Histoire des Trois Royaumes/VII, VII
CHAPITRE VII.
I.
[ Règne de Hiao-Hien-Ty. Année 206 de J.-C. ] « Que signifie cet objet, demanda Tsao-Tsao quand il eut entre les mains le petit oiseau de cuivre jaune ? — Et Sun-Yéou à qui s’adressait cette question répondit : Jadis la mère de l’empereur Chun rêva qu’elle était enceinte d’un petit oiseau de jade, et elle mit au monde le fameux empereur Chun. Vous devez donc regarder comme un heureux présage la possession de cet oiseau de cuivre, et élever une haute tour en souvenir de cet événement fortuné. » Dans sa joie, le premier ministre ordonna la construction, sur les bords du fleuve Tchang-Ho, d’une tour qui fut appelée Tong-Tsio-Tay, la tour de l’oiseau de cuivre jaune[1]. Dès ce jour-la, des ouvriers furent occupés à creuser la terre, à couper des arbres, à façonner des tuiles et des briques polies, si bien qu’au bout d’une année l’édifice devait être achevé. Son second fils, Tsao-Tchy exposa que cette tour devait se composer de trois corps de bâtiments : « Le principal, celui du milieu, ajouta-t-il, conservera le nom de tour de l’oiseau de cuivre ; celui de gauche sera nommé Ku-Long, du dragon de jade, et celui de droite, Kin-Fong, du phénix d’or. » Il voulut encore deux ponts volants pour les réunir en l’air à une certaine élévation, ainsi, dans sa pensée, le dragon et le phénix (ces deux emblèmes de la majesté impériale) rendaient hommage au petit oiseau. Deux années devaient suffire à l’achèvement de ce travail. « Tu as raison, mon enfant, répondit Tsao-Tsao avec joie, cet édifice une fois achevé me réjouira dans mes vieux jours ! »
Ce jeune fils du premier ministre (son nom Tsao-Tchy, son surnom Tsé-Kien) était doué d’une intelligence précoce. A dix ans il excellait à écrire des compositions littéraires, et connaissait les livres canoniques. Qu’il s’agît de dialogues sur la morale, de vers ou d’art militaire, il pouvait tracer dix mille caractères sans faire une seule faute. Quand il avait achevé une composition littéraire, il était dans l’habitude de la présenter à son père qui lui répondait : « Tu es un enfant hors ligne ! Et l’enfant reprenait : Les paroles en sortant de la bouche forment un discours ; le pinceau en s’abaissant trace une composition littéraire ; regardez-moi bien en face !.. en quoi suis-je supérieur aux autres ? » Tsao aimait donc beaucoup ce jeune fils. On se rappelle qu’a la déroute qui suivit l’expédition contre Tchang-Siéou[2], il en perdit un du nom de Tsao-Ngan, qu’il avait eu de sa concubine Liéou-Ssé. Une autre de ses femmes, Pien-Ssé, lui en donna quatre : Pey, Tchang, Tchy et Hiong ; mais toute son affection se concentrait sur le troisième de ces quatre derniers. Il le laissa avec Tsao-Pey à Nié pour surveiller la construction des trois tours et leur confia à tous les deux la garde des frontières septentrionales à Tchang-Yen.
Les soldats de Youen-Chao, par leur soumission, avaient grossi son armée qui ne montait pas à moins de cinq ou six cents mille hommes. Il la ramena dans la capitale, donna à tous les mandarins qui s’étaient distingués dans cette campagne le titre de princes, et afin d’attirer sur la mémoire de son conseiller Kouo-Kia des honneurs posthumes, il adressa à l’Empereur la requête suivante :
« Voici ce que votre sujet a entendu dire : Louer les hommes fidèles, témoigner de l’affection aux sages, ce n’est certainement pas tout ce que l’on doit faire pour eux. Mais, en considération des mérites acquis, leur prodiguer des récompenses qui passent à leurs fils et à leurs petits-fils, voila ce à quoi ils ont droit. C’est ainsi que dans le royaume de Tsou, le titre de prince devint héréditaire chez les enfants de Sun-Cho ; ainsi quand Tsin-Pong fut mort, son rang se perpétua dans sa famille. Le défunt conseiller Kouo-Kia était le type du loyal et fidèle serviteur ; il avait un naturel vif et pénétrant. Dans les grandes délibérations, son avis devenait celui de toute l’assemblée ; il savait prendre un juste milieu, se tenir dans le droit et dans le vrai. Une fois en campagne, il donnait des plans qui n’ont jamais échoué. Durant dix années qu’il a servi dans nos guerres, soit en marche, soit au camp, il a accompagné votre sujet, galopant avec lui, auprès de lui sous la tente. A l’est, il s’est emparé de Liu-Pou ; à l’ouest il a capturé Kouei-Kou ; c’est lui qui a décapité Youen-Tan sur le champ de bataille, et rétabli l’obéissance dans les provinces septentrionales ; à travers les dangers d’une route impraticable il m’a aidé à soumettre les Tartares Ou-Hoan. La puissance de son génie s’est étendue jusque dans le Léao-Tong, et elle a fait tomber la tête de Youen-Chang. Quoique la puissance du ciel se soit visiblement manifestée (dans les événements), les ordres publiés pendant la campagne font ressortir cette vérité, que la ruine de nos ennemis est due tout entière aux mérites de Kouo-Kia.
