Traduction par Léon de Wailly.
À l’enseigne du pot cassé (p. 91-92).



CHAPITRE IV


INSTRUCTIONS AU COCHER


Vous n’êtes strictement tenu à rien qu’à monter sur votre siège, et à conduire votre maître ou maîtresse.

Que vos chevaux soient si bien dressés, que, lorsque votre maîtresse fait une visite, ils vous permettent de vous glisser dans un cabaret du voisinage pour vider un pot avec un ami.

Quand vous n’êtes pas d’humeur de sortir, dites à votre maître que les chevaux ont pris froid, qu’ils ont besoin d’être ferrés, que la pluie leur fait du mal, et gâte leur robe, et pourrit les harnais. Ceci s’applique également au groom.

Si votre maître dîne chez un ami à la campagne, buvez autant que vous pouvez ; car il est admis qu’un bon cocher ne mène jamais si bien que lorsqu’il est ivre ; et alors montrez votre habileté en passant à un pouce des précipices, et dites que vous ne menez jamais si bien que lorsque vous êtes ivre.

Si vous voyez qu’un gentleman ait envie d’un de vos chevaux et qu’il soit disposé à vous en donner quelque chose au-delà du prix, persuadez à votre maître de le lui vendre, et dites que la bête est si vicieuse que vous ne pouvez vous charger de la conduire, et qu’elle est fourbue, par-dessus le marché.

Chargez un gamin de veiller sur votre voiture, à la porte de l’église, les dimanches, afin de pouvoir vous réjouir vous et les autres cochers au cabaret, tandis que votre maître et votre maîtresse sont à l’église.

Ayez soin que vos roues soient bonnes, et faites-en acheter de neuves aussi souvent que vous pouvez, que l’on vous laisse ou non les vieilles comme profit : dans un des cas ce sera pour vous un gain légitime, et dans l’autre une juste punition de la ladrerie de votre maître ; et, probablement, le carrossier vous en tiendra compte.