Hokousaï (Goncourt)/Chapitre 35

Charpentier (p. 182-184).
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XXXV

En 1830, paraissent en planches séparées :

Hiakou monogatari, les Cent Contes : une série d’estampes fantomatiques, d’un caractère terrifique tout à fait extraordinaire, et dont il n’a paru que cinq planches, peut-être à cause de l’effroi qu’elles causaient.

La plus effrayante, c’est une lanterne fabriquée sur le modèle d’une tête de mort, avec les cheveux hérissés sur le haut de la tête, et flasques et pendants sur les tempes, avec les fibrilles de sang du blanc des yeux, avivés par la lueur intérieure de la lanterne, avec la couture ou le collage du papier, imitant d’une manière invraisemblable, les sutures d’un crâne ; et cette tête de mort, produit d’une imagination ingénieusement macabre, se détachant sur le bleu noir de la nuit.

Une autre estampe : une femme ogresse, aux cheveux ressemblant à une crinière, aux yeux demi-fermés remplis d’une noire prunelle, au nez busqué d’un bouc, aux crocs bleuâtres saillant des deux côtés d’une bouche, tachée de sang, à la main de squelette, avec laquelle elle tient, derrière son dos, une tête d’enfant qu’elle a commencé à dévorer.

Une autre estampe : une femme fantôme, soulevant une moustiquaire, où dort un sommeil tranquille, une femme, moitié à l’état de squelette, moitié à l’état anatomique dénudé de la peau, et dont les osselets de la main sont verts dans l’ombre, et couleur de chair dans la lumière.

Une autre estampe : une pâle tête de morte chevelue, à la bouche ouverte, d’où un soupir se dessine sur le ciel noir, comme le dessin d’un souffle sur de l’air glacé, et le haut du corps sortant d’un puits, formé comme des anneaux d’un serpent, et qui sont un enchaînement d’assiettes vertes. C’est l’apparition de la petite servante Okikou, dont j’ai raconté l’histoire dans la Mangwa.

Une autre estampe simplement allégorique, représentant la fiche d’un mort, la feuille où sont inscrites la date de sa naissance, la date de sa mort, avec au milieu son nom, et à côté, les bonbons apportés pour l’anniversaire de son décès, une feuille d’un bouquet tombée dans un bol, un présentoir, autour duquel s’enroule un serpent.