« Au moment où il allait être présenté comme digne des plus hautes récompenses, il est mort jeune encore ! Le trône a perdu en lui le plus loyal des serviteurs ; ses collègues pleurent en lui une merveille que rien ne pourra remplacer !
« Donc, appréciant les mérites du défunt comme s’il vivait encore, accordant de plus grands bienfaits à celui qui n’est plus afin d’encourager ceux qui viendront, il faut conserver aux fils et aux descendants de Kouo-Kia les titres et dignités de celui-ci.
» Requête respectueuse. »
Kouo-Kia reçut le titre posthume de prince de Tching ; Tsao-Tsao fit élever dans sa propre demeure son fils Kouo-Y, qui fut instituteur de l’héritier présonptif ; mais il mourut jeune aussi, et son titre passa à son fils Kouo-Tchin, qui le transmit à son fils Kouo-Lié.
Marcher dans le sud contre Liéou-Piao, tel était le projet du premier ministre. Sun-Yéou lui objecta qu’à peine l’armée avait achevé sa campagne du nord ; avant de se remettre sous les armes et d’aborder une lointaine expédition, il lui fallait bien six mois de repos à lui et à ses troupes, après quoi Liéou-Piao et Sun-Kuen seraient facilement vaincus. Tsao-Tsao ne rejeta pas ce conseil ; il distribua ses soldats dans les campagnes en attendant que tout fût prêt pour cette nouvelle guerre.
Cependant Hiuen-Té, réfugié à King-Tchéou[3], y était traité par Liéou-Piao avec de grands égards. Un jour il se trouvait à table chez son hôte, quand, au milieu du banquet, la nouvelle arriva que deux généraux jadis ralliés à leur parti, Tchang-Hou et Tchin-Seng, — commettaient toute espèce de brigandage dans le pays de Kiang-Hia ; ils voulaient s’emparer de King-Tchéou et lever l’étendard de la révolte. « Si ces deux brigands secouent le joug, s’écria Liéou-Piao épouvanté, de grands malheurs nous menacent. — Frère, rassurez-vous, répliqua Hiuen-Té, je me charge de les réduire. » Trente mille hommes sont placés sous ses ordres ; il se met en marche, arrive le lendemain à Kiang-Hia, et là, rencontre les deux rebelles qui viennent lui offrir le combat. Debout, auprès de son étendard, il lance contre eux Kouan-Kong, Tchang-Fey (ses deux frères d’armes), et Tsé-Long. Tchang-Hou montait un cheval d’une beauté merveilleuse[4] : « Oh ! s’écria Hiuen-Té en l’apercevant, c’est là, à n’en pas douter, un coursier capable de faire cent lieues en un jour.... »
Il parlait encore que Tsé-Long[5] se précipitant au galop à travers les lignes, la lance au poing, renverse le chef ennemi, l’étend mort sur la place et ramène par la bride l’incomparable coursier. Déjà il rentrait dans les rangs, quand l’autre rebelle, Tchin-Seng, le voyant ravir cet animal précieux, s’est jeté sur ses pas.A son tour, Tchang-Fey pousse un cri terrible ; d’un coup de sa pique il abat Tchin-Seng, et l’armée des insurgés se disperse. La province se trouva ainsi pacifiée, grâce à Hiuen-Té, au grand avantage de tous les habitants des villes du Kiang-Hia.
Quand le vainqueur rentra avec ses divisions, Liéou-Piao vint le recevoir hors des murs de son chef-lieu. Un repas était servi dans le palais, et lorsque le vin eut mainte fois circulé autour de la table : « Mon jeune frère, dit Liéou-Piao, a véritablement raffermi ma puissance dans la province de King-Tchéou par son courage et ses rares talents... Mais, ce qui m’inquiète, ce sont, du côté du midi, les gens de Youé qui menacent toujours mes frontières ; et puis Tchang-Lou et Sun-Kuen me tiennent en échec. — Mes trois compagnons d’armes, les trois généraux de votre jeune frère, suffisent à la défense de ce territoire, répondit Hiuen-Té ; Tchang-Fey irait s’établir sur la frontière du royaume de Youé, au sud ; Kouan-Kong cantonné à Kou-Tsé tiendrait tête à Tchang-Lou ; Tsé-Long aurait sous sa main les trois Kiang, prêt a attaquer Sun-Kuen ; que pouvez-vous donc craindre ? »
