Traduction par P.-J. Stahl, Lermont.
Bibliothèque d’éducation et de récréation J. Hetzel (p. 191-202).


CHAPITRE XV

LES MIRACLES DE SAINTE LUCY


Le lendemain de ce jour où Jane avait découvert le secret si bien gardé de son ami fut un heureux jour pour Jack. Il reçut la récompense de toute sa semaine de souffrances. Ce fut d’abord la visite de M. Acton : Mme Minot l’avait mis au courant de l’histoire, et il promit à Jack de le disculper devant tous ses camarades ; sans cependant accuser Bob. La réparation devait être publique comme l’accusation.

Les éloges de M. Acton firent rougir Jack jusqu’aux oreilles. Sa joie fut au comble lorsque son maître effaça les mauvaises notes qu’il lui avait données la veille, et mit, en regard du mot conduite, le chiffre 1000 qui n’avait jamais été donné.

Après quoi Mme Minot emmena son fils chez le capitaine Skinner. Ils partirent en voiture. Jack conduisait lui-même. Quelle différence avec le voyage précédent ! Il en fit confidence à sa mère. Que de peines il avait eues ! Il avait glissé ; il était tombé, s’était fait mal au genou, tordu le pied, etc. Il enfonçait dans la boue jusqu’à la cheville ; le vent lui piquait les yeux, il faisait un froid glacial, et le trajet semblait d’une longueur interminable. Sans la pensée du service qu’il allait rendre à Bob, jamais il n’eût pu continuer !… Enfin, tout cela était passé ; ses dures épreuves étaient terminées, grâce à Jane, et il ne regrettait rien, oh ! non !

On arriva. Mme Minot savait si bien raconter les choses, qu’elle eût touché le cœur d’un homme plus inflexible que le capitaine Skinner. Il lui promit de ne pas faire de reproches à Bob, et parut très sensible aux efforts de Jack pour garder Bob dans le droit chemin. Quant à Bob, il se hâta d’attirer Jack dans la grange, et là, dans le foin parfumé, il lui fit les remerciements les plus sincères. Au moment du départ, il déposa dans la voiture de son ami un grand sac de châtaignes, et voulut se retirer timidement. Mais Mme Minot et le capitaine le retinrent pour lui adresser quelques paroles d’encouragement, qui l’obligeraient pour l’avenir à une conduite exemplaire sous peine de déchoir dans leur estime.

« Mes châtaignes seront pour Jane, dit Jack à sa mère quand ils furent de nouveau en route. Je voudrais pouvoir lui donner quelque chose dont elle ait bien envie. Elle est si gentille de m’avoir tiré d’affaire, que je lui dois bien une récompense.

— Je crois que je pourrai vous satisfaire dans quelques jours, dit Mme Minot. Ce sera une surprise agréable pour tout le monde, mais je ne veux rien vous dire encore. Moi aussi, j’ai mes secrets.

— Oh ! gardez-les, mère, s’écria Jack en secouant ses épaules comme pour les débarrasser d’un fardeau trop lourd. Moi, j’en ai assez et pour longtemps. Est-il joli, le vôtre ?

— Très joli, répondit sa mère en riant, mais je croyais que vous ne vouliez pas me faire de questions ?

— J’oubliais ! » fit Jack, et il passa à un autre sujet. Il était si heureux qu’il lui semblait avoir des ailes.

La journée se termina par la visite d’Édouard. Jack lui raconta toutes ses péripéties.

« Je n’imaginais guère que vous prendriez si vivement ma recommandation, lui dit son ami. Je vous demandais seulement d’être bon pour Bob. »

Édouard ignorait l’influence qu’il avait sur ses camarades, et qui provenait tout simplement de l’exemple qu’il leur donnait.

« Je ne voulais pas me contenter de parler sans rien faire, lui répondit Jack, Ce n’est pas là votre manière d’agir, et je veux vous ressembler en tout.

— Vous trouveriez aisément de meilleurs modèles, lui répondit Édouard.

