres s’incruste,
Doit souvent chuchoter ceci
Au coffre-fort de certain juste :

« Faut-il donc à l’austérité
Tant de sordide humilité,
Achats menus, calculs malingres,
Comme au vivotement des pingres ?…


Puis le maître prend trop de soin
Pour m’extorquer à son besoin
Et m’interdire à son caprice.

De là ce problème tortu :
Est-il avare par vertu
Ou vertueux par avarice ? »