Cette proposition causa une grande joie à Liéou-Piao. Mais Tsay-Mao[6], qui avait entendu ces paroles, rapporta à sa sœur aînée (Tsay-Fou-Jin), femme de Liéou-Piao, que Hiuen-Té allait faire occuper les frontières par ses trois frères d’adoption, afin de s'assurer la possession de tout le territoire de King-Tchéon ; qu'un jour de grandes calamités naîtraient de cet événement ; que cet hôte réfugié près d'eux était un ingrat et un traître, qu'on ne devait point lui confier la défense du pays .. — Aussi, la nuit suivante, celle-ci dit-elle a son mari : « J'ai appris que les gens de ce chef-lieu ont des rapports fréquents et intimes avec Hiuen-Té ; vous ne gagnerez rien à le garder dans votre capitale ; ce que vous avez de mieux à faire, c'est de l'éloigner. — Mais, objecta Liéou-Piao, mon jeune frère Hiuen-Té est un homme vertueux et probe ! — Ah ! répliqua Tsay-Fou-Jin, vous jugez les autres d'après votre propre cœur ? »
Ces insinuations tirent naître de la défiance dans l'esprit de Liéou-Piao Le lendemain étant sorti de la ville pour inspecter ses troupes, il aperçut Hiuen-Té monté sur un magnifique cheval, que bientôt il sut être celui qui avait appartenu à l'un des chefs rebelles. Il se mit à vanter ses qualités avec tant d'enthousiasme, que Hiuen-Té, devinant son désir, lui en fit présent à l'instant même ; et monté à son tour sur ce bel animal, il rentra tout joyeux dans les murs. Kouay-Youé[7] l'ayant rencontre, lui demanda d'où il tenait ce cheval ? — « C'est mon hôte qui me l'a donné, répondit-il. — Écoutez, répliqua le mandarin, mon frère aîné était très habile connaisseur en chevaux, et s'il est mort, il m'a légué un peu de sa science. Cet animal a au bas de l'œil comme un sillon tracé par une larme ; au milieu du front[8] il porte une tache blanche ; c'est ce qu'on appelle un cheval ty-lou[9]; ce genre d'animal porte malheur a son maître ; voyez, le chef des rebelles qui le montait a péri ... Ainsi, seigneur vous ferez bien de ne point vous en servir. »
Liéou-Piao, frappé de cette observation, invita le lendemain Hiuen-Té à un repas : « Je vous suis bien reconnaissant, lui dit-il, du cheval que vous m’avez donné hier, mais je réfléchis que vous pourrez en avoir besoin dans vos campagnes ; et comme je n’ai aucune affaire qui m’appelle au dehors, je vous le renvoie avec mille remerciements : montez-le toujours ! » Hiuen-Té qui s’était assis se leva par politesse, et son hôte reprit : « Mon excellent frère cadet, il y a longtemps que vous êtes inactif dans cette ville, je crains que vous n’oubliez vos projets belliqueux. Il y a dans le district de Hiang-Yang, une ville appelée Sin-Yé, qui rapporte beaucoup de revenus en argent et en grains ; vous pourriez, mon jeune frère, vous y retirer avec vos propres troupes, et je vous laisserais pour votre usage tout ce qu’elle produit.. »
À cette offre, Hiuen-Té répondit par des remerciements ; sans plus tarder, il se mit en marche pour la destination qui lui était assignée, avec ses propres soldats : Liéou-Piao en personne lui fit la conduite.
Or, comme ils venaient de se quitter, un homme s’approchant de Hiuen-Té, lui fit un profond salut et lui dit : « Ne montez pas ce cheval ! » Le héros regarde ce personnage et reconnaît Y-Tsy[10], conseiller intime de son hôte. « Et pourquoi, demanda-t-il en se jetant précipitamment à terre, pourquoi ne pas monter ce coursier ? — Hier, reprit le mandarin, j’ai entendu Kouay-Youé dire à mon maître que cette bête porte au front un signe fatal, et qu’il doit causer la perte de celui qui le monte. Voila pourquoi il vous a été rendu. — Docteur, dit le héros, je vous suis infiniment obligé de cette marque d’intérêt, mais une fois que l’homme est sur la terre, sa vie et sa mort, son bonheur et son malheur, tout cela dépend du ciel. Comment donc mon sort dépendrait-il d’un cheval. »
Le conseiller Y-Tsy admira cette réponse, et depuis lors il se lia plus intimement avec Hiuen-Té. Celui-ci arriva bientôt à la ville de Sin-Yé, où il remit toutes les affaires sur un nouveau pied, à la satisfaction générale des habitants. On était alors au printemps de la 12° année Kien-Ngan (207 de J.-C.) Une des femmes de Hiuen-Té, Kan-Fou-Jin, accoucha d’un fils qui fut Liéou-Chen ; pendant la nuit, une cigogne[11] blanche vint se percher sur le toit du palais, puis après avoir jeté quarante fois son cri, prit son vol du côté de l’ouest. Les soldats qui étaient de garde virent tous dans cet événement un pronostic extraordinaire. De plus, au moment où l’enfant sortit du sein de sa mère, tout l’hôtel fut inondé d’un parfum céleste qui ne cessa de se faire sentir tant que dura la lune. Une nuit, Kan-Fou-Jin avait cru recevoir en elle l’étoile polaire, aussi appela-t-elle cet enfant Ouo-Téou[12].