— Pas du tout. Vous nous êtes supérieur à tous. Je ne sais pas à quoi cela tient, mais il semble que vous ayez en vous un soleil intérieur, qui fait du bien à tous ceux qui vous approchent. D’où cela peut-il venir ?

— Édouard a un cœur d’or, » interrompit Frank.

Édouard qui, à toutes ses qualités joignait la modestie ; souffrait de ces éloges si mérités cependant. Il se hâta de changer la conversation.

Le dimanche suivant, Mme Minot entra sans parler dans la chambre des oiseaux et alla s’asseoir au coin du feu. C’était le soir. Il n’y avait là que les trois enfants. Frank lisait attentivement dans un coin ; Jack était très occupé à regarder au microscope un œillet blanc. Jane couchée sur le sofa où elle avait passé toutes ses journées depuis quatre longs mois, tenait à la main un autre œillet rouge non moins beau que celui qu’examinait Jack. Elle en respirait longuement le parfum et parlait à demi-voix pour ne pas troubler la lecture de Frank.

Mme Minot regarda attentivement la petite fille. Jane avait pâli et maigri, mais sa figure avait une expression de douceur qu’elle n’avait jamais eue quand elle se portait bien. Elle avait changé du tout au tout depuis le jour où nous l’avons vue pour la première fois. Ce n’était plus le petit diable, l’enfant volontaire et entêtée, que nous avons connue alors. Ce n’était pas non plus la petite révoltée qu’elle avait été dans les premiers temps de sa maladie. Elle semblait avoir pris son mal en patience, ne se plaignait jamais, ne pensait qu’à ceux qui l’entouraient, et était bien autrement aimée qu’autrefois.

« Jack, disait-elle, avez-vous vu comme les pétales sont brillants ? On dirait du marbre blanc. Ils s’enroulent dans le fond du calice de l’œillet, et ils deviennent roses. C’est là, derrière ce joli rideau, qu’habite toute seule la petite fée verte. Votre mère me l’a montrée ce matin. N’est-ce pas charmant ? J’appelle cela la fée verte ; mais en réalité, ce n’est que l’endroit d’où vient le parfum, et où se forment les graines. »

Jane leva les yeux et rencontra le regard de Mme Minot.

« M’auriez-vous parlé, madame ? lui demanda-t-elle en lui rendant son sourire.

— Non, ma mignonne, mais je me disais qu’on pourrait faire une très jolie histoire sur votre petite fée qui ne trahit sa présence que par son parfum. Voulez-vous que j’essaye de la faire et que je vous la raconte ?

— Oh oui ! s’écria-t-elle en même temps que Jack.

— Au fond, c’est une histoire vraie, dit Mme Minot. Je la déguiserai quelque peu. Nous l’appelerons les Miracles de sainte Lucy. »

Frank quitta son livre et s’étendit sur le canapé ; Jane arrangea son coussin sous sa tête et croisa les mains, et Jack se coucha sur le tapis les pieds un peu trop en l’air, mais c’était pour mieux admirer les pantoufles en tapisserie dont Jane lui avait fait cadeau le matin même.

Mme Minot commença :


Mme Minot commença.

« Il était une fois une châtelaine qui avait un gentil petit château et pour fils deux petits chevaliers…

— Elle n’avait pas de filles ? interrompit Jack.

— Non, c’était un grand sujet de chagrin pour elle, car ses fils grandissaient, et elle se trouvait souvent bien triste quand ils la quittaient…

— Comme Boule-de-Neige, quand on lui prend ses petits, murmura Jane.

— Si vous interrompez comme cela à tous propos, nous n’en finirons jamais, dit Frank d’un ton sévère.

