Horizons/À ceux qui crient

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HorizonsEugène Fasquelle (p. 114-115).
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À CEUX QUI CRIENT


Ceux qui crient faussement la beauté de la vie
Pour ne s’entendre pas pleurer en vérité,
À ceux-là je le dis : Sachez en vérité
Que la mort est plus haute et belle que la vie !

La mort est éternelle et vous n’en parlez pas !
Moi, j’aime tant la mort que je suis comme l’Ange
De la Mort ; et pourtant je ne refuse pas
De vivre. Mais la mort est en moi comme un Ange.

Notre peu de beauté vient d’elle : Que vaudraient
Nos âmes, nos travaux, l’immortalité même
Des plus purs, si la vie n’était rien qu’elle-même ?
Sans la brièveté, nuls efforts ne vaudraient.


C’est la mort qui nous rend très grands quand nous le sommes.
L’animal ne sait pas qu’il meurt : nous le savons.
C’est là ce qui, de nous, fait les dieux que nous sommes…
Ô Tendresse ! Ô Pensée ! Ô Désir !… — Nous savons !

Silence à ceux qui crient la beauté de la vie
Pour ne s’entendre pas pleurer en vérité !
Je le leur dis : Sachez, sachez en vérité
Que c’est la Mort qui fait la beauté de la Vie !