L’Église et la République/Chapitre III

CHAPITRE III


De l’action de l’Église en France de 1897 à 1899.

En 1897, une affaire, qui touchait l’armée dans ses bureaux et ses conseils de guerre, émut le pays. Pour l’ardeur des passions qu’elle souleva, elle ne peut être comparée qu’à celle de la bulle Unigenitus, survenue cent soixante-quatorze ans auparavant et qui fut aussi, j’ai plaisir à le dire, une querelle des Français sur le juste et l’injuste. L’affaire Dreyfus, sortie d’un jugement secret, avait cela de dangereux, que le mystère dont elle était environnée favorisait le mensonge. À son origine, on trouve les antisémites qui travaillaient depuis quelque temps la France paisible. Et qu’il se soit rencontré, par des temps calmes, chez un peuple aimable et tolérant, des hommes pour réveiller les vieilles haines de races et fomenter des guerres de religion, ce serait un sujet d’étonnement, si l’on ne savait d’où venaient ces hommes et si l’on ne reconnaissait en eux des missionnaires de l’Église romaine. Aux antisémites se joignit bientôt un parti nombreux, le parti Noir, qui, dans les salons, dans les faubourgs, dans les campagnes, semait des bruits sinistres, soufflait des nouvelles alarmantes, parlait de complot et de trahison, inquiétait le peuple dans son patriotisme, le troublait dans sa sécurité, l’imbibait longuement de colère et de peur. Il ne se montrait pas encore au grand jour et formait dans l’ombre une masse immense et confuse, où l’on devinait comme une ressemblance avec les frocs cuirassés des moines de la Ligue. Mais, quand il eut rallié toutes les forces de la contre-révolution, attiré les innombrables mécontents de la République, soulevé enfin devant lui tout ce qu’un coup de vent de l’opinion peut emporter de poussière humaine, il dressa son front immense et bigarré, et prit le nom brillant de Nationalisme.

La crédulité des foules est infinie. Séduit et furieux, le peuple, par masses énormes, se précipitait dans le piège des antisémites. Et les chefs de l’opinion républicaine, en trop grand nombre, l’y suivaient tristement. La législature s’achevait avec une sourde inquiétude, dans le silence d’un gouvernement dupe ou complice du parti Noir et parmi lequel les nationalistes avaient pris des otages. Les élections générales approchant, les moines se découvrirent. Non qu’ils perdissent patience. La patience n’échappe jamais aux religieux. Mais ils rejetèrent toute prudence comme un bagage embarrassant et se lancèrent furieusement dans la lutte politique. Toute la milice romaine donna. Les congrégations non autorisées, se sentant les plus libres, agirent le plus audacieusement. Leur action était préparée de longue main. On retrouve dans toutes les choses ecclésiastiques la constance et la suite. Pour conquérir la domination temporelle en France, l’Église préférait, depuis quelques années, les corps francs, les congrégations non reconnues. Et la multitude de celles-ci augmentait sans cesse dans la France envahie.

En cette occasion, on revit ces vieux ennemis des puissances séculières, ces Petits Pères partout supprimés et partout répandus ; les Jésuites, dont l’avocat Pasquier disait, au temps d’Henri IV, qu’ils ne tendaient qu’à la désolation de l’État ; les Jésuites, « premiers boutefeux » de nos troubles. Qu’ils aient dirigé les entreprises des antisémites au début de l’Affaire, ce n’est guère douteux. On les surprend ensuite nouant des intrigues dans les bureaux de la Guerre pour sauver ces désespérés, qui suaient le sang à étouffer la vérité. Aussi bien les Jésuites y avaient-ils un intérêt sacré. Ils comptaient sur l’Affaire pour réparer le crime de l’Assemblée constituante, et fondaient cette espérance que la trahison d’un juif déterminerait la France indignée et épouvantée à retirer les droits civils aux juifs et aux protestants, et à rétablir ainsi, dans ses lois, l’unité d’obédience au profit des catholiques romains. Il semble qu’ils aient pris moins de soin qu’à l’ordinaire de se cacher. C’est peut-être que le Père Du Lac se montra peu capable de dissimulation, ou bien qu’ils se croyaient trop sûrs de réussir, ayant, pour cette fois, dans leurs intérêts, leurs ennemis eux-mêmes, une foule de libres penseurs et de républicains.

