Joyeusetés galantes et autres/XXXV. — Académie

Joyeusetés galantes et autresA l’Enseigne du Beau Triorchis (Mlle Doucé) (p. 120-122).

XXXV

ACADÉMIE

Placide et confiant, son bel œil de génisse
Se promène au hasard, étonné par le jour,
Sans craindre que jamais rien au monde ternisse
Son nonchalant azur où luit un vague amour.

Oh ! si tu la voyais, mon ami ! quelle grâce
Dans ce corps ébloui de joie et de santé,

Dans le doux mouvement de son épaule grasse,
Dont la chair ferme ondule avec tranquillité.

Sa gorge, à temps égaux, soulève son corsage,
En ses bonds à la fois réguliers et puissants,
Et sa lèvre, point rose au milieu du visage,
Livre, sans les compter, ses baisers nourrissants.

Autour d’elle on croirait voir flotter une brume,
Tant son être divin dégage de parfums,
Et, comme dans la nuit un rouge éclair s’allume,
Elle agite du feu dans ses lourds cheveux bruns.

Hier, je la regardais couchée et demi-nue ;
Son torse large et rond s’étalait, et son bras
Soutenait fièrement cette masse charnue
Qui plongeait de son poids énorme dans les draps ;

Ses hanches débordaient la jambe repliée,
Une ombre apparaissait dans les plis du jarret ;
Ainsi, dans cette pose athlétique oubliée,
La riche créature en dormant respirait.

Elle se réveilla longuement. Sa prunelle

S’ouvrit avec un air lent et majestueux,
Et, sans perdre un instant sa douceur éternelle,
Elle considéra ses deux seins montueux !