Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Tome 15p. 160-167).


CHAPITRE XIII.

LA POUDRE NOIRE.


Oui, je sais que tous avez de l’arsenic, du vitriol, du sel de tartre, de l’argile, de l’alcali, du cinabre : je sais tout. Ce garçon-là, capitaine, arrivera un jour à être un grand chimiste ; et s’il ne découvre pas la pierre philosophale, du moins il en sera bien près.
Ben Johnson. L’Alchimiste.


Tressilian et ses compagnons poursuivirent leur route avec toute la célérité possible. Il avait demandé au maréchal, lorsque le départ fut arrêté, s’il ne désirait pas éviter de passer par le Berkshire, où il avait joué un rôle si remarquable. Mais Wayland lui fit une réponse pleine d’assurance. Il avait employé le peu de temps de leur séjour à Lidcote-Hall à se déguiser d’une manière étonnante. Sa forêt de barbe était maintenant réduite à deux petites moustaches retroussées à la façon des militaires. Un tailleur du village de Lidcote, moyennant un bon salaire, avait, sous la direction de Wayland lui-même, employé son talent à changer en lui l’homme extérieur, d’une manière si complète qu’il l’avait rajeuni de près de vingt années. Dernièrement, son visage barbouillé de suie et de charbon, sa chevelure démesurément longue, et son corps courbé par la nature de son travail et défiguré par son accoutrement bizarre et déguenillé, le faisaient paraître un homme de cinquante ans. Maintenant, sous l’élégante livrée de Tressilian, avec l’épée au côté et un bouclier à l’épaule, il avait l’air dégagé d’un domestique de bonne maison, dont l’âge pouvait être de trente à trente-cinq ans. Son aspect grossier et sauvage avait également fait place à un air leste, éveillé, et hardi jusqu’à l’impudence.

Tressilian l’ayant interpellé pour lui demander le motif d’une métamorphose aussi singulière et aussi complète, Wayland se borna à répondre en chantant une stance d’une comédie[1], alors nouvelle, et qui, au jugement des personnes les plus indulgentes, semblait annoncer quelque génie chez son auteur. Nous sommes heureux de pouvoir en citer le refrain mot pour mot.

Ban, ban ça, Caliban,
Avec maître nouveau
Deviens homme nouveau.

Ces vers, dont Tressilian ne se souvenait nullement, lui rappelèrent que Wayland avait été autrefois comédien, circonstance qui expliquait tout naturellement la promptitude avec laquelle il avait pu opérer ce changement total dans son extérieur. L’artiste lui-même était si persuadé que son déguisement était complètement changé, ou plutôt d’avoir complètement changé son déguisement pour parler plus correctement, qu’il regrettait que ce ne fût pas le chemin de passer devant son ancienne retraite.

« Je ne craindrais pas, dit-il, d’aller sous ce costume, et avec la protection de Votre Honneur, regarder en face monsieur le juge Blindas, même un jour d’assises ; je voudrais aussi savoir ce qu’est devenu le lutin qui doit faire un jour le diable dans le monde, s’il peut rompre sa chaîne et se débarrasser de sa grand’mère et de son magister… Et ma pauvre caverne ! J’aurais été bien aise de voir quel dégât l’explosion d’une pareille quantité de poudre a fait parmi les cornues et les fioles du docteur Démètrius Doboobie. Je parie que ma renommée vivra dans la vallée de White-Horse longtemps après que mon corps aura été mangé des vers, et que plus d’un paysan attachera encore son cheval, déposera son groat d’argent, et sifflera comme un matelot pendant le calme, pour que Wayland Smith vienne ferrer son cheval ; mais le cheval sera fourbu avant que je réponde à l’appel. «

Sous ce rapport, Wayland a été bon prophète, et les fables s’accréditent si facilement, qu’il existe encore aujourd’hui dans la vallée de White-Horse, une tradition confuse de la manière extraordinaire dont il exerçait la profession de maréchal ; et, ni la tradition de la victoire d’Alfred, ni celle du célèbre Pusey-Horn[2], ne se sont mieux conservées dans le Berkshire que la légende de Wayland Smith.

L’empressement des voyageurs fit qu’ils ne s’arrêtèrent en route que le temps nécessaire pour faire rafraîchir leurs chevaux ; et, comme la plupart des endroits qu’ils traversaient étaient sous l’influence du comte de Leicester, ou de personnes qui dépendaient immédiatement de lui, ils jugèrent prudent de cacher leurs noms et le but de leur voyage. Dans ces circonstances, l’intervention de Wayland Smith (nom sous lequel nous continuerons à désigner l’artiste, quoique son véritable nom fût Lancelot Wayland) fut extrêmement utile. Il Semblait véritablement prendre plaisir à déployer son habileté à se jouer de toutes les investigations, et s’amuser à dérouter la curiosité des garçons d’auberge et des aubergistes eux-mêmes par les contes les plus ridicules. Dans le cours de leur petit voyage, trois bruits différents et contradictoires furent répandus par lui sur le compte de son maître. La première fois, il dit que Tressilian était le lord-deputy[3] d’Irlande, venu sous un déguisement pour prendre les ordres de la reine, au sujet du fameux rebelle Dory-Oge Mac-Carthy Mac-Mahon ; la seconde, que c’était un envoyé de Monsieur qui venait demander pour lui la main d’Élisabeth ; la troisième, que c’était le duc de Médina, arrivé incognito pour arranger le différend qui existait entre Philippe II et la reine.