L’ordre de saint Dominique, institué pour combattre l’hérésie, se retrouva fidèle à sa mission première. Ses prédicateurs tonnèrent avec un éclat formidable, et non toutefois sans précaution. Ils commençaient à être contents de la République et ils attendaient de grands biens du ministère Méline : Un frère prêcheur, le Père Maumus, le dit expressément dans son livre sur les Catholiques et les Libertés politiques : « La politique du cabinet sera, si elle triomphe, infiniment plus avantageuse à l’Église que ne le serait un retour à l’ancien régime ».

Cependant, d’un plus robuste effort que le Gesù et que les Frères prêcheurs, les Assomptionnistes travaillaient à la révolution sainte. C’était un ordre nouveau fondé vers 1850. Ils étaient, dans leurs façons, rudes et grossiers, d’allure paysanne. Ils se disaient pauvres, très pauvres, et, comme les oiseaux du ciel, attendant chaque jour la becquée. Et ils possédaient quatorze maisons avec un fonds de roulement d’un million et plus. On trouvera sur eux des renseignements précis dans le compte rendu du procès qui leur fut intenté. Ils s’étaient enrichis à vendre les miracles de saint Antoine. On sait ce que la basse dévotion moderne a fait de ce franciscain rempli de courage et de pitié, qui, dans un siècle dur et sombre, consacra sa vie à défendre les pauvres contre l’avarice des évêques et la cruauté des princes. Maintenant, par l’intermédiaire des Assomptionnistes, il retrouve, moyennant un honnête salaire, les objets perdus, et non pas seulement l’argent, les bijoux et les clés. Je sais, à Bordeaux, un propriétaire à qui il a fait retrouver un locataire, et une dame à qui il a fait retrouver un attachement. Pour exploiter l’Affaire, ils lancèrent leur journal la Croix, rédigé dans le style du Père Duchesne, et qui portait pour vignette, au lieu du marchand de fourneaux, Jésus crucifié ; et ce symbole donnait, pour l’égarement des simples, l’onction d’un texte édifiant et la majesté des formes liturgiques à leurs sales injures et à leurs abominables calomnies. Bientôt des Croix parurent dans tous les départements, qui répandirent par les campagnes, avec l’image du Christ, le mensonge et l’outrage. De leur imprimerie, la « Maison de la Bonne Presse », sortaient une multitude de revues, d’almanachs, de brochures de propagande religieuse et politique. Ils abondèrent en œuvres, fondèrent des confréries pour favoriser les commerçants catholiques et ramener par la famine les petits boutiquiers à la piété ; ils fondèrent des associations de chevaliers qui prêtaient en leurs mains serment d’obéissance et recevaient un diplôme signé sur l’autel ; ils fondèrent l’œuvre électorale catholique qui, par la suite, prit le nom de Comité Justice-Egalité, et qui se donnait pour objet d’intervenir directement dans toutes les élections municipales, cantonales, législatives, présidentielles, et de triompher ainsi des mécréants comme les croisés du moyen âge triomphèrent des musulmans. « Ils avaient, dit M. Waldeck-Rousseau, pour tenir le compte courant des élections, une agence et un agent dans chaque commune. » Ils recueillaient « l’obole des nonnes pour la guerre sainte. » Quatre-vingt-seize cercles catholiques, l’œuvre de Notre-Dame des Armées, qui disposait d’un budget montant à un million et demi de francs, se réunirent à ces religieux.

