L’Âme des saisons/Ma Bien-aimée est comme un oiseau dans les bois

Veuve Fred. Larcier, Editeur (p. 80-81).

Ma Bien-aimée est comme un oiseau dans les bois.
Elle gazouille d’aise et soupire parfois,
Et puis se tait, heureuse et douce, laissant luire
Ses grands yeux et sa bouche agréable sourire.
 
Je l’aime ! Elle est surprise un peu de tout cela,
Elle est émue un peu d’être si près des anges,
Elle incline en rêvant sa tête de mésange
Et s’alanguit ainsi qu’un buisson de lilas…


Oh ! je l’aime ! Je veux pour lui plaire être pur,
Etre bon, ordonner pieusement ma vie ;
Son regard a rendu à mon âme ravie
La robe d’innocence à ceinture d’azur !
 
Ma Bien-aimée est comme un oiseau dans les branches
D’un pécher rose ou d’un mélèze reverdi ;
Auprès d’Elle, mon âme est comme en paradis
Dans l’avril bleu, moussant d’écume verte et blanche.
 
Elle est charmante, elle est heureuse, elle dit oui ;
L’avril léger gazouille en son œil ébloui ;
Elle est pareille à la fauvette à tête noire ;
Son regard est si doux que je le voudrais boire.

Elle va, elle vient, elle s’assied, sourit,
Et se redresse, et marche, et sa robe décrit
Avec un doux frou-frou des courbes gracieuses, —
Et mon âme en chantant suit la capricieuse !


1906.