Or, au temps où Tsao-Tsao s’engageait dans son expédition au nord de la Chine, Hiuen-Té, retiré a King-Tchéou[13], près de Liéou-Piao, avait conseillé à celui-ci de profiter de ce que le premier ministre, emmenant toutes les troupes de l’Empire dans cette guerre lointaine, laissait la capitale dégarnie : avec des soldats levés dans le King-Tchéou et dans le Hiang-Yang, il suffisait d’attaquer la résidence de la cour pour s’en rendre maître. Ainsi s’accomplirait le projet depuis si longtemps poursuivi. « Il me suffit de posséder ce petit état indépendant[14], répondit Liéou-Piao, pourquoi formerais-je de plus ambitieux desseins ! » Hiuen-Té n’avait rien dit ; mais bientôt, convié par son hôte à une collation dans les appartements intérieurs du palais, il s’aperçut que celui-ci, vers la fin du repas, poussait de profonds soupirs. « Frère aîné, lui demanda-t-il, quel chagrin vous oppresse ? — J’ai dans le cœur des choses difficiles à exprimer, » répondit Liéou-Piao ; et bien que Hiuen-Té insistât pour savoir ce qu’il avait dans l’âme, au lieu de répondre, il se retira de la table, parce que sa femme Tsay venait d’entrer dans la salle.
Cependant, Hiuen-Té, établi dans sa petite ville de Sin-Yé, s’entretenait chaque jour avec les sages des affaires de l’Empire. L’hiver de cette même année, ayant appris que Tsao-Tsao revenait de Liéou-Tching[15], il regrettait amèrement que Liéou-Piao n’eût point partagé ses projets, quand tout-à-coup arriva un exprès envoyé par celui-ci. Il rappelait au plus vite près de lui (à King-Tchéou) Hiuen-Té qui partit avec le courrier même, et fut reçu par son ancien hôte dans son propre palais : « Voici que Tsao-Tsao rentre dans la capitale avec une armée de six cents mille hommes, s’écria Liéou-Piao ; ses forces s’accroissent de jour en jour ; à n’en pas douter, c’est à nous qu’il en veut maintenant. Naguère j’ai rejeté vos sages conseils, et par suite, j’ai laissé échapper une occasion qui ne se représentera plus !… »
« Elle pourra revenir dans ces jours de guerre civile qui amènent sans cesse des circonstances nouvelles, reprit HiuenTé, tout n’est donc pas perdu ; seulement il faut se tenir prêt à profiter des chances qui s’offriront. « Liéou-Piao, admirant la justesse de cette réponse, échangea de nouveau quelques coupes de vin avec son hôte ; puis ses larmes commencèrent à couler avec une telle continuité, que Hiuen-Té s’empressa de l’interroger encore sur les causes de cette douleur impossible à contenir : « Ces jours passés, répondit-il, j’ai voulu m’ouvrir à vous, mais l’occasion m’a manqué et je me suis tû.. Cependant vous êtes pour moi un proche parent[16] ; c’est ce qui me décide à vous faire une confidence. — Si mon frère aîné éprouve quelque embarras, qu’il s’ouvre à moi… Voyons, parlez librement, et si vous avez besoin de Hiuen-Té, dût-il braver la mort, il est la, prêt à vous aider ! »
« De Tchin-Ssé, ma première femme, j’ai eu un fils nommé Liéou-Ky, excellent garçon à la vérité, mais doué de peu de moyens et incapable de porter le poids des affaires. Tsay-Ssé, ma seconde femme, m’en a donné un autre, Liéou-Tsong ; celui-la possède une rare intelligence ; je voudrais donc, au détriment de l’aîné, choisir le cadet pour héritier de mes états. La crainte d’aller contre les lois établies me retient cependant, mais d’autre part, si j’appelle au trône mon fils aîné, je suis certain de causer un jour de grands désordres dans mes états, parce que les parents de ma seconde femme ont en main l’autorité militaire ; tout cela fait que je ne puis prendre une décision. — Dans tous les temps, reprit Hiuen-Té, l’élévation des cadets au préjudice du fils aîné, a causé de graves désordres ; si l’autorité que possèdent les créatures de votre seconde épouse vous fait ombrage, retirez-leur peu à peu le commandement des troupes, plutôt que de léguer les droits de succession à votre jeune fils, en cédant à une coupable faiblesse. »
Liéou-Piao garda le silence ; mais la mère de ce second fils (Tsay-Fou-Jin), cachée derrière un paravent, avait tout entendu : aussi voua-t-elle une haine implacable à Hiuen-Té. Celui-ci, comprenant le mauvais effet qu’avait produit sa réponse, se leva aussitôt pour passer dans un cabinet voisin ; quelque chose qu’il découvrit sur sa propre personne, lui arracha des soupirs et des larmes qu’il ne put réprimer. Aussi, quand, rappelé dans la salle du festin par son hôte, il y reparut les yeux humides de pleurs, celui-ci lui demanda la cause de son chagrin : « Pendant bien longtemps, répondit-il, je n’ai pas quitté la selle de mon cheval, de telle sorte que la chair de mes cuisses avait disparu. Maintenant que je ne me livre plus au même exercice, cette chair a repoussé ; peu a peu les jours et les mois se succèdent, la vieillesse approche[17] ; je ne puis acquérir ni gloire, ni position élevée, et voila ce qui m’afflige ! »