Tressilian, mécontent de ces mensonges, exposa, en se fâchant, à l’artiste, les divers inconvénients qui pouvaient en résulter, et dont le moindre était d’appeler l’attention sur eux, sans nécessité ; mais il fut apaisé (car le moyen de résister à un pareil argument ?) par l’assurance que lui donna Wayland, que tout le monde le prenait pour un personnage d’importance, et qu’à cause de cela il était nécessaire d’expliquer par un motif extraordinaire la rapidité de son voyage et le mystère qui l’entourait.

À mesure qu’ils approchaient de la capitale, l’affluence des étrangers devenant plus grande, leur présence ne provoqua plus ni curiosité ni questions, et enfin ils entrèrent dans Londres.

Tressilian se proposait de se rendre directement à Deptford, où lord Sussex faisait sa résidence, afin d’être près de la cour, qui se tenait alors à Greenwich, séjour favori d’Élisabeth, et qu’elle honorait comme le lieu de sa naissance. Cependant une courte halte à Londres était nécessaire, et elle fut un peu prolongée par les vives instances de Wayland, qui demanda la permission d’aller faire un tour dans la Cité.

« Prends ton épée et ton bouclier, et suis-moi alors, dit Tressilian ; je veux aussi la visiter, et nous sortirons de compagnie. «

Tressilian avait un motif pour parler ainsi ; il n’était pas assez sûr de la fidélité de son nouveau serviteur pour le perdre de vue dans un moment où les deux factions qui partageaient la cour étaient aux prises plus que jamais. Wayland acquiesça sans peine à cette précaution, dont il soupçonnait probablement les motifs ; il stipula seulement que son maître entrerait avec lui dans les boutiques de quelques apothicaires ou chimistes qu’il lui désignerait en traversant Fleet-Street[4], et lui permettrait de faire quelques emplettes qui lui étaient nécessaires. Tressilian y consentit, et, docile aux indications de son domestique, il entra successivement dans quatre ou cinq boutiques, où il observa que Wayland n’acheta qu’une seule drogue à la fois, et en diverses quantités. Wayland obtint sans peine l’un après l’autre ces médicaments qu’il demanda les premiers, mais ceux qu’il chercha ensuite, il les trouva moins facilement ; et Tressilian observa encore que son domestique, à la grande surprise du marchand, refusait la gomme ou la plante qui lui était présentée, s’en faisait donner de meilleure qualité, ou bien allait en demander ailleurs. Il y eut pourtant un de ces ingrédients qu’il semblait presque impossible de trouver. Quelques droguistes avouaient franchement qu’ils ne l’avaient jamais vu ; d’autres niaient qu’une pareille drogue eût jamais existé autre part que dans le cerveau malade des alchimistes ; mais la plupart, voulant satisfaire l’acheteur, lui offraient une autre drogue, et quand Wayland la repoussait comme n’étant pas celle qu’il avait demandée, ils soutenaient qu’elle possédait les mêmes vertus, même à un plus haut degré. Un vieil apothicaire à pauvre mine, à qui l’artiste fit sa demande accoutumée en termes que Tressilian ne comprit pas, et ne put retenir, répondit avec franchise qu’il n’y avait personne qui possédât de cette drogue à Londres, à moins que le juif Yoglan n’en eût encore.

« Je m’en doutais, » dit Wayland ; et aussitôt qu’ils furent sortis de la boutique : « Je vous demande pardon, monsieur, dit-il à Tressilian, mais un ouvrier ne saurait travailler sans outils. Il faut absolument que j’aille chez Yoglan, et je vous assure que si cela vous retient plus long-temps que vos affaires ne semblent le permettre, vous en serez bien dédommagé par l’usage que je ferai de cette drogue si rare. Permettez-moi, ajouta-t-il, de marcher devant vous, car nous allons quitter la grand’rue, et nous irons deux fois plus vite si je vous montre le chemin. »

