Identification anthropométrique, instructions signalétiques/12

VIII.

Manière de répondre aux rubriques sociologiques, d’origine et de date de la fiche signalétique

59. — En haut, à gauche, sous no, sont inscrits les numéros d’écrou et du répertoire spécial.

60. — A côté, le nom propre est écrit en bâtarde ou en grosse cursive de la hauteur indiquée par les pointillés. Les prénoms suivent, en écriture ordinaire, autant que possible dans l’ordre où ils figurent sur l’acte de naissance.

61. — La mention se disant inscrite à la plume[1] au-dessus de la rubrique des noms et prénoms, donne à entendre qu’il y a lieu de croire que les déclarations du détenu sont erronées et qu’il y aurait lieu de le rechercher dans le répertoire central de Paris.

62. — On signalera en-dessous, à la ligne des surnoms et pseudonymes, les faux noms pris antérieurement par le récidiviste et dévoilés par le répertoire central, ainsi que les divers sobriquets (de prison ou de vie libre) qui sont quelquefois appelés à jouer un rôle si important dans les instructions judiciaires.

63. — C’est intentionnellement que la date et le lieu de naissance figurent à la fois au recto et au verso des fiches. L’emploi des abréviations usitées pour la désignation des départements à mots composés est admis.

64. — Nous parlons de l’âge apparent immédiatement après la date et le lieu de naissance pour ne pas nous écarter de l’ordre des rubriques observé sur la fiche signalétique, quoiqu’il soit préférable de ne s’en occuper qu’en dernier, après avoir répondu au paragraphe des traits caractéristiques. Le jugement, très sujet à caution, que nous portons sur l’âge d’une personne, résulte en effet principalement de l’examen des rides de son visage, de son attitude et de son allure dont nous parlerons à la fin des renseignements descriptifs, mais sans qu’il en résulte des règles bien précises pour le point particulier qui nous occupe actuellement.

Quand l’âge apparent différera, d’une façon digne de remarque, soit de l’âge déclaré, soit de celui à déduire des actes de l’état civil, on inscrira vis-à-vis la rubrique le chiffre qui correspondra à l’impression perçue.

L’égalité ou la presque égalité entre l’âge réel (ou déclaré) et l’âge apparent du sujet s’exprime parle signe arithmétique égal (=) mis à la suite de la rubrique. C’est là le cas le plus ordinaire, celui qui doit figurer sur plus de la moitié des signalements relevés. Les différences minimes de 2 ou 3 ans sont toujours utiles à signaler aux environs de la vingtième année, au point de vue des obligations militaires.

65. — Il est répondu aux rubriques de filiation comme il est fait d’habitude, en distinguant avec soin les fils légitimes et légitimés des reconnus et des naturels. Un grand nombre de vérifications infructueuses aux registres d’actes de naissance n’ont pas d’autre cause que des confusions de ce genre. L’absence d’indications y relatives sera toujours interprétée comme signe de naissance légitime.

66. — Par profession nous entendons l’occupation ordinaire du sujet lorsqu’il est en état de liberté, et non son travail de prisonnier. Sans profession se marque s. p.

67. — La rubrique dernière résidence vise, autant que possible, le dernier domicile fixe et non l’hôtel de nuit où le sujet n’aurait fait que passer la nuit précédant son arrestation. L’abréviation s. d. signifie : sans domicile fixe.

68. — Ne noter les papiers d’identité dont un individu est porteur qu’après les avoir examinés de visu ; et si, pour une cause ou pour une autre, le sujet ne les porte pas sur lui, en indiquer le motif et dire notamment si l’énumération en est faite d’après les déclarations du sujet, ou copiée d’après une pièce authentique. La réponse sans papiers est inscrite abréviativement : s. pp.

69. — Les relations comprennent les noms des personnes honorables ou simplement avouables dont l’individu connaît les adresses précises et dont il pourrait au besoin se réclamer pour faire confirmer son identité : parents, frères, oncles ou tantes, femme légitime, enfants, anciens patrons, d’apprentissage ou autres, directeurs d’école, d’hôpital, ou fonctionnaires de tout ordre de l’administration pénitentiaire, ecclésiastiques, etc.