« J’ai entendu dire que quand mon jeune frère était dans la capitale, Tsao-Tsao l’avait invité à boire du vin chaud[18] et à goûter des pêches, et que là, il avait été question des héros de l’Empire. Mon jeune frère, rapporte-t-on, avait cité tous les grands hommes de notre temps, mais Tsao-Tsao secouant la tête à chaque nom, avait dit : Sur toute la surface de l’Empire, il n’y a que deux personnages vraiment supérieurs, votre seigneurie et moi ! Et quoique ce puissant ministre compte sous ses ordres quatre cents mille soldats, il n’est qu’un usurpateur qui opprime Sa Majesté pour mieux dominer les grands, et avec tout cela il n’ose se mettre au-dessus de vous ! Pourquoi donc vous plaindre de votre position ? »
À ces mots le héros leva sa coupe et répondit fièrement : « Si Liéou-Hiuen-Té joue un si grand rôle, pourquoi s’inquièterait-il de voir dans l’Empire tant de gens nuls et incapables[19] ! »
Cette réponse fit pâlir Liéou-Piao ; elle était trop hardie, et Hiuen-Té qui le sentit aussitôt, se levant de table comme s’il eût été échauffé par le vin, retourna à son hôtel. Si Liéou-Piao n’avait rien dit, il n’en était pas moins fort irrité ; aussi sa femme, Tsay-Fou-Jin, qui le vit sombre et silencieux, lui dit : « J’étais tout à l’heure derrière le paravent et j’ai recueilli les paroles de votre ami ; il est clair qu’il a l’intention d’usurper vos états : ne traite-t-il pas les autres comme des brins de paille ! Si vous ne vous débarrassez pas de lui, il causera la ruine de notre postérité... » Et comme Liéou-Piao, sans rien dire, secouait la tête d’un air triste, devinant la pensée de son mari, elle appela aussitôt son jeune frère Tsay-Mao, pour s’entendre avec lui sur l’affaire qui l’occupait. Celui-ci exposa que Hiuen-Té, désireux de s’élever au-dessus de tous ses rivaux, nourrissait très certainement le dessein de s’emparer quelque jour du King-Tchéou ; qu’y avait-il de mieux à faire que de l’assassiner tout d’abord dans son hôtel, quitte à en avertir Liéou-Piao immédiatement après l’exécution du projet ?
« C’est une affaire qui demande de grandes précautions, répliqua Tsay-Fou-Jin ; ne vous hâtez pas trop... » Tsay-Mao sortit à l’instant pour mettre ses troupes sur pied ; heureusement, Y-Tsy[20], sachant qu’il méditait la mort de Hiuen-Té, courut au milieu de la nuit avertir le héros de s’éloigner. « Mais, répondit celui-ci, puis-je partir sans prendre congé ?... — Si vous vous arrêtez pour remplir ce devoir de politesse, reprit le mandarin, vous périrez sous les coups de Tsay-Mao ; je vous parle dans votre intérêt. »
Avant le jour, Hiuen-Té trottait à cheval par les chemins, et quand le traître arriva à son hôtel pour le surprendre, il ne le trouva plus. Dans sa rage, il imagina d’écrire sur la muraille quelques vers, puis courant chez Liéou-Piao : « Tenez, s’écria-t-il, votre hôte avait bien l’intention de se lever contre vous ; la preuve, c’est que sans prendre congé, il est parti en laissant inscrits sur la muraille des vers qui trahissent sa pensée. »
Liéou-Piao refusait d’ajouter foi à cette déclaration ; il se rendit donc à l’hôtel pour s’assurer du fait par ses propres yeux.... Sur la muraille, en effet, il lut les quatre lignes que voici :
« Depuis des années je me consume à veiller à la défense de cette province,
» Devant mes yeux s’étendent et coulent les vieux monts et les vieux fleuves (qui ne sont rien pour moi !
» Le Dragon est-il confiné au fond d’un fossé ?
» Non ; il attend, endormi, le vent et le tonnerre, pour reprendre son vol vers les cieux !
« Ah ! s’écria Liéou-Piao plein de colère, en tirant son sabre, je jure d’égorger ce traître ! — Puis, après avoir marché l’espace de quelques pas, il fit cette réflexion : J’ai vécu longtemps avec Hiuen-Té, et je ne me suis jamais aperçu qu’il ait composé des vers ! Certainement ceux-ci sont d’un autre que lui, de quelqu’un qui veut semer entre nous la division par des mensonges. » Il rentra donc dans l’hôtel, effaça les vers avec la pointe de son sabre, et jetant son arme loin de lui, il remonta à cheval. « J’ai là des soldats tout prêts, lui dit Tsay-Mao ; allons a Sin-Yé arrêter le fugitif ! — Non, reprit Liéou-Piao, j’ai d’autres desseins. » Et le mandarin, alarmé de cette indécision, retourna secrètement auprès de sa sœur pour s’entendre avec elle. « Voici que le grain arrive de toutes parts dans les greniers, disait-il, ne serait-il pas bon de rassembler a Hiang-Yang tous les personnages influents du pays, et de choisir cette réunion pour l’accomplissement de nos projets ! — Vous avez l’autorité en main, répondit-elle ; est-il besoin de m’interroger ? » Dès le lendemain, Tsay-Mao, paraissant devant Liéou-Piao, lui fit part de cette idée ; la récolte étant achevée, ce serait le cas d’appeler à Hiang-Yang les grands de la province, pour une partie de chasse dont tous les préparatifs étaient déjà faits ; les cavaliers allaient se trouver à leur poste, il ne manquait plus que Liéou-Piao lui-même.
