Éditions Édouard Garand (64p. 24-28).

VIII


À la jeune femme toute décontenancée le gouverneur indiqua le siège qu’il venait de quitter, car c’était l’unique fauteuil de la pièce.

La jeune femme, ayant renvoyé son voile noir en arrière et découvert son visage, fit un signe de tête négatif et répondit aux paroles du Comte :

— Je suis venue, Excellence, parce que j’ai promis, et je n’ai pas voulu manquer à ma parole.

Frontenac la considéra un long moment d’yeux pleins de douceur et d’yeux qui ne manquaient pas non plus d’admiration. Car la femme de Pinchot était belle, et, comme tous les hommes, Frontenac aimait les belles femmes. Mais ce jour-là, la Chouette, dans son grand deuil qui faisait mieux ressortir la suave pâleur de ses traits légèrement teinte de rose aux pommettes, paraissait être plus belle que d’ordinaire. Et la douleur qui avait brisé son cœur de mère empreignait son visage d’une mélancolique gravité qui attirait de suite la sympathie. Oui, Frontenac, qui n’avait jamais bien vu ou bien regardé cette femme, la trouva belle entre les belles. Certes, femme du peuple, modeste et humble, sans coquetterie, elle ne possédait pas ce raffinement ou cet art de mise, de contenance et d’élégance que l’autre femme, celle qu’on appelait Mlle de la Pécherolle, savait porter, développer et cultiver jusqu’en les moindres détails. Celle-ci était la vraie coquette, celle qui par profession cherche sans cesse à rehausser sa beauté, à l’amplifier par tous les moyens, et qui, de cette beauté se fait une arme, souvent dangereuse pour l’homme, dont elle tente de tirer tous les avantages possibles.

La Chouette était « simplement » belle, et cette simplicité de mise et de maintien avait aux yeux de Frontenac une saveur préférable à celle de l’autre.

Frontenac n’était pas un viveur et encore moins un libertin, mais il se sentait encore assez jeune pour user largement de galanterie avec les belles filles d’Ève. Si, au cours de son premier gouvernement en Canada, il est arrivé à Monsieur de Frontenac quelques aventures galantes, nul ne saurait lui en tenir compte. Seul, sans femme, obligé de paraître dans les fêtes avec les belles dames de la noblesse et de la bourgeoisie, le Comte ne pouvait pas toujours contenir une légère et fugitive passion pour une belle qui avait peut-être, la première, tendu ses appâts. Ensuite, sachant peut-être que sa femme à Paris — surtout depuis que la mort leur avait ravi leur fils — se laissait volontiers faire l’amour par les beaux galants, Frontenac, comme par revanche, sinon poussé par l’ennui pouvait bien, de son côté, manquer quelquefois à ses vœux de fidélité envers celle qui portait son nom. Mais tout cela, encore une fois, ne pouvait être que passager, parce que le Comte aimait sa femme d’abord, et ensuite parce que la Comtesse, là-bas, lui était d’un secours appréciable pour le maintenir au poste élevé qu’il occupait. Disons que les signalés services qu’il avait rendus au roi n’avaient pas suffi pour l’élever à ce poste ; il avait fallu que la Comtesse intriguât et usât de tous ses charmes auprès des grands de la Cour de Versailles pour obtenir pour son mari une charge que bien d’autres personnages avaient convoitée. Le lien de parenté qui unissait la Comtesse de Frontenac à Madame de Maintenon avait été d’un gros appoint pour faire nommer le Comte au poste de gouverneur de la Nouvelle-France. Le Comte savait tout cela et il ne pouvait avoir pour sa femme que la plus entière gratitude. Faut-il ajouter que la Comtesse allait encore l’aider, l’appuyer fortement dans la lutte qui s’était engagée entre lui et le parti de Monsieur de Laval ? Car sans l’appui de sa femme, il est certain que le Comte de Frontenac n’eût pas duré au Canada plus longtemps que n’avaient duré deux de ses prédécesseurs, d’Avaugour et Mézy, que M. de Laval avait réussi à faire rappeler en France.

