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HorizonsEugène Fasquelle (p. 116-117).

CIMETIÈRE


Inconcevable mort, j’ai lentement marché
Dans ton jardin et dans ta ville,
Et me suis réjouie à ton odeur subtile
De vieille pierre où pousse un bouquet maraîcher.

En une symétrie identique et parfaite,
Des gens se reposaient en toi ;
Une croix de granit leur sortait de la tête,
Et des fleurs sentaient bon le long de leur corps froid.

Comment me souvenir des soirs où ton mystère
Creusait mon cerveau fatigué,
Quand ainsi se berçaient tes emblèmes de verre
Sur ton rectangle étroit de marbre ou de buis gai ?


Je voulais rappeler tout bas tes heures hautes
De détresse et d’abstraction,
Et ma paume cherchait ta forme sur mes côtes,
Mais j’y sentais mon cœur battre sa passion,

Et les tombeaux montraient ma future paresse
Éternelle, et me donnaient tort ;
Mais mon cœur dans ma paume éclatait de jeunesse,
Et j’étais malgré tout plus forte que la mort.