« Cela m’est impossible, répondit celui-ci, je me sens indisposé depuis quelques jours ; appelez mes deux fils et qu’ils fassent les honneurs de la fête. — Ils sont encore jeunes, objecta le mandarin, je craindrais que ce ne fût manquer aux rites et aux convenances, et surtout à la coutume qui prescrit d’adresser aux convives, en cette circonstance, des félicitations et des encouragements... — Eh bien, vous avez ici près, à Sin-Yé, mon frère adoptif Hiuen-Té ; confiez-lui ce soin. » « Bon, pensa Tsay-Mao, voilà qui sert mes projets à merveille ! » Et il invita Hiuen-Té à la réunion.
II.[21]
Cependant, Hiuen-Té regrettant les propos inconsidérés qu’il avait tenus, n’osait plus voir personne. Quand les exprès, arrivés à Sin-Yé, vinrent le convier à la fête, il promit de s’y rendre, mais un des assistants s’écria : « Seigneur, restez, si vous ne voulez pas vous attirer de grands malheurs ! » Cette exclamation troubla tous les mandarins, et comme le héros faisait ses préparatifs de départ, Sun-Kien lui dit : « Seigneur, j’entends dire depuis plusieurs jours que vous êtes agité, et que quelque chagrin pèse sur votre cœur ; votre humble serviteur a réfléchi que vous aviez rapporté cette tristesse de King-Tchéou. La fête d’aujourd’hui, je le crains, cache quelque piége ; j’ose donc vous conseiller de n’y pas aller »
Là-dessus, Hiuen-Té raconta devant tous ses officiers ce qui s’était passé naguère. « Frère, dit Kouan-Kong, le souvenir de ces paroles hasardées vous trouble ; je ne crois pas cependant que Liéou-Piao puisse formuler contre vous aucun grief ; il ne faut pas ajouter foi si facilement aux propos du premier venu. La ville de Hiang-Yang est peu éloignée d’ici ; si vous vous abstenez de paraître à la réunion, il se pourra, au contraire, que votre hôte conçoive quelque soupçon. » Ce conseil semblait très sage à Hiuen-Té, mais Tchang-Fey s’écria que le banquet cachait une perfide invitation, que cette réunion n’était qu’un prétexte[22]. « Frère, frère, n’allez pas, n’allez pas ! » ajouta-t-il, et Tsé-Long déclara qu’il emmènerait trois cents soldats pour mettre leur maître à l’abri de tout péril.
« Si Tsé-Long est avec nous, je ne crains rien ! » dit le héros, et ce jour-la même il partit. Quand il arriva au lieu fixé, distant à peine de sept lieues de sa petite ville de Sin-Yé, Tsay-Mao vint le recevoir avec tant de démonstrations de politesse et d’égards, qu’il perdit tout soupçon. Les deux fils de Liéou-Piao se portèrent ensuite à sa rencontre accompagnés des officiers civils et militaires les plus distingués de la province[23], et à la vue des deux enfants de son hôte, le héros se sentit encore plus rassuré. Dès son arrivée, on le pria de descendre dans l’hôtel qui lui était préparé, et que Tsé-Long, par précaution, eut soin d’entourer avec ses trois cents soldats : le jeune guerrier lui-même, revêtu de sa cuirasse, et le sabre au côté, se tint constamment à portée de secourir son maître.