Les républicains parlementaires, qui n’avaient pas su se porter à temps entre leurs électeurs et les nationalistes et avaient laissé l’antisémitisme envahir l’opinion à l’aide des mensonges qu’ils avaient craint de combattre, regardaient surpris, inquiets, cette entrée en campagne de l’armée noire. M. Léon Bourgeois, dans un discours prononcé à la Chambre, le 16 novembre 1897, dénonça l’audace croissante des congrégations, signala avec terreur la toute-puissance des influences catholiques dans l’armée, montra, dans les villes de garnison, les officiers allant à la messe pour ne pas compromettre leur avancement et envoyant leurs enfants chez les moines, qui les élevaient dans la haine et le mépris du pouvoir civil. La Chambre ordonna l’affichage. Mais ces moines, retranchés dans les crimes de l’État-major, quelle folie de croire qu’on pourrait en venir à bout sans les débusquer de leur inexpugnable mensonge ! On voulait en finir avec les congrégations en armes, et l’on n’osait pas même regarder en face leur formidable machine de guerre, l’affaire Dreyfus ! L’audace des religieux, qui semblait poussée à son extrémité, s’accrut. Ils excitaient et stupéfiaient les foules flottantes par des promesses fallacieuses et de grossières impostures. Ils entraient dans les complots royalistes, y poursuivant moins la restauration impossible du prétendant que l’établissement d’une dictature militaire et l’organisation d’une force matérielle dont ils eussent été l’âme. Ils se mêlaient aux troubles de la rue, embauchaient des émeutiers. Il n’y avait pas de soir où dans Paris, sur les boulevards, des bandes de jeunes camelots n’allassent criant : « Vive l’armée ! », au profit de l’Église romaine.

Les élections se firent à peu près partout sur l’Affaire, dans un tumulte inouï de menaces et d’invectives, et, si le sang ne coula pas, c’est qu’il y a dans le caractère français un fonds de modération qui ne s’épuise pas vite. Les républicains en sortirent péniblement vainqueurs, après une lutte humiliante, sous un amas d’injures et de calomnies, ayant perdu plusieurs de leurs chefs et laissé en quelques endroits l’avantage à de violents adversaires.

Le péril éclatait. Les républicains du Parlement le virent, mais ils ne découvraient pas encore, ils ne voulaient pas découvrir la cause immédiate de leur faiblesse et de leur abaissement. Ils ne sentaient pas encore la vérité de cette forte parole qu’avait prononcée un des leurs, en renonçant à une candidature législative dont les conditions étaient le silence sur l’Affaire : « Un grand parti, comme le parti républicain, avait dit Maurice Lebon, ne peut impunément laisser violer les principes supérieurs du droit et de la justice, sans perdre ainsi toute raison d’être ». Malgré les efforts de quelques hommes tels que Ranc, Jaurès, Clemenceau, Trarieux, Pressensé, le parti Noir avait réussi à maintenir le concert des républicains et des nationalistes sur l’affaire Dreyfus. C’était l’essentiel, car tant que cet accord subsisterait, il était évident que les républicains au pouvoir agiraient à l’avantage de leurs ennemis et seraient, malgré eux, les auxiliaires des moines.

Aussi, quand le chef du gouvernement, qui les avait menés avec une invincible opiniâtreté à leur ruine politique et morale, et qu’ils n’osaient ni renverser ni soutenir, tomba, et lorsque la direction des affaires passa à un vieux républicain plein d’honneur, Henri Brisson, ce constant ennemi de la Congrégation fut contraint de partager le pouvoir avec les nationalistes et de donner à leur homme, M. Cavaignac, la garde de ce ministère de la Guerre où travaillaient les congréganistes.