Il a été dit, du côté des mauvaises langues naturellement, que si la Comtesse de Frontenac avait tant intrigué pour placer son mari à la tête du gouvernement de la Nouvelle-France, ç’avait été pour éloigner un mari dont elle ne pouvait supporter le caractère dominateur. Mais il y a preuve du contraire : Frontenac, n’ayant pas un revenu capable de lui faire tenir le rang qu’il désirait tenir et voulant augmenter ses revenus, avait, sans en avoir parlé à sa femme, entrepris quelques démarches auprès des ministres du roi pour obtenir le poste de gouverneur en Nouvelle-France. Mais comme il n’était pas seul sur les rangs, et craignant que certains de ses concurrents eussent plus de mérites, sinon d’influence que lui, il avait alors demandé le concours de sa femme. Il savait qu’en ce genre d’intrigues la femme arrivait toujours au succès. C’était l’époque de la belle galanterie, elle était de tout et partout : dans le commerce, dans les affaires, dans la guerre même. Ce fut donc l’époque où la femme, belle et intelligente, eut tous les avantages.

Il est, en effet, reconnu que le Siècle du Grand Roi fût le Siècle de la Galanterie. Le roi avait donné l’exemple, et l’on imitait le roi. Cette galanterie était devenue une mode que la Noblesse avait adoptée avec enthousiasme. Déjà, sous François Ier, la noblesse avait pris goût à cette mode. Louis XIV allait lui donner tout son essor. Tant et si bien que la prude bourgeoisie, étonnée et intimidée sous François Ier, allait, sous le Grand Roi, se laisser prendre aux appâts de la mode. Un chroniqueur du temps va jusqu’à dire « que les bourgeois de Paris voulurent surpasser dans l’art de la galanterie la noblesse et les courtisans de Versailles ». C’est donc que la galanterie était alors regardée comme un art dans lequel chacun s’efforçait d’atteindre la perfection. Nous ne savons pas si ces beaux galants recevaient des diplômes « d’artistes », mais il est certain qu’il y avait un nombre considérable d’artistes dans ce bel art de la galanterie, dont le roi le premier…

Et la mode ou l’art allait survivre au règne de Louis XIV. Avec le sceptre de son arrière-grand-père Louis XV allait hériter sa galanterie. Celle-ci passerait ensuite au règne suivant, celui de Louis XVI. La Révolution, avec ses « purs », tel un Robespierre, allait abattre le « grand art ».

Le Comte de Frontenac, pour en revenir à notre sujet, vivant au siècle de la galanterie, pouvait-il échapper au flot qui emportait tout sur son passage ? Mais il eut soin de tenir secrètes autant que possible ses aventures galantes. Pour plus de sûreté — tant il craignait que ses fredaines allassent aux oreilles de sa femme — il choisissait ses amies parmi les femmes du peuple, certain qu’il était que celles-ci sauraient, mieux que les femmes de la noblesse ou de la bourgeoisie, se renfermer dans la plus stricte discrétion.

Or, cette Lucie de la Pécherolle (et Frontenac ne l’ignorait pas) n’était qu’une femme du peuple, ou tout au plus de la petite bourgeoisie. Ce nom de nom de « la Pécherolle » était un nom de coquette, ou nom de guerre, c’est-à-dire un nom d’emprunt, ainsi que nous le verrons par les événements qui vont suivre.

Et voici que le Comte de Frontenac avait devant lui une autre femme du peuple, et il est certain que, à ce moment-là, nulle grande dame de la société ne l’eût ravi autant. À cette minute, la Chouette était pour lui une révélation.

Oui, mais Frontenac était physionomiste…

Il voyait devant lui une belle jeune femme à qui tout homme aurait été tenté de dire deux mots d’amour ; mais le Comte reconnaissait de suite que cette femme n’était pas une coquette et encore moins une galante.