— Un jour, continua Mme Minot, les jeunes chevaliers étant allés à la chasse trouvèrent dans la forêt une petite fille évanouie sur la neige. C’était la fille d’une bonne et aimable dame qui n’avait plus ni mari ni fortune. Cette enfant était un petit être sauvage et indocile, toujours en mouvement, toujours en danses et en chants, et aussi difficile à prendre qu’un écureuil. Par pure bravade, elle grimpait dans les endroits les plus difficiles, sautait par-dessus les haies et les barrières, et voulait aller partout, si bien que ce jour-là, elle était tombée et s’était grièvement blessée. Les petits chevaliers la recueillirent ainsi que sa mère et la transportèrent dans leur château, La châtelaine les accueillit toutes deux avec bonheur.

— Je crois que c’est de vous qu’on parle, dit tout bas Jack à son amie en lui jetant son œillet blanc. Jane lui envoya en échange la fleur qu’elle tenait, et mit son doigt sur ses lèvres pour lui imposer silence. L’histoire devenait très intéressante.

— Au bout de quelque temps, poursuivit Mme Minot sans prendre garde à l’interruption, les souffrances de la petite fille diminuèrent ; bientôt elles cessèrent presque complètement ; mais l’enfant ne pouvait se résigner à sa captivité. Elle pleurait et gémissait depuis le matin jusqu’au soir.

— La châtelaine s’efforçait de lui venir en aide, mais ce n’était pas facile ; les petits chevaliers étaient très gentils pour elle, et ses amis aussi. Ils venaient la voir aussi souvent que possible, mais ils ne pouvaient rester toujours auprès d’elle, et elle se trouvait parfois bien malheureuse. Rien ne la consolait. Elle se meurtrissait les ailes contre les barreaux de sa cage, comme un pauvre petit oiseau. Bientôt sa gaieté et sa vivacité eurent disparu. C’était triste de la voir ainsi.

— Avec tout cela, où donc est sainte Lucy ? interrompit Jack qui n’aimait pas à entendre rappeler les souffrances de son amie.

— Un peu de patience, Jack, répondit sa mère. Les saints ne sont pas des saints depuis le moment de leur naissance. Ils ne le deviennent qu’après des tribulations à l’infini et de longues épreuves. Je continue mon histoire : La pauvre petite malade chantait quelquefois : « Douce Patience, viens m’aider, » sans se douter que la Patience était un ange qui l’entendait peut-être. Mais un soir qu’elle s’était endormie en l’appelant, l’ange vint en effet. Personne ne le vit entrer, personne ne l’entendit, mais il était là. Il toucha du bout de son aile les yeux, les mains et la bouche de l’enfant, et il s’envola en lui laissant trois dons précieux. Depuis ce moment, sans que la petite Lucy en sût la cause, ses chansons devinrent moins tristes ; ses yeux virent tout en beau, et ses mains furent toujours prêtes à aider ceux qui l’entouraient. Peu à peu l’oiseau farouche cessa de s’agiter dans sa cage. Il s’apprivoisa et remplit le palais de son doux chant, si bien que la châtelaine l’écoutait des heures entières sans se lasser. Les petits chevaliers rappelaient leur rossignol, et sa pauvre mère s’en trouvait consolée.

— C’était là un des miracles de sainte Lucy ? continua Jack.

— Oui, mais ce n’était pas le seul ; l’ange de la patience peut en faire bien d’autres. Il suffit de le laisser faire.

— La petite fille s’appelait-elle vraiment Lucy ? continua Jack.

— Non, mais la châtelaine la surnomma ainsi en voyant combien elle tâchait de ressembler à une certaine miss Lucile Snow dont elle lui avait parlé un jour. »

Jane se cacha la figure contre son oreiller ; elle ne trouvait pas de paroles pour exprimer combien elle était heureuse de voir ses petits efforts connus et récompensés.

« Cette histoire est très intéressante, dit Frank, mais il me semble qu’on eût pu en dire plus long sur les jeunes chevaliers.

— Vous êtes donc bien pressé ? demanda Mme Minot.

— Est-ce que l’histoire n’est pas finie ? s’écria Jack en ouvrant de grands yeux.

— Oh ! mais non. Nous n’en sommes guère qu’à la moitié.

