P. F. Fauche et compagnie (Tome IVp. 232-233).


LETTRE CLXVIII.

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Melle Émilie
à la
Comtesse de Longueil.


Je continue, madame la Comtesse, le triste journal qu’exige votre amitié. Je suis entrée avec le médecin à huit heures, ce matin, dans la chambre de notre amie ; il lui a trouvé un peu de fièvre, et il a paru désirer qu’elle fût plus forte : « je crains, dit-il, qu’elle ne soit si peu sensible que parce que l’abattement est extrême. » Il lui a fait prendre un cordial qui l’a ranimée, et la matinée s’est passé assez doucement, à quelques tressaillemens près, et de profonds soupirs par intervalle. J’ai interrogé le médecin, et il m’a répondu, que l’état où elle se trouvait, lors de la fatale lecture, aggravait prodigieusement son mal ; qu’il était à craindre qu’il n’y eût engorgement au cerveau, et que sa raison ne soit long-temps altérée. Quelle affreuse perspective !… mais enfin, qu’elle vive. Ce qui restera de ma charmante amie me sera toujours précieux, et ne pourra-t-elle pas reconnaître quelquefois son amie ? Recevez, madame la Comtesse, l’hommage de mon respect.

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