Les moines étaient pleins de courage. Ils avaient l’Affaire, la bienheureuse Affaire, suscitée, pensaient-ils, par Dieu lui-même pour ramener la France à la foi catholique. Un des leurs, le père Didon, de l’ordre de Saint-Dominique, supérieur de l’école Albert-le-Grand, prononça, lors de la distribution des prix, que présidait le généralissime Jamont, un discours violent et scolastique dans lequel, avec l’ardeur d’un saint Pierre Martyr et la philosophie d’un saint Thomas d’Aquin, il invoquait la force contre des hommes coupables uniquement d’avoir pensé d’une certaine manière, d’avoir eu une opinion, ce qui, selon la doctrine catholique, est à la vérité condamnable en matière de foi. Et qu’est-ce qui n’est pas matière de foi, depuis que le pape infaillible s’est prononcé sur les mœurs comme sur les dogmes ? Il avertissait le gouvernement qu’en tolérant ce désordre, il s’en rendrait complice, annonçait des représailles sanglantes contre ceux qui attaqueraient l’armée, ce qu’il entendait lui-même d’une attaque par la parole et par la plume et qui n’était, dans le fait, que la dénonciation généreuse d’une erreur judiciaire. Enfin il proclamait la subordination du pouvoir civil à l’autorité militaire, mettant ainsi le bras séculier sous l’obéissance directe de la puissance spirituelle.

Faut-il, disait ce moine éloquent, faut-il laisser aux mauvais libre carrière ? Non certes ! Lorsque la persuasion a échoué, lorsque l’amour a été impuissant, il faut s’armer de la force coercitive, brandir le glaive, terroriser, sévir, frapper : il faut imposer la justice. L’emploi de la force en cette conjoncture n’est pas seulement licite et légitime, il est obligatoire : et la force ainsi employée n’est plus une puissance brutale ; elle devient énergie bienfaisante et sainte.

L’art suprême du gouvernement est de savoir l’heure exacte où la tolérance devient de la complicité. Malheur à ceux qui masquent leur faiblesse criminelle derrière une insuffisante légalité, à ceux qui laissent le glaive s’émousser, à ceux dont la bonté tourne en débonnaireté ! Le pays livré à toutes les angoisses les rejettera flétris, pour n’avoir pas su vouloir — même au prix du sang — le défendre et le sauver.

… Aussi, Messieurs, la France conserve et soigne son armée comme son trésor sacré ; elle en a le culte, et sa colère serait terrible, ses représailles sanglantes contre les sacrilèges qui oseraient l’attaquer. Malgré l’intellectualisme qui fait profession de dédaigner la force, malgré les excès d’une liberté folle qui s’impatiente et se révolte contre la force, malgré les prétentions du civilisme, si j’ose employer ce mot barbare, qui veut se subordonner le militaire, malgré le cosmopolitisme qui méconnaît les lois de l’humanité que la Providence et la nature même des choses a voulu grouper en nations distinctes, malgré tous les sophismes, les aberrations d’esprits mal équilibrés, malgré les sacrifices que toute armée nationale impose, la France veut son armée, elle la veut forte, invincible, et met en elle ses plus chères, ses plus hautes espérances…

Avec une atroce fureur, ce langage exprime toute une doctrine ; il prononce la condamnation des libertés politiques et de la liberté de penser. C’est la proclamation du Syllabus dans un appel à la guerre civile. Le généralissime des armées françaises écouta en silence le moine exciter les soldats à la révolte et au massacre. Ainsi, cette fois encore, la robe blanche de Lacordaire fut une liberté, la liberté de la théocratie garantie par l’épée de la France. Henri Brisson dura peu. Il ne dut qu’à son énergie de durer assez pour faire son devoir, et introduire la revision du procès de 1894, devenue nécessaire après les aveux et le suicide du colonel Henry.

Il n’y pas de mots pour peindre le ministère Dupuy qui lui succéda. Ce fut le chaos, l’écroulement et l’abîme. La République allait où l’emportait l’Affaire, que soulevaient en hurlant les nationalistes, entraînés par les bandes romaines. Alors régnèrent dans les villes les matraques et les bayados, et une canne aristocratique défonça le chapeau du président Loubet.

