P. F. Fauche et compagnie (Tome IIp. 36-38).


LETTRE XXXVI.

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le Marquis de St. Alban
au
Commandeur de Loewenstein.


Monsieur le Commandeur,

Je suis pénétré de reconnaissance de la lettre noble et touchante que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. Je serais bien affligé si j’avais pu blesser les sentimens que vous voulez bien m’accorder ; mais je ne puis être fâché d’une circonstance qui m’a donné lieu de recevoir des témoignages aussi flatteurs de votre amitié. Je n’avais point formé le projet de m’établir à la campagne, et je comptais me fixer à Francfort. Le hasard en a décidé autrement, et la rencontre que j’ai faite en route d’un fermier du château de ***** qui m’a parlé d’un logement qu’il avait à louer, m’a déterminé. J’aime beaucoup la campagne, et l’occasion m’a tenté. Je ne savais pas que je serais aussi près de votre habitation, et si vous aviez été témoin de ma joie en l’apprenant, j’ose croire qu’elle aurait suffi pour calmer votre colère. Je profiterai d’un voisinage aussi agréable, le plus souvent qu’il me sera possible, monsieur le Commandeur, et vous ne vous appercevrez pas que je n’ai pas le bonheur d’être logé chez vous. J’userai aussi de toutes les permissions que vous me donnez, en homme bien convaincu de vos bontés. Agréez, monsieur le Commandeur, l’hommage d’un cœur reconnaissant, et l’assurance du respectueux attachement avec lequel j’ai l’honneur d’être,

Monsieur le Commandeur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur.
Le Marquis de St. Alban.
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