Et pourtant, voici ce que le Comte se disait :

— Voyons !… J’ai juré de me venger de Flandrin Pinchot pour avoir osé dénoncer au roi de France mon Commerce avec les Sauvages. Pourrait-il être plus belle vengeance que celle de lui prendre sa femme ? Car cette Chouette, malgré sa roture et ses manières communes, est morceau de roi… et je suis roi ! Ah ! oui, quelle belle et bonne vengeance contre Flandrin Pinchot j’aurais là sous la main !

Mais le Comte ne fit aucune tentative. Silencieux, pensif et distrait, il alla à sa table, s’assit et se mit à remuer les lettres éparpillées devant lui. L’une d’elles, qu’il n’avait pas encore remarquée, attira son attention. Il parut s’étonner, car cette lettre ne venait pas de France, et quelqu’un, dans le Château, avait dû la glisser dans la masse des autres lettres.

— Tiens ! fit-il entre haut et bas comme s’il eût déjà oublié la présence de la Chouette, qu’est-ce que ceci ? Voyons…

Mû par un sentiment de curiosité, il brisa brusquement l’enveloppe pour en tirer la note anonyme suivante :

« Excellence, permettez-moi de vous informer qu’une trame est ourdie en ce moment pour attenter à vos jours. Un assassin a été soudoyé. Dans les grandes fêtes que vous donnez quelquefois tenez-vous sur vos gardes, car l’assassin tentera de vous frapper dans votre Château, et peut-être pourra-t-il choisir l’une de ces fêtes pour frapper ».
« Un ami ».

Le Comte de Frontenac ne fut pas le moins du monde troublé par cette lecture. Il pensa seulement :

— Si cet anonyme avait écrit « une amie » plutôt que « un ami »…

En effet, l’écriture était, à n’en pas douter le moindrement, celle d’une femme.

Le Comte se mit à réfléchir. Ses traits avaient repris leur dureté, et sur ces traits-là il était facile de lire l’indomptable caractère de cet homme.

— Si vraiment, se dit-il, une telle trame est ourdie contre moi, et si vraiment un assassin a été soudoyé déjà, je sais d’où viendra le coup…

Un tout petit toussotement vint l’arracher à ses pensées. Le Comte avait tout à fait oublié la Chouette. En relevant la tête il aperçut la jeune femme qui le considérait avec un regard triste.

— Ah ! madame… je vous prie de m’excuser…

Et il quitta vivement son siège pour se rapprocher de la jeune femme.

— Excellence, dit la Chouette qui se sentait mal à l’aise et qui, nul doute, devait avoir grande hâte de retourner à son domicile… Excellence, dit-elle, j’attends ce que vous avez à me dire, car vous n’avez pu me faire venir ici pour rien…

— Non, non, pas pour rien… sourit le Comte. Mais dis-moi, Chouette, pourquoi me dis-tu Excellence ?

— Mais…

— Que dirais-tu si j’étais roi ?…

La Chouette le regarda avec une surprise intraduisible.

— Oui, que dirais-tu si j’étais roi ? reprit le Comte avec un sourire bienveillant.

— Excellence, je dirais…

Gênée et intimidée la jeune femme n’osait pas dire ce qu’elle pensait.

— Quoi ! se demandait-elle, est-ce que Monsieur de Frontenac serait devenu fou ?

— Dis… dis… insista le Comte en se rapprochant encore de la jeune femme, et si près, qu’il aurait pu, en étendant le bras, la toucher.

— Je dirais, Excellence…

— Hein ! encore… Voyons, voyons, comprends-moi bien, Chouette… si j’étais roi ?

— Je dirais… Sire… Excellence…

— Ah ! enfin, Chouette, nous y voilà !

Et le Comte se mit à rire doucement, tout en allongeant le bras pour pincer bien gentiment le joli menton de la jeune femme.

La Chouette rougit terriblement, et par instinct elle s’écarta du Comte de quelques pas.

Le Comte riait encore, ce qui lui arrivait rarement. Puis il dit :

— N’aie pas peur, Chouette, je ne te ferai pas plus de mal que ça. Eh bien ! écoute, je suis…

Il s’arrêta net, pencha la tête et se mit à marcher lentement par la salle.