Toutes les fois qu’il y aura lieu, compléter les renseignements des deux rubriques précédentes par l’une des mentions : bien connu dans cette localité dont il est originaire, ou qu’il habite depuis 3, 5, 7 ou 10 ans et où il s’est marié, ou bien encore : bien connu du gardien X… qui l’a gardé antérieurement à… (nom de la prison) en 18… (désignation approximative de l’année), etc.

70. — Ce sont les services militaires accomplis qui sont visés par la rubrique y relative, beaucoup plus que la situation en cas de mobilisation, laquelle peut toujours se déduire aisément des données précédentes.

71. — Indiquer le nombre des condamnations antérieures en spécifiant la valeur de la plus forte. Si ces renseignements sont donnés d’après une copie du casier judiciaire, les faire suivre du mot casier placé entre parenthèses. Si au moment de la confection de la fiche on ne dispose pas d’autres moyens d’informations que des dires plus ou moins exacts du sujet, ajouter les lettres décl., abréviation de déclaration. Si le sujet n’a pas subi de condamnation avant celle à laquelle il est actuellement exposé (ou qu’il vient d’encourir), lui demander s’il a déjà été l’objet d’arrestation ou de détention, suivies de main levée ou de non-lieu. L’absence complète d’antécédents judiciaires ne s’exprime pas sur la fiche par le mot néant, mais au moyen des lettres j. a. (jamais arrêté).

72. — La ligne relative au lieu de la dernière des détentions antérieures ne demande naturellement à être remplie que lorsqu’il s’agit d’un récidiviste ayant déjà subi une arrestation avant la présente.

73. — Ne pas se contenter pour la spécification du délit ayant amené la détention actuelle de mentionner le fait délictueux tel qu’il est visé dans l’ordre d’écrou, mais indiquer en quelques mots le genre caractéristique auquel il appartient. Ainsi, pour le vol simple, on distinguera entre le vol de récolte sur pied, le vol à l’étalage, le vol dans les grands magasins, le vol au radin (ou de comptoir), le vol au rendez-moi la monnaie, le vol à la tire, etc. Ce dernier méfait, par exemple, étant toujours l’œuvre d’un repris de justice, on peut être assuré, a priori, qu’il y a dissimulation d’identité, toutes les fois que l’individu qui vient de s’en rendre coupable, se déclare sans antécédents judiciaires. Ainsi, les signalements dont la notice individuelle mentionne le délit de vol à la tire, de vol à l’américaine, etc., sont recherchés d’une façon toute particulière dans le répertoire central, tandis que les énoncés : abus de confiance, vol par salarié, etc., ne font l’objet, sauf avis spécial, d’aucun examen particulier.

On pourrait en dire autant pour les mille catégories diverses d’outrage et d’attentat à la pudeur. Rien de plus différent, au point de vue des dehors signalétiques de l’individualité, que le repris de justice pédéraste, l’ignoble débauché qui poursuit les enfants de l’un ou l’autre sexe, l’ivrogne qui, en satisfaisant un besoin naturel, commet un acte d’indécence plus ou moins involontaire, et l’exhibitionniste plus ou moins aliéné, etc.

74. — La dernière ligne du recto de la fiche est consacrée à la date et à l’indication du lieu où le signalement a été relevé. Les mois peuvent s’écrire en chiffres : 1er, 2e, 3e etc., en place de janvier, février, mars, etc. Le nom propre du gardien suivi des initiales de son prénom, vise l’agent mensurateur qui a réellement pris le signalement et non le fonctionnaire hiérarchiquement responsable. Le bureau central de Paris tient en effet un répertoire nominatif de tous les gardiens mensurateurs de France, en vue d’une surveillance de leur aptitude et de leur zèle. Leurs noms avec les preuves de leurs connaissances anthropométriques y sont enregistrés, au fur et à mesure que les occasions de vérification se présentent.

75. — Quand la ville où le signalement a été pris contient plusieurs prisons, ajouter au nom de la ville les lettres arr.corr.centrale, suivant que le lieu de l’opération est la maison d’arrêt, la maison de détention correctionnelle ou une maison centrale.

  1. Toutes les prescriptions, formules ou exemples soit à énoncer de vive voix, soit à reproduire à la plume sur les notices signalétiques se distinguent du texte général des présentes Instructions par leur impression en normande, tandis que les caractères égyptiens sont réservés aux prescriptions très importantes dont la non observation pourrait fausser entièrement le résultat cherché.