« Mon père, empêché par une indisposition réelle, ne pourra assister à cette fête, dit Liéou-Ky[24] ; je viens en son nom inviter mon vénérable oncle à la présider en son absence. Ce sera pour tous les mandarins qui gouvernent les districts de la province un bonheur de recevoir de sa bouche des félicitations et des encouragements. — De mon propre mouvement, répondit Hiuen-Té, je n’oserais accepter cet honneur, mais les volontés de mon frère adoptif sont des ordres pour moi ! »
Le lendemain, on annonça l’arrivée des gouverneurs des quarante-deux villes comprises dans les neuf districts (soumis à Liéou-Piao), et Tsay-Mao courut dire à Kouay-Youé[25] : « Hiuen-Té est le héros du siècle ; un jour il causera la ruine de notre pays ; voici l’occasion de nous défaire de lui. — Je craindrais de nous aliéner le peuple et les troupes, objecta le mandarin ; n’en faites rien ! — Mais j’ai déja parlé secrètement de cette affaire avec Liéou-Piao. — Dans ce cas, au moins, prenez bien vos mesures ! »
Elles étaient bien prises ; Tsay-Mao, comme il le lui expliqua, avait apposté à la porte de l’est, sur la grande route des monts Hien-Chan, cinq mille hommes commandés par son jeune frère Tsay-Ho ; trois mille hommes aux ordres de Tsay-Tchong occupaient la route ouverte devant la porte du sud. Celle du nord était gardée par un autre de ses frères cadets nommé Tsay-Hun, qui avait avec lui trois mille soldats : « Quant à la porte de l’ouest, ajouta-t-il, il n’est pas besoin de l’occuper : elle est très suffisamment défendue par la rivière Tan-Ky ; eût-il cent mille soldats avec lui, je le mettrais bien au défi de la franchir. »
« Je remarque que Tsé-Long ne le quitte pas d’un instant, reprit Kouay-Youé, ce qui rend la chose plus hasardeuse ! — Cinq cents hommes ont été par mes soins embusqués en dedans des murs, » répondit Tsay-Mao. « Bien entendu que nous le prendrons vivant, puis nous avertirons Liéou-Piao : gardons-nous de le tuer sur le coup ! Hors de la salle du repas il faudra préparer un banquet spécial pour les mandarins militaires ; Wen-Ping et Wang-Vey s’y trouveront ; c’est dans cette pièce qu’ils attireront Tsé-Long, et alors... nous agirons ! »
Tsay-Mao l’assura qu’il avait déjà tout prévu. Ce jour-la, on immola un bœuf et un cheval, et quand le grand banquet fut prêt, on alla chercher Hiuen-Té. Celui-ci montait le fameux cheval Ty-Lou, car il affectionnait beaucoup cet animal et ne faisait pas un pas sans lui[26]. Dans cette circonstance, il suivit à cheval la rue qui conduisait au palais, et fit conduire son coursier par la bride, dans le jardin, derrière l’édifice, où on l’attacha. Tous les mandarins étaient assemblés dans la grande salle ; assis à sa place d’honneur le héros avait à ses côtés les deux fils de Liéou-Piao, les autres conviés s’étant rangés autour de la table selon leurs grades et leurs dignités : quant à Tsé-Long, il se tenait debout près de son maître, le sabre à la ceinture.
Trois fois le vin avait circulé, lorsque les deux généraux chargés de ce rôle, invitèrent le jeune guerrier à passer dans la salle voisine ; mais il s’y refusa obstinément, si bien que Hiuen-Té lui-même l’en pria de manière à ce qu’il dût obéir, Tout autour du palais, Tsay-Mao avait établi comme un cercle[27] de fer, et les trois cents hommes qui servaient d’escorte au héros venaient d’être renvoyés à l’hôtel. Le traître attendait que le vin eût produit quelque effet, pour donner le signal. Ce fut alors que Y-Tsy[28], levant sa coupe, vint se placer devant le héros comme pour la lui offrir et sembla, d’un mouvement de l’œil, l’inviter à changer de vêtement. Hiuen-Té, devinant sa pensée, se hâta de sortir après qu’il eut vidé la coupe, sous un prétexte quelconque... Son ami, qui l’attendait dans le jardin, lui dit à l’oreille : « Les quatre portes de la ville sont gardées, à l’exception d’une seule, celle de l’ouest. »
Hiuen-Té tout hors de lui détache son coursier, ouvre la porte du jardin et sort ; sans regarder s’il est suivi, il galope comme le vent jusqu’à la porte de l’ouest. Interrogé par les gardes[29], il répond que le vin l’accable. Personne ne pouvant l’arrêter, le chef du poste se hâte d’avertir Tsay-Mao qui, à la tête de cinq cents cavaliers, se lance à la poursuite du fugitif.
Cependant, à peine le héros est-il hors des murs, qu’il aperçoit tout près de lui une large rivière qui lui barre le chemin. C’était la rivière Tan-Ky[30], large de dix coudées, aux flots remplis de tourbillons ; il reconnaît, en approchant de ses bords, qu’elle est infranchissable, et veut tourner bride. Mais derrière lui accourent cinq cents cavaliers bien armés ; à leur tête paraît Tsay-Mao ; tous le poursuivent...
« Je suis perdu ! » s’écrie le héros ; revenu sur les bords de la rivière, il jette un regard en arrière... Déjà les cavaliers approchent. Alors il lâche la bride à son cheval qui plonge dans les flots ; à peine l’animal a-t-il fait quelques pas, que les pieds de devant s’enfoncent dans les tourbillons ; Hiuen-Té qui sent ses vêtements pleins d’eau, l’excite du fouet et de la voix : « TyLou, Ty-Lou ! est-ce aujourd’hui que tu porteras malheur à ton maître !... Courage, fais effort !!.. » A ces mots, le coursier se relève du sein des flots, et d’un bond incommensurable[31], il atteint, comme s’il eût des ailes, la rive occidentale.
Il semblait que Hiuen-Té émergeât du milieu des nuages et des brouillards ; après avoir gagné la rive occidentale, il se tourna vers l’autre bord et entendit Tsay-Mao qui, après l’avoir poursuivi jusqu’au fleuve avec ses cinq cents cavaliers, lui criait : « Seigneur, pourquoi donc avez-vous déserté le banquet ? — Aucun motif de haine n’existait entre nous, répliqua le héros, pourquoi en vouliez-vous à ma vie ? — Jamais pareille pensée n’est entrée dans mon cœur, dit le traître mandarin ; seigneur, n’écoutez pas les mensonges de gens mal intentionnés ! » Et Hiuen-Té s’aperçut qu’en parlant, son ennemi se préparait à poser une flèche sur la corde de son arc ; il lança donc son cheval au galop dans la direction de Nan-Tchang.