Après un assez long moment, durant lequel la Chouette avait perdu tout à fait contenance, car elle tremblait, elle pâlissait davantage et jetait vers les issues des regards évasifs et apeurés, le Comte s’arrêta et dit brusquement avec son visage sévère :

— Femme, je t’ai fait venir pour te parler de ton mari…

— Oh ! Excellence, s’écria la jeune femme, dites-moi de suite que vous ne le ferez pas pendre ! Dites-moi que vous avez changé d’idée… voulez-vous. Excellence ?

— Cela dépend. Car tu ne sais pas, Chouette, que ton Flandrin m’a dénoncé sur parchemin et par devant notaire royal en un mémoire qui sera envoyé au roi de France… Oui, il m’a dénoncé comme quoi moi, le Comte de Frontenac représentant le roi de France en ce pays, je fais illégalement la traite des pelleteries et de l’eau-de-vie avec les Sauvages. Que dis-tu de ça ? Parle.

— Êtes-vous certain, Excellence, que Flandrin…

— Si je suis certain… Eh ! crois-tu que je ferais pendre ton Flandrin uniquement pour mon plaisir ? Peuh ! j’ai d’autres chats à pourchasser. Mais Flandrin m’a trahi, Flandrin m’a vendu, Flandrin m’a calomnié, et Flandrin sera pendu, puisque j’ai juré… Oui, Chouette, j’ai juré de me venger !

— Excellence… Excellence… clama la Chouette en pleurant, si Flandrin vous a trahi, c’est qu’il aura été forcé de le faire par quelques-uns de vos ennemis ! Quoi ! n’avez-vous pas dit hier qu’il est actuellement dans un cachot à Ville-Marie ?

— Oui, c’est vrai, Chouette, Flandrin est prisonnier du sieur Perrot. Et hier j’ai dépêché mon lieutenant des gardes pour tirer Flandrin de son cachot et l’amener à Québec. La potence de la rue Sault-au-Matelot attend Flandrin. Oh ! oui, je veux me venger…

— Excellence… Excellence… est-ce qu’un homme comme vous se venge ? Que dis-je ! est-ce qu’un gentilhomme de France se venge ? Est-ce qu’un roi se venge ? Peut-il se venger d’un pauvre hère sans fortune ni blason ? Vaut autant écraser une mouche, un ver, Excellence ! Et se venger d’un ver… voyons ! Je n’y comprendrais rien. Non, je ne comprendrais pas qu’un gentilhomme pût se venger de si peu… ce serait du ridicule, de la déchéance !

— Oh ! oh ! gronda Frontenac, tu ne ménages pas tes expressions, femme !

— Excellence, je ne suis pas savante moi, et je ne sais pas le beau langage ; je parle comme ma mère m’a montré à parler. Et vous-même, Monsieur le Comte ne me dites-vous pas crûment à moi, la femme de Flandrin Pinchot, que vous allez faire pendre Flandrin ? Et alors, est-ce que je ne peux pas le défendre, moi sa femme ? Est-ce que je n’ai pas le droit de prendre les moyens que j’ai pour le défendre ? Et si je plaide sa cause, ne puis-je le faire dans l’unique langage que je possède ?

— Ce qui m’étonne Chouette, c’est que tu le défendes avec autant de ténacité et d’ardeur !

— Pourquoi vous étonner ? N’ai-je pas du cœur ? Oui. J’ai du cœur et je défends mon mari, je le défendrai au prix de ma vie. Car j’aime mon mari, je veux le conserver, et si vous faites pendre quelqu’un, Excellence, ce ne sera pas Flandrin…

— Et qui donc ? s’écria Frontenac tout émerveillé par l’accent chaleureux et sincère de la jeune femme.

— Qui ? Eh bien ! vous ferez pendre la femme de Flandrin, si vous voulez. Mais pas lui… non ! non ! pas lui !