Tressilian y consentit, et, suivant le maréchal dans une ruelle qui tournait à gauche du côté de la rivière, il reconnut que son guide devait connaître parfaitement la ville, car il marchait très vite à travers un labyrinthe de rues détournées, de cours et de passages obscurs. Enfin il s’arrêta au milieu d’une rue fort étroite, au bout de laquelle on apercevait confusément la Tamise et les mâts de deux bâtiments qui attendaient la marée pour partir. La boutique devant laquelle il s’arrêta n’avait pas, comme celles de nos jours, des fenêtres vitrées ; mais un méchant rideau de grosse toile entourait une espèce d’échoppe de savetier, ouverte par devant comme les boutiques de marchands de poisson de notre époque. Un petit vieillard à la figure blême, et dont l’extérieur annonçait toute autre chose qu’un juif, car il avait les cheveux lisses et point de barbe, se présenta, et avec force salutations demanda à Wayland ce qu’il y avait pour son service. Il n’eut pas plutôt nommé la drogue en question, que le juif fit un mouvement de surprise. « Et quel besoin, » dit-il en mauvais anglais, « peut avoir Votre Honneur d’une drogue que je n’ai pas entendu nommer depuis quarante ans que je suis apothicaire en cette ville ?

— Je ne suis point chargé de répondre à ces questions, dit Wayland ; je désire seulement savoir si vous avez la drogue dont j’ai besoin, et si, dans le cas où vous en auriez, vous voulez m’en vendre.

— Eh, mon Dieu ! pour en avoir, j’en ai ; et pour en vendre, je suis apothicaire, et je vends toute espèce de drogues. » En disant ces mots, il lui présenta une poudre. « Mais cela vous coûtera cher, ajouta-t-il. Ce que j’en ai a coûté son pesant d’or ; oui, et de l’or le plus pur… Cette poudre vient du mont Sinaï, où nous fut donnée notre sainte loi ; et la plante ne fleurit que tous les cent ans.

— Je ne sais pas si on en récolte souvent ou non sur le mont Sinaï, » dit Wayland après avoir regardé avec mépris la drogue qui lui était offerte ; « mais je gagerais mon épée et mon bouclier contre votre gaban, que ce que vous me présentez au lieu de ce que je vous ai demandé, ne coûte que la peine d’être ramassé dans les fossés du château d’Alep.

— Vous êtes un terrible homme, dit le juif ; au surplus, je n’ai rien de meilleur, et quand j’aurais un meilleur médicament, je ne vous en vendrais pas sans ordonnance de médecin, ou sans savoir ce que vous comptez en faire. »

L’artiste fit une courte réponse dans un langage dont Tressilian ne put comprendre un mot, et qui sembla frapper le juif du plus grand étonnement. Il regarda Wayland de l’air d’un homme qui a soudainement reconnu quelque puissant héros ou quelque potentat redoutable dans la personne d’un étranger inconnu et peu remarqué. « Saint Élie ! » s’écria-t-il quand il fut revenu du premier effet de sa surprise ; puis, passant de la brusquerie et de la méfiance au dernier degré de la servilité, il salua humblement l’artiste, et le pria d’entrer dans sa pauvre demeure, et d’en bénir le misérable seuil en y posant le pied. « Ne boirez-vous pas un coup avec le pauvre juif Zacharias Yoglan ?… Voulez-vous du tokay, du lacryma-christi ?… Voulez-vous…

— Vous m’obsédez avec vos offres, dit Wayland ; donnez-moi ce que je vous demande, et faites-moi grâce de vos discours. «

L’Israélite, ainsi rebuté, prit un trousseau de clefs, et ouvrant avec circonspection une armoire qui paraissait fermée avec plus de soin que toutes les autres de sa boutique, il prit un petit tiroir secret recouvert d’une glace, et contenant une petite poudre noire. En la présentant à Wayland, ses manières annonçaient la plus profonde humilité, en même temps qu’un sentiment d’avarice jalouse, qui semblait envier à l’acheteur chaque grain qu’il allait posséder, perçait dans l’expression de sa figure, et luttait avec la déférence obséquieuse qu’il désirait témoigner.

« Avez-vous des balances ? » dit Wayland.

Le juif indiqua celles qui se trouvaient dans sa boutique et dont il se servait d’ordinaire ; mais il le fit avec un air d’embarras et d’hésitation qui n’échappa point à l’artiste.

« Il doit y en avoir d’autres que celles-ci, » dit Wayland d’un ton sévère ; « ne savez-vous pas que les choses saintes perdent de leur vertu quand elles sont pesées dans des balances qui ne sont pas justes ? »

Le juif baissa la tête, tira d’une petite cassette garnie en acier une paire de balances richement montées, et dit en les ajustant pour l’usage de l’artiste : « Ce sont celles dont je me sers pour mes expériences ; un poil de la barbe du grand-prêtre suffirait pour les faire trébucher.

