P. F. Fauche et compagnie (Tome IVp. 248-249).


LETTRE CLXXIV.

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Melle Émilie
à la
Comtesse de Longueil.


L’état de la malade est à peu près le même, depuis votre départ ; mais les forces diminuent sensiblement. La fièvre a pris à sa malheureuse mère, le Commandeur est tourmenté d’un cruel accès de goutte, et garde son lit bien malgré lui. Je serais seule auprès de la Comtesse, si la petite Charlotte, guidée par son cœur, n’avait tant fait qu’elle a obtenu la permission de se rendre ici. Elle a passé la nuit dernière, toute entière auprès de notre amie, sans dormir un instant, toujours debout ou à genoux auprès de son lit, lui serrant les mains, pleurant avec elle ; le Marquis avait bien raison de dire que ce serait un charmant sujet. Je suis obligée de monter et de descendre sans cesse, pour donner des nouvelles à la mère, au Commandeur. Le docteur est revenu ici, peu après votre départ, et y passera deux jours. Il nous a donné quelquefois un peu d’espérance ; mais il évite depuis son retour de répondre à nos questions. Ah ! Madame, je vois bien en noir.

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