— Je comprends, dit Frank. Il reste encore la morale. Vous autres, tâchez de ne pas interrompre maman, pour que ce soit plus vite fini. »

Mme Minot continua :

« L’aîné des deux chevaliers, trop hardi, aimait beaucoup à conduire des dragons en guise de chevaux, au risque de se rompre le cou…

— Cela faillit même lui arriver un jour, dit Jack en riant. Puis il ajouta avec intérêt :

— Qu’est devenu le second petit chevalier ?

— Celui-là, dit Mme Minot, était plein des meilleures intentions ; il voulait devenir un vrai chevalier d’autrefois, mais il manquait de jugement, et cela lui jouait souvent de mauvais tours. Jamais il ne prenait le temps de réfléchir. Enfin, les deux frères furent rendus plus sages par l’expérience.

— Et la petite fille ? demanda Jack. Y a-t-il encore quelque chose pour elle ?

— Certainement, mais vous me laissez à peine le temps de parler. Lors donc que, grâce à l’ange Patience, Lucy fut devenue douce et gaie, elle fit, sans s’en douter, toutes sortes de miracles autour d’elle. Elle savait consoler ses amis quand ils lui racontaient leurs petites misères ; elle était toujours prête à s’oublier pour les autres ; la châtelaine se prit à la regarder comme sa fille, et ses fils sentirent instinctivement qu’il leur était bon d’avoir une gentille petite sœur à aimer et à protéger. À cause d’elle, ils devinrent plus doux, plus polis, plus prévenants ; et lorsqu’on leur parla de reprendre Lucy, ils déclarèrent qu’ils ne la laisseraient partir pour rien au monde, qu’elle leur était indispensable et devait rester toujours avec eux.

— Je voudrais bien voir qu’il en fût autrement ! s’écria Frank avec chaleur, et Jack dit d’un air de défi :

— Qui donc parle de nous prendre Jane ?

— C’est la mère de Lucy qui, craignant d’abuser de l’hospitalité de la châtelaine, voulait à toute force retourner dans son cottage, mais celle-ci lui fit comprendre que sa fille leur était nécessaire aussi bien qu’elle-même, qu’il n’y aurait plus de bonheur au château si elles le quittaient jamais, qu’elle se faisait vieille, qu’elle avait besoin d’être aidée dans l’administration de son petit domaine, et elle lui demanda de venir en prendre soin, d’habiter son château pour toujours.

— A-t-elle consenti ? » dit Jane d’une voix anxieuse.

Le petit oiseau avait appris à chérir sa prison.

« Oui, dit Mme Minot.

— Hourrah ! s’écrièrent les deux garçons, et Jane, tout émue, se souleva sur son sofa pour balbutier :

— Est-ce possible ? C’est trop bon pour être vrai !

— Voilà une magnifique fin à une charmante histoire, dit Jack d’un air grave.

— Ce n’est pas tout, » dit Mme Minot.

Trois figures étonnées se tournèrent vers elle, et trois petites bouches s’écrièrent à la fois :

« Qu’y a-t-il donc encore ?

— Toutes sortes de belles choses, reprit Mme Minot. Sachez d’abord que, tandis que Lucy s’occupait des autres, on ne l’oubliait pas. Elle s’imaginait rester tout l’été enfermée dans sa chambre. Au lieu de cela, le médecin déclara qu’elle allait beaucoup mieux et qu’au premier rayon de soleil, on la transporterait sur la terrasse. Puis, pendant les vacances, on la mènerait, ainsi que la châtelaine et les petits chevaliers, passer un mois ou deux au bord de la mer, ce qui la guérirait complètement… Eh bien, mes enfants, que dites-vous de ma fin ? » demanda Mme Minot en se tournant vers eux.

Jack et Frank étaient rayonnants, mais Jane s’était caché la tête dans son oreiller, et ne bougeait pas plus qu’une statue.

« Ce sera ravissant, dit Frank en se levant d’un bond pour aller auprès d’elle. Je vous apprendrai à nager, vous verrez. »

Jack, fou de bonheur, se glissa de l’autre côté du sofa :

« Nous ramasserons des coquillages, lui dit-il. Nous ferons des collections de goémons, et nous deviendrons forts comme des Turcs. »

Mais Jane ne bougeait toujours pas. Mme Minot fut inquiète de son silence.