« En vérité, s’écria Tsay-Mao en se tournant vers ses officiers, les esprits le protégent !.. » Et n’osant se jeter dans les eaux pour le suivre, il revint dans la ville.
- ↑ Le texte chinois de la petite édition appelle alternativement tour et galerie, cet édifice que nous pourrions appeler une pagode dans le sens vulgaire du mot.
- ↑ Voir plus haut, page 24. L’édition in-18 fait remarquer que cette faiblesse pour des enfants cadets se retrouve chez les trois principaux personnages de cette histoire. On l’a notée déjà dans Youen-Chao ; elle se montre ici dans Tsao-Tsao ; nous allons la rencontrer plus tard dans Hiuen-Té, sans parler de Liéou-Piao chez qui elle se trahit également.
- ↑ Voir plus haut les circonstances de la retraite de Hiuen-Té près de Liéou-Piao, page 257 et page 262.
- ↑ Par allusion au monument que Tsao-Tsao venait de faire élever sous l’invocation d’un oiseau, le texte in-18 dit en note : « Tsao se réjouissait d’avoir trouvé un moineau mort ; Hiuen-Té au contraire se réjouit à la vue d’un cheval vivant.
- ↑ Voir sur ce personnage, ami dévoué de Hiuen-Té, l’un des héros du roman, le vol. I°, page 112 ; et plus haut, page 260.
- ↑ Voir plus haut (page 331) les raisons de l’inimitié qui existait entre Tsay-Mao et Hiuen-Té.
- ↑ Voir ce qu’étaient ce personnage et son frère ; vol. I°, l. II, ch. II.
- ↑ Les Persans et les Musulmans de l’Inde attachent aussi une idée superstitieuse à cette lune sur le front que nous apprécions assez en Europe ; on en trouve des preuves dans les petits poêmes Persans et Hindoustanis les plus répandus.
- ↑ Ces deux mots ne sont ici que des caractères phonétiques, ils expriment l’idée énoncée plus haut, celle d’un cheval qui porte une touffe de poils blancs sur le milieu du front. Voir le dictionnaire de Khang-Hy au caractère Lou (Bas'. 6578).
- ↑ Sur surnom honorifique Ky-Pé, il était originaire de Chan-Yang.
- ↑ L’oiseau que Tsao-Tsao regarda comme un pronostic si favorable, sortait de la terre ; cette cicogne venait du ciel ! » (Note de l’édition in-18.).
- ↑ De son petit nom ; ces deux mots signifient quelque chose comme une exclamation de louange adressée à l’étoile du nord.
- ↑ Cette province était une partie du Ssé-Tchouen actuel. Les événements rapportés ici sont antérieurs au départ de Hiuen-Té pour Sin-Yé.
- ↑ Littéralement : les neuf Tchéou.
- ↑ C’est-à-dire de son expédition dans le nord.
- ↑ On a vu plus haut qu’ils se regardent comme frères par adoption. D’ailleurs il suffit en Chine de porter le même nom pour être parent.
- ↑ « Les larmes de Liéou-Piao provenaient d’une faiblesse de petite fille ; les larmes de Hiuen-Té provenaient d’une énergie de héros. » (Note de l’édition in-18.)
- ↑ Voir plus haut, page 121, la conversation à laquelle il est fait allusion dans ce passage.
- ↑ L’édition in-18 dit en note : « En présence de Tsao-Tsao, Hiuen-Té s’était appliqué à rester humble et à s’amoindrir ; en face de cet hôte (timide et incapable, trop dénué d’ambition) il ose se montrer sous les couleurs héroïques qui lui conviennent. » Ces rapprochements que nous notons au passage, servent à mieux faire comprendre, nous le croyons du moins, l’habileté du romancier chinois ; si on les néglige, le long dialogue n’est plus qu’une insignifiante série de demandes et de réponses.
- ↑ Voir plus haut, page 390.
- ↑ Volume III, livre VII, page 117 du texte chinois-mandchou.
- ↑ Littéralement : « Ce banquet n’est pas un bon banquet, cette réunion n’est pas une bonne réunion. » L’auteur aime à mettre des paroles simples et vives dans la bouche de Tchang-Fey, toujours ardent et emporté.
- ↑ A savoir : Wang-Tsan, Fou-Sun, Wang-Vey, Wen-Ping, Teng-Y, Liéou-Sien.
- ↑ Le fils aîné de Liéou-Piao. Il appelle le héros son oncle, parce que celui-ci a échangé avec son père le nom de frère.
- ↑ Voir plus haut, page 389.
- ↑ Voir plus haut, page 389.
- ↑ Littéralement : avait disposé le dehors comme un sceau de fer.
- ↑ Voir plus haut, page 390.
- ↑ Il s’agit ici du corps de garde placé à toutes les portes des villes.
- ↑ Elle se jette dans le Hiang Kiang. Le mot employé ici en chinois signifie une rivière torrentielle, encaissée.
- ↑ Le texte dit qu’il fit un bond de trente pieds !