Les républicains firent de sages réflexions et virent que le mal qui avait atteint tout à coup l’état aigu était un mal sourd et profond, un mal ancien, et ils trouvèrent à sa racine la loi du 15 mars 1850. Détruite en grande partie, ses effets duraient et ne cessaient de s’étendre. Certes, elle possédait, cette loi Falloux, une qualité que les lois ont rarement à ce point, l’efficacité. Il fallut, pour la faire, que les ultramontains d’alors fussent doués d’une rare prévoyance et d’une habileté singulière et qu’ils eussent ce sens de la continuité et de la durée qu’on trouve plus qu’ailleurs dans la politique de l’Église. Mais ils n’y seraient pas parvenus sans le secours de leurs adversaires qui ne leur fit pas défaut. Ils reçurent l’aide des libéraux, et ce ne devait pas être pour la dernière fois. Les libéraux, comme les autres hommes, sont sujets à la crainte. La Révolution qui avait emporté la monarchie de Juillet grondait encore, et les orateurs des clubs prononçaient les mots effrayants de communisme et de partage. Les bourgeois éclairés qui, naguère, tranquilles, à l’abri du pouvoir, dénonçaient les intrigues des Jésuites, se donnèrent aux ultramontains par épouvante des rouges. La loi Falloux est fille du zèle et de la peur.

Dans la commission préparatoire, l’abbé Dupanloup disait :

— La cause des congrégations est celle de la justice et de la vertu.

Sur quoi ce vieux voltairien de Thiers, se tournant vers son compère Cousin :

— Cousin, Cousin, il a raison l’abbé, nous avons combattu contre la justice, contre la vertu et nous leur devons réparation.

Et le philosophe Cousin s’écriait :

— Courons nous jeter aux pieds des évêques !

Cette loi livrait les trois degrés de l’enseignement à l’Église et coiffait la France du trirègne de l’obscurantisme. Il n’y a pas lieu de rappeler ici l’oppression cruelle de l’enseignement supérieur, quand les évêques brisaient les doux philosophes de l’École normale. Il n’y a pas lieu de rappeler que, pour une parole contraire à l’orthodoxie catholique, Renan fut mis à bas de sa chaire du Collège de France. Ce qu’il suffit d’indiquer, c’est le sort que la loi Falloux fit à l’enseignement primaire et à l’enseignement secondaire. Dans des milliers de communes, les écoles publiques furent données aux congréganistes. La lettre d’obédience l’emporta sur le brevet de capacité et une partie du peuple fut instruite dans l’ignorance et formée aux disciplines de l’erreur. Les Jésuites, les Marianistes, en possession de toute la clientèle noble, attirèrent dans leurs établissements les fils de la bourgeoisie riche et vaine, qui, jalouse de ressembler à la noblesse, pouvait du moins l’imiter dans ses préjugés. Ils s’attachèrent spécialement à former de bons candidats aux grandes écoles navales et militaires. L’Université est une bonne mère : mais quand ses nourrissons ont quitté son sein, elle ne les connaît plus. Les Pères, au contraire, n’abandonnent jamais leurs élèves. Beaucoup l’ont dit avant moi, notamment, en excellents termes, M. Joseph Reinach[1]. Ils les suivent dans la vie, ils les marient. Ils les font avancer dans les administrations, dans l’armée, les poussent dans le grand commerce, dans l’industrie, dans le barreau, dans la médecine, dans les carrières scientifiques. Ils s’assurent ainsi des intelligences dans tous les rangs de la société et dans tous les organes de l’État. Ils forment une immense agence sociale. Un visiteur, étant entré dans la cellule du père Du Lac, ne vit qu’un seul livre sur sa table de travail, l’Annuaire de l’armée.

  1. Histoire de l’Affaire Dreyfus, 1903, t. III, p. 25.