« Êtes-vous contente, chérie ? » lui dit-elle doucement.

Pas de réponse.

« Est-ce qu’elle pleurerait par hasard ? » fit Jack en se penchant vers elle. Il écarta ses boucles brunes. Non ; elle ne pleurait pas, car ses yeux brillaient à travers ses doigts comme des escarboucles. Frank lui prit les mains, et sa figure apparut radieuse et comme transfigurée par le bonheur.

« Je ne pleure pas, dit-elle en riant de son rire musical, mais j’étais si surprise que je ne pouvais plus respirer. Je m’y attendais si peu ! Je croyais être infirme pour toute ma vie, et je ne vous en disais rien pour ne pas vous affliger. Quand est-ce que je sortirai ?

— Pas encore tout de suite, ma chérie, répondit Mme Minot. Il faudra encore quelques mois pour que vous puissiez marcher et courir comme autrefois, mais ne vous désolez pas de ce petit retard. Cela sera bien vite passé.

— Oh ! cela ne m’effraye pas, dit Jane. Je saurai bien attendre. Les mois ne sont pas des années. Puisque je dois être guérie un jour, c’est là l’essentiel !

— Chère mignonne, fit Mme Minot en l’embrassant. Vous avez eu là une rude épreuve, mais quand elle sera finie, vous verrez que vous n’aurez pas perdu votre temps. Je ne dis pas que vous soyez devenue parfaite, mais je prétends que la petite Jane qui sortira cet été de la chambre des oiseaux vaudra mieux que celle qui y fut déposée au mois de décembre.

— Vous avez été si bonne pour moi qu’il était impossible que je ne devinsse pas meilleure, dit Jane en tendant les bras à Mme Minot. M’avez-vous assez aidée ! ajouta-t-elle avec reconnaissance.

— Et vous aussi Jane, vous nous avez aidés. Nous sommes quittes, C’est ce que j’ai fini par faire comprendre à votre mère. Il est donc convenu que nous vivrons toujours ensemble, et qu’elle me prêtera sa petite Janette pour mon bonheur et pour le plus grand bien de mes fils. C’est une affaire terminée, mais là-dedans, c’est nous qui y gagnons. »

Mme Minot embrassa la petite fille avec une tendresse toute maternelle, et Jack s’écria :

« C’est bien vrai ! »

Frank ajouta d’un air de conviction :

« Nous ne pourrions plus nous passer de vous !

— Est-ce possible ! dit Jane surprise de ces témoignages d’affection. À quoi puis-je vous servir ? Je croyais que je ne pouvais rien faire et je tâchais seulement de vous montrer ma reconnaissance.

— On ne fait jamais en vain des efforts sérieux, dit Mme Minot. C’est comme les pluies du printemps qui font éclore des fleurs presque instantanément.

Vous ne nous avez pas dit les dons de l’ange Patience, interrompit Jack,

— Ses trois dons sont le Courage, la Gaieté et l’Affection, répondit sa mère. Avec cela on fait des miracles.

— Est-ce que vraiment je ressemble un tout petit peu à votre bonne Lucy ? demanda Jane à demi-voix. Je ne croyais pas y avoir réussi,

— Vous lui ressemblez beaucoup, ma chérie. Il n’y a qu’un seul point sur lequel vous différez : Lucy a été malade toute sa vie, et vous, vous serez guérie avant peu. »

Cette réponse satisfit pleinement la petite fille.

Le soir, avant de s’endormir, Jane se dit :

« C’est incroyable comme ils m’aiment tous ! Il faut croire que j’ai fait quelque chose pour eux, puisqu’ils me remercient et qu’ils veulent me garder, mais je ne vois pas du tout ce que ce peut être, à moins que ce ne soit d’avoir tâché d’être gentille et de les avoir aimés de tout mon cœur. »

C’était là le secret.