— Assez ! » dit l’artiste ; et il pesa lui-même deux drachmes de la poudre noire, qu’il enveloppa soigneusement et mit dans sa poche avec les autres drogues. Il en demanda ensuite le prix au juif, qui répondit en baissant humblement la tête :

« Rien, rien du tout pour un homme comme vous : mais vous reviendrez voir le pauvre juif, vous visiterez son laboratoire, où, Dieu lui soit en aide ! il s’est desséché comme la gourde du saint prophète Jonas. Vous aurez pitié de lui et vous lui ferez faire un pas dans la voie qui mène au grand œuvre.

— Chut ! » dit Wayland en posant mystérieusement un doigt sur sa bouche ; « il pourra se faire que nous nous revoyions : tu as déjà le schah-magm, comme tes rabbins l’appellent… la création générale ; veille donc et prie, car tu dois arriver à la connaissance de l’élixir d’Alchahest Samech, avant que je puisse communiquer de nouveau avec toi. » Alors, répondant par un léger signe de tête aux salutations révérencieuses du juif, il sortit gravement de la rue, suivi de son maître, de qui la première observation sur la scène dont il venait d’être témoin fut que Wayland aurait dû payer à cet homme sa drogue, quelle qu’elle fût.

« Moi, le payer ! s’écria l’artiste ; que le diable me paie moi-même, si j’en fais rien ! Si ce n’eût été la crainte de déplaire à Votre Honneur, j’aurais tiré de lui une once ou deux d’or, en échange d’une pareille quantité de poussière de brique.

— Je vous conseille de vous abstenir de pareilles friponneries, tant que vous serez à mon service, dit Tressilian.

— Ne viens-je pas de vous dire que c’était pour cette seule raison que je ne l’ai pas fait ?… Friponnerie, dites-vous ? bah ! ce squelette ambulant est assez riche pour paver de dollars la rue qu’il habite sans qu’il y paraisse, pour ainsi dire, à son coffre-fort. Il n’en court pas moins comme un fou après la pierre philosophale. D’ailleurs n’a-t-il pas voulu, parce qu’il me prenait pour un pauvre domestique, me vendre bien cher une drogue qui ne valait pas un sou ? Fin contre fin, dit le diable au charbonnier[5] ; si son prétendu médicament valait mes bonnes couronnes, ma poussière de brique vaut son bon or.

— Cela peut être bon pour les affaires entre juifs et apothicaires, dit Tressilian ; mais apprends que de pareils tours de passe-passe de la part d’un homme qui est à mon service porteraient atteinte à mon honneur, et que je ne les souffrirai pas. Je suppose que tu as fini tes achats.

— Oui, monsieur, et avec ces drogues je vais composer le véritable orviétan, noble médecine qu’il est si rare de trouver pure et sans mélange dans les royaumes d’Europe, faute de cette précieuse drogue que je viens d’obtenir d’Yoglan.

— Mais pourquoi n’avez-vous pas fait tous vos achats dans la même boutique ? nous avons perdu plus d’une heure à courir d’un droguiste chez l’autre.

— Je vais vous le dire, monsieur, dit Wayland. Je ne veux apprendre mon secret à personne, et il cesserait bien vite d’en être un, si j’achetais tous mes ingrédients chez le même marchand. »

Ils retournèrent alors à leur auberge (la fameuse auberge de la Belle-Sauvage[6]) ; et tandis que le domestique de lord Sussex préparait les chevaux pour leur voyage, Wayland ayant obtenu du cuisinier qu’il lui prêtât un mortier, s’enferma dans une chambre, où il mêla, pesa et amalgama les drogues qu’il avait achetées, dans une proportion convenable, avec une promptitude et une adresse qui prouvèrent combien il était au fait de toutes les manipulations de la pharmacie.

Pendant que Wayland préparait son électuaire, les chevaux avaient été bridés, et au bout d’une petite heure de course, ils arrivèrent tous les trois à Say’s-Court, près Deptfort, résidence actuelle de lord Sussex, qui a long-temps appartenu à une famille du nom de Say, mais qui depuis plus d’un siècle est devenue la propriété de la famille Évelyn. Le chef actuel de cette ancienne maison prenait un vif intérêt au comte de Sussex, et s’était fait un plaisir de le recevoir, lui et sa nombreuse suite, dans sa demeure hospitalière. Say’s-Court fut ensuite la résidence du célèbre M. Évelyn, dont la Sylva est encore le manuel des grands propriétaires de la Grande-Bretagne, et dont la vie, les mœurs et les principes, tels que les font connaître ses Mémoires, devraient être également un modèle pour tous les gentilshommes.


  1. La Tempête de Shakespeare. a. m.
  2. Roi du pays de Galles. a. m.
  3. Vice-roi d’Irlande. a. m.
  4. Rue très marchande de la Cité, à Londres. a. m.
  5. Dans une vieille farce anglaise intitulée le Charbonnier de Croydon. a. m.
  6. Bell en anglais veut dire cloche ; avec un e, belle est l’ancienne orthographe. a. m.