La Chouette s’était animée peu à peu. Toute sa timidité était tombée. À présent, elle se sentait aussi forte que le jour précédent lorsque le Comte s’était présenté chez elle, lorsqu’elle avait dit à ce puissant personnage : « Allez-vous-en ! »

Frontenac se rappelait parfaitement cette scène de la veille. Il n’oubliait pas que la Chouette avait eu des paroles de menace… il oubliait encore moins cet adolescent qui lui avait ordonné de sortir en braquant sur lui la gueule d’un pistolet ! Et ce souvenir lui rappela la note d’avertissement qu’il venait de lire « qu’un assassin viendrait peut-être en son Château pour l’occire » !

Le Comte sourit largement. Il se rapprocha de la jeune femme, et à deux pas d’elle il croisa les bras et dit :

— C’est bien, Chouette, tu sauves ton mari du gibet… je t’admire. C’est entendu, je ne ferai pas pendre Flandrin. Et toi… ah ! non, je n’oserai jamais te faire pendre ! Dieu me garde à jamais de faire passer autour de si beau cou une corde de chanvre ! Non, Chouette, je ne ferai pas pendre ton Flandrin… mais à une condition.

— Quelle condition, Excellence ?

— C’est facile… Et puisque tu dis aimer ton mari, tu l’aideras à remplir la condition.

— Je l’aiderai, Excellence. Dites la condition…

— Celle-ci : Flandrin Pinchot devra nier ce qu’il a signé contre moi, il devra se rétracter, il devra signer un autre mémoire au roi pour dire qu’il a porté contre moi une accusation l’épée sur la gorge… Penses-tu qu’il acceptera cette condition ?

— Excellence, il l’acceptera, parce que moi je l’accepte !

— C’est bien, ton mari est sauvé, Chouette. Mieux que cela, je lui réserve un beau poste en mon château, tu verras ! Voyons ! es-tu contente ?

— Oh ! Excellence, je vous remercie pour moi-même et pour Flandrin. Mais êtes-vous certain que le sieur Perrot le relâchera ? Si déjà on l’avait occis en sa prison !

— Ne crains rien, Chouette, Perrot n’oserait pas aller jusque-là. Je te rendrai ton mari à la condition que j’ai dite. Mon lieutenant des gardes ramènera ton Flandrin dans dix jours… douze jours au plus. Sois tranquille, Chouette, et va en paix !

Il la précéda vers la porte qu’il ouvrit pour s’effacer ensuite. Mais il tressaillit aussitôt de surprise, tandis que la jeune femme de son côté s’arrêtait brusquement dans le cadre de la porte où elle demeurait comme interdite. Frontenac lui-même n’était pas loin de rester interdit, car là, de l’autre côté de la porte, il apercevait un adolescent, droit, immobile et grave. À son côté pendait une épée sur le pommeau de laquelle sa main gauche, petite et fine, se posait avec aisance et sûreté. Frontenac n’en osait pas croire ses yeux. Dans cet adolescent il reconnaissait Louison, l’écolier des Jésuites, le fils adoptif de Flandrin Pinchot.

La Chouette, déjà, s’écriait :

— Est-ce possible, Louison ? Toi, ici ?

— Maman, je veillais sur toi ! dit simplement le collégien.

La jeune femme sourit tendrement et courut l’embrasser.

Frontenac s’approcha, et mettant une main sur l’épaule de Louison, dit doucement :

— Tu feras un homme, mon ami. Je l’ai dit et je t’y aiderai !

Et s’inclinant devant la jeune femme, le Comte rentra dans la salle et referma la porte.

Il se remit à marcher, pensif et sombre.

Au bout d’un moment, il murmura :

— Ah ! ah ! on veut m’assassiner ! Et l’assassin… serait-ce ce jeune homme… cet enfant ? Serait-ce ce fils adoptif de Flandrin Pinchot ? Serait-ce cet écolier de Messieurs les Jésuites ? Oh ! oh ! mais alors ces Messieurs auraient fait une jolie besogne ! C’est bien, nous verrons !…

Puis, d’un pas violent il marcha à sa table, s’assit et se mit à parcourir son courrier.