Jacques (1853)/Chapitre 78
LXXVIII.
Je veux vous épargner l’embarras d’une explication verbale ; elle ne pourrait être que difficile et pénible entre nous ; nous nous entendrons plus vite et plus froidement par écrit. J’ai plusieurs questions à vous adresser, et j’espère que vous ne me contesterez pas le droit de vous interroger sur certaines choses qui m’intéressent pour le moins autant que vous.
1o Croyez-vous que j’ignore ce qui s’est passé entre vous et une personne qu’il n’est pas besoin de nommer ?
2o En revenant ici, ces jours derniers, en même temps qu’elle, et en vous présentant à moi avec assurance, quelle a été votre intention ?
3o Avez-vous pour cette personne un attachement véritable ? Vous chargeriez-vous d’elle, et répondriez-vous de lui consacrer votre vie, si son mari l’abandonnait ?
Répondez à ces trois questions ; et si vous respectez le repos et la vie de cette personne, gardez-moi le secret auprès d’elle sur le sujet de cette lettre ; en le trahissant, vous rendriez son salut et son bonheur futur impossibles.