Identification anthropométrique, instructions signalétiques/13

PREMIÈRE PARTIE

OBSERVATIONS ANTHROPOMÉTRIQUES

CHAPITRE PREMIER

Mesures d’ensemble à relever au moyen des graduations murales.

A. Taille. — B. Envergure. — C. Buste.

SECTION A

Mensuration de la taille (Pl. 5)

Premier temps.

1. — Le sujet étant pieds nus et adossé contre le mur, à 15 centimètres environ de la toise du côté de la graduation, lui faire prendre une position analogue à celle du soldat sans armes, telle qu’elle est définie dans les théories militaires : les talons réunis et touchant au mur, les pieds un peu moins ouverts que l’équerre et également tournés en dehors, les genoux tendus, le corps droit, d’aplomb et cambré sans excès, les épaules effacées et également tombantes, les bras pendant naturellement le long du corps, le cou tendu, le menton légèrement rentré, le regard horizontal.

2. — Chez les personnes voûtées, il résulte souvent de la position indiquée que le derrière de la tête ne touche plus le montant vertical qui porte la toise. Ce serait une faute de faire incliner en arrière les têtes de ce genre jusqu’au contact avec le mur gradué. On pourrait occasionner ainsi une diminution de plus d’un centimètre sur la longueur réelle.

3. — En règle générale : placer le sujet de manière à lui faire prendre sa hauteur maximum tout en veillant à ce que ses talons touchent à terre.

Deuxième et dernier temps.

4. — Le sujet étant correctement placé, de la main droite appuyer contre son ventre pour corriger, s’il y a lieu, un excès de cambrure ; en même temps, saisir de la main gauche l’équerre spéciale à double plan, la placer à quelques centimètres au-dessus de la tête du sujet la face chantournée en dessous, en la plaquant à la fois contre le mur et contre l’arrête saillante du mètre (côté de la graduation) ; la descendre vivement jusqu’au contact avec le sommet du crâne, en prenant comme guide la saillie formée par l’épaisseur du mètre ; puis, l’immobilisant au moyen d’une pression plus forte contre le mur, lire le chiffre de la graduation vis-à-vis le plan inférieur de l’équerre.

5. — Le plaquage de l’équerre contre la toise et sa descente sur la tête du sujet sont deux mouvements qui doivent être exécutés par l’opérateur rapidement et sans hésitation, afin d’arriver à surprendre l’individu mesuré avant que ce dernier n’ait eu le temps de modifier la position prise au premier temps.

6. — Si, malgré tout, on soupçonne quelque manœuvre de tassement, faire exécuter au sujet quelques pas au travers de la pièce avant de le replacer subitement sous la toise et de recommencer l’opération.

7. — La taille est de toutes les mesures du système la plus délicate, celle sur laquelle le sujet peut le plus facilement tricher. La moindre négligence dans la position décrite ci-dessus peut occasionner une différence de près d’un centimètre. La taille d’un même sujet est souvent d’une dizaine de millimètres plus élevée le matin, au saut du lit, que le soir. Enfin, le corps se tasse chaque année après vingt-cinq ans d’âge, quelquefois plus tôt. En supposant que toutes ces erreurs s’ajoutent dans le même sens, il faut tenir pour établi qu’un sujet d’âge adulte, métré à plusieurs années d’intervalle, peut présenter une diminution susceptible de s’élever à 2, et quelquefois même à 3 centimètres, ou une augmentation qui peut atteindre 1 centimètre.

8. — La hauteur de la taille se dicte en sous-entendant toujours l’indication 1 mètre qui accompagne nécessairement chaque taille et qui est imprimée sur les fiches et en énonçant séparément les centimètres et les millimètres (voir page 10, § 52).

9. — Mentionner les centimètres exactement, et les millimètres approximativement à une unité près, sans chercher une rigueur dont cette mesure n’est pas susceptible. Avoir soin néanmoins de ne pas se laisser entraîner à arrondir les chiffres : si l’équerre indique, par exemple, une mesure intermédiaire entre 1 m. 59 c. 8 m/m. et 1 m. 59 c. 9 m/m, ne pas dicter 1 m. 60 c. 0 m/m ; autrement dit, lire et dicter le chiffre de la graduation tel qu’il est indiqué en se gardant de lui faire subir aucune modification.

Remarques relatives à la mensuration de la taille.

10. — En dessous de la ligne consacrée à l’indication de la taille, on inscrit le degré de voûte du dos : 1, 2, 3 centimètres, ou des guillemets, quand la position est correcte, ce qui est le cas le plus fréquent.

11. — Par cette correction l’opérateur cherche à atténuer le manque de précision de la taille. Il marque 1 centimètre, quand l’individu est légèrement voûté ; 2, quand la voûte est plus accentuée ; 3, quand elle est très prononcée. Les chiffres 4 et 5 ne sont employés qu’exceptionnellement ; 6, 7, etc., ne peuvent convenir qu’à des bossus.

12. — L’opérateur en s’exerçant lui-même devant une toise à observer la diminution de taille qu’il produit en se voûtant plus ou moins, arrivera rapidement à une détermination suffisamment rigoureuse de ces indices.

13. — Ainsi la notation : taille, 1 m. 65.4 — voûte : 3, s’applique à un homme voûté auquel la toise donne une hauteur de 1 m. 65, mais qui, en d’autres circonstances, dans sa jeunesse ou en bonne santé, alors qu’il se tenait droit, ou voulait se tenir droit, aurait eu 3 centimètres de plus, soit 1 m. 68 à quelques millimètres près.

L’exemple suivant, au contraire : taille, 1 m. 68.2 — voûte, » (la rubrique voûte étant suivie de guillemets), s’applique à un homme se tenant suffisamment droit qui (les autres renseignements concordant), pourrait être le même que celui de l’exemple précédent.

14. — Ainsi l’observation de la voûte se relève à l'œil, sans l’aide ni de toise ni de décimètre. C’est un chiffre toujours centimétrique qui est transmis à l’employé chargé de faire les recherches dans la collection centrale, à titre d’indication, pour le prévenir que l’approximation ordinaire pourrait ne pas avoir été atteinte.

15. — Lorsqu’il y a lieu de soupçonner que la voûte est occasionnée volontairement par des manœuvres frauduleuses du sujet, on en fait suivre la rubrique, sur la formule signalétique, des lettres tr, abréviation de tricherie ou de tromperie. On signale de la même façon les tentatives analogues dont les reins et la cambrure du dos sont quelquefois le siège.

16. — Approximation. En tenant compte des corrections portées à la rubrique voûte, il y a commencement de faute de l’opérateur lorsque la divergence en dessus ou en dessous du chiffre vrai atteint 7 millimètres, et faute lourde lorsque l’écart dépasse 15 millimètres.